[CRITIQUE] Levante – L’évènement brésilien

Levante, signée Lillah Halla, narre avec émotion le périple déchirant de Sofia, une jeune athlète de volleyball brésilienne confrontée à une grossesse non souhaitée, dans un pays où l’IVG demeure interdite. Le film révèle avec une finesse saisissante la solidarité féminine et la résilience collective face aux pressions conservatrices, usant du cadre sportif pour transcender le simple jeu et mettre en lumière un combat bien plus vaste.

Sofia, incarnée par la talentueuse Ayomi Domenica Dias, représente l’adolescente Afro-Brésilienne pleine de promesses évoluant dans le monde exaltant du volleyball. L’œuvre capture la vivacité de sa vie quotidienne, contrastant puissamment avec l’après, une fois la grossesse découverte. Son personnage devient ainsi le fer de lance d’une lutte contre les normes rigides imposées par la société, illustrant le conflit entre son désir d’autonomie corporelle et les contraintes légales oppressives. Halla, par sa mise en scène, métaphorise le corps de Sofia comme un champ de bataille politique. À travers des plans suggestifs, la caméra dépeint le corps comme un lieu d’autonomie et de pouvoir, mais aussi comme une cible des pressions conservatrices. Les multiples dimensions du corps – performance sportive, intimité amoureuse et engagement politique – révèlent sa diversité de significations, renforçant la thèse du film sur la politisation du corps féminin. La force du film réside dans la représentation des liens de sororité au sein de l’équipe de volleyball de Sofia, soulignant ainsi la puissance de la solidarité féminine face à l’oppression. Les valeurs inculquées par le sport deviennent catalyseurs, maintenant l’unité et la force face à l’adversité conservatrice. Levante se distingue par son exploration profonde des dynamiques sociales au Brésil contemporain, exposant la répression politique et religieuse sous le gouvernement de Bolsonaro. Cette œuvre devient ainsi une critique percutante de cette réalité oppressive, révélant les enjeux cruciaux liés aux droits des femmes, aux communautés LGBTQIA+ et à la jeunesse.

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En comparaison avec d’autres films, tels que Never Rarely Sometimes Always et L’Événement, Levante se démarque par son enracinement dans la réalité sociale brésilienne actuelle, mettant l’accent sur la force collective contre l’oppression. La performance vibrante de Dias émerge comme l’un des piliers essentiels du film, transcendant les émotions complexes de Sofia et offrant une narration émotionnelle et puissante qui renforce le message de résilience face à l’adversité. Le film aborde avec subtilité des sujets tels que la positivité corporelle, l’inclusivité et la diversité au sein de l’équipe de volleyball. Cependant, on peut souligner que cette approche peut parfois sembler didactique, risquant de peser sur la fluidité narrative. Le long-métrage se profile comme un manifeste majeur, éclairant des enjeux sociaux brésiliens cruciaux. Sa dynamique envoûtante, appuyée par une bande-son percutante, offre une expérience à la fois saisissante et engagée, incitant à une réflexion approfondie sur les droits des femmes et la quête universelle de liberté. Au-delà du simple récit sur l’avortement, il devient un symbole de lutte dans un contexte politique et social oppressant. L’œuvre de Lillah Halla se distingue par sa représentation puissante du corps féminin comme territoire politique et son exploration audacieuse des enjeux sociaux brésiliens, marquant ainsi un jalon significatif dans le paysage politique contemporain.

Levante de Lillah Halla, 1h32, avec Ayomi Domenica, Loro Bardot, Grace Passô – Au cinéma le 6 décembre

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