Les soupçons de Dexter sur les instincts meurtriers d’Harrison ne cessent de croître, entre paranoïa et inquiétude parentale. A la fois concerné par la santé mentale et physique de son fils, Dexter devient terriblement maladroit et anxieux, quitte à briser sa routine qu’il tente de conserver depuis le départ, avec la police et les citoyens du village. Harrison, en parallèle, assiste à la fête organisée par ses camarades en son honneur, et consomme stupéfiants et alcool, quitte à tomber dans les vapes. Ce qui n’est pas sans affecter, bien entendu, Dexter…
Un épisode donc fort intéressant, où Dexter aura du mal à se maîtriser pour se venger, il faut le dire, de ce qui est arrivé sur son fils, qui aurait pu vraisemblablement mourir. Recherchant le dealer, et prêt à le tuer, c’est une autre routine à laquelle nous, spectateurs, n’avions pas été conviés depuis longtemps, qui s’impose. Cela est superbement rappelé par la mise en scène, suivant Dexter de près, poursuivant sa victime dans le silence le plus absolu, un plaisir indéniable. Il serait facilement reprochable de penser au manque de réflexion de la part du personnage, tant il se mettrait dans de beaux draps si le dealer disparaissait (premier sur la liste des suspects), mais il ne faut pas non plus oublier le sort des circonstances qui lui est imposé : il a failli perdre son fils, dernier repère familial, enchaîne les problèmes en tous genres au fil des épisodes. La sous-intrigue sur la disparition des jeunes filles prend enfin sens dans un segment de l’épisode, où il s’agira de découvrir qu’il s’agit en réalité du père du jeune fils tué par Dexter, qui les séquestre pour les éliminer en suite en forêt à coup de sniper. C’est un élément que l’on aurait pu deviner facilement certes, mais qui disposait d’une ambiguïté suffisante sur le rapport émotionnel qu’entretient, ou prétendait entretenir le père au fils. Une routine désarçonnée s’imposera au tueur, à l’occasion d’une crise émotionnelle, évoquant celle de Dexter sur le même épisode.
Seul(s) au monde.
Le travail sur la lumière et la photographie est toujours aussi bien travaillé, on pensera notamment aux éclairages à contrejour, à l’occasion de la traque entamée par Dexter dans la demeure du dealer, préparant les armes pour l’achever sur table, avant de se rétracter pour filer aux mains de la police. Ce personnage, bien plus maladroit que dans la série originale, sensible émotionnellement, qui doit s’adapter à lui-même et aux circonstances locales, sera d’autant plus menacé qu’Angel Batista revient aux alentours pour proposer une conférence sur les tueurs en série, à laquelle assistera sa petite amie. Encore une fois, cela pourrait être assez facile, si ce n’était pas bien exploité par la suite.
C’est bien la fille de la policière, sensible aux propos d’Harrison vis-à-vis du faux nom de Dexter, qui fera mouche à l’écoute de sa mère, dévoilant la véritable identité du personnage. Comme si du père au fils, de Dexter au meurtrier de la forêt, de la mère à la fille, il n’y avait pas grand-chose pour les distinguer. Un rapport de complicité, dans tous les sens du terme.
Cela promet beaucoup pour la suite, puisqu’on observera comment la sous-intrigue se résoudra, soit par la police ou des mains de Dexter, si le personnage réfléchira davantage à son futur en contrôlant ses pulsions, tout en espérant que ce ne soit pas prévisible à des kilomètres. Chose bien partie, les agissements du personnage bien qu’instinctifs et irréfléchis, gardent toujours explication, la grande réminiscence du trauma passé, perte respective du père et du fils, de la mère dans un bain de sang.
Dexter: New Blood, disponible sur MyCanal à partir de décembre 2021.