Situé dans l’Allemagne du XVIIIe siècle, le biopic Miss Marx raconte l’histoire de l’activiste féministe et socialiste Eleanor Marx. Le film commence par un discours de Mlle Marx sur son père, Karl Marx, connu aujourd’hui comme le père du communisme. Peu de temps après l’enterrement de sa mère et de sa sœur, Eleanor Marx se retrouve avec la garde de son jeune neveu, responsabilité qu’elle finit par abandonner au profit d’une voie moins traditionnelle. Eleanor entreprend de voyager, de rencontrer des intellectuels éclairés et d’écrire sur les luttes de la classe ouvrière. Dans une séquence hors du temps, Eleanor déclare qu’elle ne sait pas ce que signifie être libre – en tant que fille de son père, on lui a appris ce qu’il fallait penser et qui il fallait être, et maintenant elle ne peut pas devenir directement quelque chose d’autre pour quelqu’un d’autre. Miss Marx transmet un sentiment que la majorité des femmes du monde entier peuvent comprendre, même des années plus tard.
La scénariste et réalisatrice Susan Nicharrelli livre l’histoire brutale d’Eleanor à travers un regard punk rock pertinent. Le film commence par la mort, est parsemé de morts et se termine par le suicide prématuré d’Eleanor. Lorsque les morts des membres du cercle d’amis socialistes d’Eleanor sont répétées, nous découvrons les conditions de vie et de travail effroyables de la classe ouvrière en Europe au XVIIIe siècle. Le film dépeint également le triste mariage d’Eleanor avec le dramaturge Edward Aveling, un mariage qui n’est pas officiel puisque Aveling est déjà marié mais séparé. Ce mariage comporte toutes les complications d’un mariage moderne, y compris l’infidélité et les difficultés financières. Pour une révolutionnaire féministe et socialiste, Eleanor supporte un tas de conneries chauvines de la part de son compagnon de vie, une intrigue que Nicharrelli met en contraste avec le reste de la vie d’Eleanor de manière savoureuse. Tout cela contribue à faire de Miss Marx une œuvre universelle et intemporelle.
Une fois passée la première moitié du film, Eleanor n’est plus confrontée à des problèmes familiaux et conjugaux et Miss Marx devient un film lent à suivre, bien que très rapide à certains moments. Les observations politiques d’Eleanor sont livrées dans des monologues qui brisent le quatrième mur, ce qui donne au film un aspect théâtral. La musique est magnifique et l’interprétation d’Eleanor Marx par Ramola Garai est captivante, elle transmet l’histoire féministe du scénario de façon immuable. Dans l’ensemble, cependant, le film change d’humeur de façon si dramatique et passe du personnel au politique avec si peu de cohésion qu’il est parfois difficile à suivre.
Miss Marx est disponible en DVD chez Les Alchimistes, il comporte (en plus du long-métrage), le clip de la musique L’Internationale des Dowtown Boys mais surtout un petit livret de 12 pages qui livre des témoignages d’historiens, une réaction de Philippe Poutou ainsi que quelques mots de la réalisatrice. Ces retours livrent un parfait complément au film de Susan Nicharrelli et méritent votre temps.