[CRITIQUE] Mosquito State – raid Dingue

Dans l’univers des festivals de cinéma, Filip Jan Rymsza, cinéaste d’origine américano-polonaise, s’est distingué en menant à bien l’achèvement en 2018 du film inachevé d’Orson Welles, De l’autre côté du vent. Ce long-métrage, une exclusivité Netflix, a brillé lors de sa première cette année-là, accompagné d’un autre projet de Welles produit par Rymsza, le documentaire HOPPER / WELLES. Le film, à la fois effrayant et intellectuellement stimulant, tranche radicalement avec l’œuvre habituelle de Welles, tout en pouvant être qualifié de Citizen Kane des films sur les insectes de Wall Street, par son audace et son étrangeté.

Unique en son genre, Mosquito State dépeint un protagoniste dont l’obsession malsaine pour les insectes volants et piqueurs lui permet de développer un modèle analytique complexe pour prévoir les fluctuations des marchés financiers. Bien que difficilement compréhensible sur le papier, le film réussit à pénétrer sous la peau du spectateur, offrant des moments d’une beauté troublante. Beau Knapp offre une interprétation remarquable du personnage principal, Richard Boca, un analyste dont la richesse découle d’un programme basé sur l’étude des abeilles. Vivant dans un appartement luxueux à New York, il se révèle plus à l’aise dans son isolement que dans les interactions sociales.

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Se déroulant à l’été 2007, juste avant la crise financière, le film suit Richard dont les modèles financiers commencent à se comporter de manière inexplicable. Ignoré par ses collègues, Richard trouve des indices dans un moustique qui s’infiltre chez lui, et dans les milliers d’œufs pondus dans son verre d’eau. Les images de l’évolution des moustiques et la musique de Cezary Skubiszewski ajoutent une dimension perturbante au récit.

Le film prend un tournant surréaliste lorsque Richard, plutôt que de recourir à la logique conventionnelle, décide de baser ses modèles analytiques sur les mouvements des moustiques. Se transformant en hôte pour ces insectes, son apparence et son comportement deviennent grotesques et troublants. En dépit de sa folie grandissante, Rymsza maintient l’intrigue, alternant entre plans dérangeants et une musique envoûtante.

Surprenant, Mosquito State trouve finalement une beauté étrange dans le grotesque, mélangeant horreur et lyrisme dans la vision déformée de Richard. Bien qu’il perturbe et déroute, le film réussit à captiver par sa singularité et son esthétique inattendue, offrant une perspective unique sur un homme et son amour excessif pour les insectes.

Mosquito State de Filip Jan Rymsza, 1h40, avec Beau Knapp, Charlotte Vega, Jack Kesy – Prochainement

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