[CRITIQUE] Le Discours – Have a Break, Have a King Speech

Basé sur le roman éponyme de Fabrice Caro, Le Discours suit les difficultés d’Adrien (Benjamin Lavernhe) à comprendre ce que sa petite amie de longue date Sonia (Sara Giraudeau) voulait dire lorsqu’elle a déclaré qu’ils avaient besoin de faire une pause. Les choses deviennent encore plus troublantes pour l’homme de 35 ans lorsque son futur beau-frère Ludo (Kyan Khojandi) lui demande de faire un discours au mariage, ce qui le plonge dans une spirale. L’ensemble du film se déroule au cours de ce dîner, mais le long-métrage ne se limite pas à ce cadre. Au contraire, Le Discours brise souvent le quatrième mur, Adrien exprimant ses pensées les plus intimes au public tout au long de la soirée. Ce qui aurait pu être un film banal est animé par l’adresse directe d’Adrien au public et ses remarques amusantes, transformant Le discours en un film amusant et plein d’esprit.

Adrien est capable de raconter sa vie en utilisant le support d’un roman. La narration ne se traduit souvent pas bien au cinéma, soit en énonçant des évidences, soit en créant un degré de séparation entre les événements. Le Discours évite cela en faisant en sorte que les narrations d’Adrien s’adressent à un public. Ce style est similaire à celui de la comédie dramatique Les Désastreuses Aventures des orphelins Baudelaire (2017), avec le même type d’humour pince-sans-rire. Cependant, au lieu d’avoir un narrateur qui n’est pas directement impliqué dans les événements, c’est Adrien lui-même qui nous parle dans Le Discours. Tout au long du dîner, il reste un observateur silencieux de la conversation de sa famille, choisissant plutôt de s’adresser au public en faisant des commentaires. Cela a également du sens dans le contexte du film, car Adrien est montré comme vivant plus dans sa tête que dans la réalité. La force du film réside dans son caractère attachant. De sa tendance à vivre dans son propre monde à son incapacité à articuler ses émotions et à s’exprimer, Adrien est merveilleusement imparfait. Il a l’air d’être un homme ordinaire, bien qu’il ait une imagination vaste et riche à l’intérieur. À l’extérieur, c’est un homme étrange, névrosé et profondément maladroit, le genre qui a besoin de faire des listes de sujets pour maintenir une conversation. Bien qu’il fasse des choses bien intentionnées, il semble souvent gâcher les choses par sa pure incapacité à s’exprimer.

Au fil du dîner, Adrien imagine de multiples itérations du discours qu’il prononcera, s’imaginant prospérer et échouer au fur et à mesure. Il est tellement hostile à l’idée du discours qu’il se demande même s’il ne devrait pas rompre le couple, montrant ainsi sa vraie nature imparfaite et égoïste. Il oscille entre l’intérêt qu’il porte au discours et le fait d’être entièrement absorbé par l’échec de sa relation. Il envisage d’envoyer un texto à Sonia, mais son désespoir le rend carrément dégoûtant. Bien qu’il ne soit pas du genre à prendre la parole à table, il répond souvent par des répliques et des insultes à la famille. Bien que cela puisse donner l’impression qu’il est le méchant, toute sa famille est tout aussi égocentrique et désordonnée. Le film dissèque les rôles de la famille moderne, chaque membre de la famille ayant ses propres réactions, ce qui permet de saisir la banalité de la vie et de la routine. Il est fortement contrasté avec le monde intérieur d’Adrien, qui imagine des scénarios fantastiques. Le travail de caméra et la composition du film sont aussi dynamiques que les monologues d’Adrien, donnant vie à son imagination. Le film a une qualité presque surréaliste, la caméra passant sans transition de décors banals à l’imagination d’Adrien. Le cadrage et l’étalonnage des couleurs rendent également les décors austères plus excitants et dynamiques, ce qui leur confère un caractère surréaliste.

Le film véhicule également le message subtil et finalement encourageant qu’il n’est jamais trop tard pour changer. Tout au long du film, nous voyons Adrien grandir en acceptant ses défauts et en apprenant à vivre vers l’extérieur plutôt que vers l’intérieur. Le film a été une expérience amusante et pleine d’esprit, avec de grands moments sincères et des répliques hilarantes. 

Le Discours actuellement au cinéma.

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