La découverte d’Angela sur la véritable identité de Jim, alias Dexter Morgan, laissait envisager toute une série d’enjeux conséquents pour le personnage. Cet épisode clôt très rapidement tout doute installé sur une intrigue faussement prévisible, qui aurait pu s’apparenter à une lutte pour Dexter afin de ne laisser aucun doute sur son passé meurtrier à son ancienne petite amie. Le fait est que, comme pour toute cette saison, la thématique développée reste celle de l’apprentissage de chacun sur son passé, mais surtout la remise en question de toute situation personnelle. C’est en saisissant le traumatisme affectif de Dexter, qu’Angela accepte son choix, comme Dexter apercevant toute la complexité de ce qui se trame devant lui. Son fils est incontrôlable, comme lui l’était auparavant, il choisit de le comprendre, saisissant qu’il lui faille se guérir en se confiant, pour sauver également son fils.
L’émotion est palpable, tant le scénario joue habilement des péripéties. Dexter se doit de protéger ses gardes de Molly Park particulièrement intéressée par l’affaire du Bay Harbor Butcher, mais également de veiller à la sécurité de son fils, psychologiquement atteint et influencé par Matt Caldwell. En ce sens, l’épisode ravive toute la flamme qui faisait le charme de la série originale, Dexter cherchant toutes les issues possibles pour se faire valoir, distiller les doutes sur le meurtrier actif. Une menace à la fois physique et psychologique, caractérisée par la police et le psychopathe, puis son fils, qui ira jusqu’à casser le bras d’un lycéen en public. C’est peut-être la plus grande force de Dexter : New Blood, rendre la fin d’une huitième saison comme une absurdité incontrôlée par le personnage principal, essayant de regravir les marches pour s’en détacher complètement. L’humour est fabuleux, rappelant les meilleurs moments des grandes confrontations entre Dexter et Caldwell, telles celles avec Doakes (Saison 2) ou Miguel (Saison 3), sans être tout à fait similaire, le personnage restant crédible comme citoyen raisonnable et simplement prévenant. La voix-off, comme Debra utilisée à contre-emploi entre rage et fierté intermittente, s’inscrit de plus en plus comme un désir de liberté pour le personnage.
La thérapie familiale.
Se libérer de son trauma passé, de ses pulsions, en devenant père et honnête envers lui-même, cette ambition thématique développée par Clyde Phillips a de quoi toucher, absolument inespérée pour une neuvième saison.
La dernière scène de l’épisode reflète bien la qualité d’écriture de cette saison, Angela ne demande pas Jim mais Dexter. Au-delà de résoudre le mystère d’une enquête, c’est l’acceptation du personnage tapis dans l’ombre, par son nom, qui résonne. Angela avait adopté Audrey pour enfant, peut-elle faire de même pour Dexter ? Un contraste évident, presque magnifique peut se faire entre la policière et Debra Morgan. Communiquer davantage avec Angela, c’est faire ce que Dexter n’a pas su concrétiser avec sa sœur. A l’image d’un malade demandant soin, Dexter dit le vrai (partiellement modifié certes) à un psychologue, avec presqu’autant de difficultés que ce qu’Harrison craignait de dire à Audrey, au regard de sa violence qu’il ressent innée. C’est l’occasion pour Michael C. Hall comme Jack Alcott, de donner le meilleur de leur performance, l’un retenant l’émotion, l’autre la dégageant délibérément.
Ce sixième épisode concrétise un aboutissement en tant que tel, émotionnel et scénaristique. Chaque personnage, toujours plus perdu dans les décombres de leur vie passée, comme présente dans les décombres de la petite ville d’Iron Lake, recherche la paix. Nul doute que la bourgade ne sera pas entièrement épargnée, à mesure que les secrets ne soient plus dissipés. Le suspense est omniprésent, et cela est tant mieux, l’attente est d’ores et déjà présente pour cette fin de saison. Le meilleur épisode, pour le moment.
⭐⭐⭐⭐⭐
Note : 4.5 sur 5.Dexter : New Blood, disponible sur MyCanal à partir de décembre 2021.