Après avoir ralenti le rythme pendant quelques années pour élever son fils, Jennifer Lawrence est de retour dans une comédie romantique ! Dirigée par le réalisateur ukraino-américain Gene Stupnitsky, elle incarne Maddie, une jeune femme dont la maison est sur le point d’être saisie pour défaut de paiement. Alors qu’on lui enlève sa voiture, elle se retrouve sans revenu étant donné qu’elle est chauffeuse Uber. Elle se lance alors dans la quête d’un véhicule et tombe sur une étrange annonce : elle devra séduire le fils d’une famille bourgeoise et en échange, ils lui donneront leur voiture. Cependant, leur fils, Percy, est un jeune homme doux, romantique, mais également geek, coincé et inexpérimenté, ce qui le mettra en conflit avec le caractère et l’âge de Maddie.
Gene Stupnitsky est connu pour être le créateur et scénariste de nombreuses comédies populaires. Il a commencé avec The Office, pour lequel il a écrit quelques épisodes et réalisé un épisode de la saison 5. Il s’est fait remarquer en 2019 avec le film Good Boy, une comédie sur des enfants découvrant la sexualité à travers les sex-toys de leurs parents, de leurs voisines ou d’internet. Au choix. Le film est une comédie sincère et touchante sur la pré-adolescence, avec quelques envolées burlesques et cartoonesques terriblement drôles, ce qui rend le film sympathique malgré son postulat très simple. En traitant plus ou moins de l’adolescence et de la découverte du corps, on sent que le cinéma de Stupnitsky est influencé par les teen-movies de John Landis, John Hughes et des années 2000 (notamment la célèbre saga American Pie). Cependant, de bonnes références ne suffisent pas à faire un bon film, alors qu’en est-il de ce défi ? L’a-t-on relevé ? Meh…
Jennifer Lawrence est l’actrice bonne vivante d’Hollywood. Sa posture, que ce soit lors de ses interviews ou même dans les rôles qu’elle aime jouer, est souvent empreinte d’un petit grain de folie. Elle est ici comme un poisson dans l’eau ! Son personnage est instable juste ce qu’il faut et son opposition avec Percy, joué par Andrew Barth Feldman, fonctionne, peut-être même un peu trop. L’écart générationnel est souvent souligné dans le film, notamment à travers les fréquentations et le caractère de Percy, ce qui donne lieu à des scènes tantôt touchantes, tantôt ringardes.
Le film touche parfois une sorte de grâce. Certains plans sont tout simplement magnifiques et porteurs d’émotions fortes. Malheureusement, il finit par s’enfoncer dans une réalisation américaine clichée et putassière, digne des meilleurs « Direct-to-DVD » de la saga American Pie. On peut citer en exemple une séquence lors d’une fête étudiante où la réaction des jeunes face à une Jennifer Lawrence désemparée frôle le mauvais goût. Cependant, certaines séquences du film sont d’une efficacité comique explosive, notamment lors d’une bagarre sur une plage qui met en valeur les prouesses physiques de son actrice principale.
Le ton comique du film oscille entre le décomplexé et le lourd. Le ton général du film peut être résumé par l’utilisation de Matthew Broderick dans un rôle secondaire. Ancien mauvais élève rêvant de la voiture du père d’un ami dans Ferris Bueller, il incarne aujourd’hui le père en question qui se débarrasse de la voiture sous la caméra de Stupnitsky. Bien que son caméo ne soit pas très appuyé, on ne sait jamais vraiment si le réalisateur joue avec cette référence ou s’il fait simplement planer une présence du passé comme un clin d’œil grossier. Cela confère au film un ton mi-rire, mi-incompréhension. On ne sait jamais si l’on doit rire ou fuir la salle. Est-ce désagréable pour autant ? Non.
Le Challenge est une comédie romantique assez classique, qui offre quelques envolées sympathiques, pour retomber ensuite dans une lourdeur bien américaine. Le film se laisse regarder, sans plus. On se souviendra des performances des acteurs, qui se donnent à fond et que l’on adore détester. Mais pour le reste, ne vous attendez pas à grand-chose. Le film correspond au minimum que l’on attend d’une comédie romantique américaine. On rit quelques fois pendant une heure et demie, puis on l’oublie.
Le Challenge de Gene Stupnitsky, 1h43, avec Jennifer Lawrence, Andrew Barth Feldman, Laura Benanti – Au cinéma le 21 juin 2023.