[CRITIQUE] La Colline où rugissent les lionnes – Vraiment des reines

La Colline où grondent les lionnes marque le début de Luàna Bajrami en tant que réalisatrice, cette jeune actrice franco-kosovare qui a captivé le public international sous le nom de Sophie dans Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma.

Le récit dépeint l’histoire de trois jeunes femmes, Qe, Jeta et Li, et de leur combat pour se libérer des contraintes provinciales. Quand elles ne conversent pas sur une colline ou ne flânent pas sur la terrasse délabrée d’une maison abandonnée, elles s’efforcent de surmonter les défis de leur existence quotidienne. Qe, rebelle dans l’âme, affiche ouvertement son mépris envers sa mère, qui la presse de reprendre le salon de coiffure familial. Jeta, orpheline, endure la présence négligente d’un oncle et rejette avec fermeté ses avances malsaines. Quant à Li, les déboires financiers de son petit ami entraînent malgré elle les filles dans ses tourments. Après l’effondrement de leurs projets universitaires, ces trois femmes décident de prendre leur destin en main en formant un gang et en se livrant à des braquages pour gagner de l’argent.

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Comparé à Mustang, film turco-français de 2015 mettant également en scène des jeunes femmes désireuses d’échapper à leur condition villageoise, La Colline où grondent les lionnes évoque davantage Spring Breakers de Harmony Korine dans ses moments dramatiques où Qe, Jeta et Li basculent soudainement dans la criminalité. Cependant, là où le film de Korine se déploie tel un rêve fiévreux poussé à l’extrême, celui de Bajrami s’achemine vers un dénouement moins tumultueux et plus empreint de larmes.

Contrairement à Spring Breakers, qui trouve son dynamisme dans ses scènes frénétiques de débauche colorée sous les néons, La Colline où grondent les lionnes s’épanouit davantage dans ses moments de quiétude. Lena, une adolescente franco-kosovare en visite chez sa grand-mère, exprime ses inquiétudes quant à son avenir à Qe : “Tu vis insouciante… au jour le jour, sans te soucier du lendemain.” Les plaintes de Lena échappent à la compréhension de Qe, qui peine à saisir le fardeau qui pèse sur les épaules de son amie. Lena possède tout ce que Qe désire : une perspective universitaire et un futur à envisager. Cependant, Qe se sent étouffée par cette pression accablante. Pour Bajrami, qui incarne le rôle de Lena, le désir d’échapper aux attentes de la société, de gagner en indépendance et de forger sa propre identité est un sentiment universel. Ces réflexions empreintes de mélancolie représentent le point culminant du film de Bajrami, offrant un portrait saisissant des jeunes Kosovars, qu’ils vivent dans leur pays d’origine ou à l’étranger, à l’aube de l’âge adulte.

La Colline où rugissent les lionnes de Luàna Bajrami, 1h23, avec Flaka Latifi, Uratë Shabani, Era Balaj – Au cinéma le 27 avril 2022

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