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[CRITIQUE] Chonchon, le plus mignon des cochons – Groin la violence

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Par Louan Nivesse

Chonchon, le plus mignon des cochons, réalisé par Mascha Halberstad, est un film d’animation en stop-motion qui offre un divertissement mignon et captivant pour les tout-petits. En dépeignant les aventures de Chonchon, un cochon attachant, le film aborde des thèmes tels que le végétarisme, la famille et la cruauté envers les animaux. Malgré quelques défauts scénaristiques et des influences évidentes d’autres films d’animation, Chonchon, le plus mignon des cochons se démarque par son esthétique visuelle charmante et ses prises de position audacieuses.

SAUCISSES AUX LÉGUMES

Un des points forts de Chonchon, le plus mignon des cochons réside dans son plaidoyer en faveur du végétarisme. Le film transmet cette valeur de manière assez premier degré, offrant ainsi une opportunité précieuse d’initier les jeunes spectateurs à une réflexion sur leurs choix alimentaires et le respect des animaux. C’est une contribution importante dans un monde où l’industrie de la viande est souvent ignorée ou banalisée.

Le film ne se retient pas dans sa dénonciation de l’industrie de la viande. Une scène particulièrement puissante montre Chonchon découvrant l’horrible réalité des étals de boucherie, filmée du point de vue du porcelet. Les images cauchemardesques des carcasses suspendues, associées à l’éclairage sinistre, renforcent l’impact émotionnel. La séquence atteint son point culminant lorsque Chonchon défèque dans le hachoir à viande, produisant des saucisses d’excréments, soulignant l’absurdité de l’industrie de la viande. C’est une manière acerbe d’utiliser l’humour pour sensibiliser les enfants à cette problématique.

© The Jokers Films
PIGUN RUN

D’un point de vue technique, le film brille par sa réalisation visuelle. Le style du stop-motion donne aux marionnettes une apparence analogique et old school, ce qui ajoute une certaine nostalgie à l’expérience cinématographique. Les décors sont magnifiquement conçus, offrant des textures variées et des détails réalistes. On ne peut s’empêcher de penser à des références telles que Chicken Run et le studio Aardman, mais Chonchon, le plus mignon des cochons développe son propre style. Chaque personnage possède une texture unique, mettant en valeur le textile et les poils, ce qui les rend à la fois adorables et dégoûtants. Les scènes nocturnes et les couchers de soleil sont particulièrement impressionnants, rappelant la beauté de certaines scènes d’E.T., qui fait partie des nombreux clins d’œil parsemés dans le film.

Chonchon, le plus mignon des cochons n’est pas exempt de défauts. Son scénario, bien que contenant quelques surprises, reste assez conventionnel. Les influences des studios Aardman se font sentir, mais le film manque de l’originalité et de l’esprit malicieux de certaines de leurs productions, comme Shaun le Mouton.

© The Jokers Films
L’ANTI FAMILLE

En plus de son esthétique visuelle attrayante, Chonchon, le plus mignon des cochons présente une radicalité audacieuse pour un film destiné aux enfants. Il ose remettre en question l’institution de la famille en dépeignant des figures paternelles défaillantes et absentes. Le père de Babs est représenté comme un froussard désengagé, constamment plongé dans ses mots fléchés. Le grand-père maternel réapparaît après une longue absence, laissant sa fille sans explications. Ces personnages masculins démissionnaires soulignent les rôles traditionnels de genre et offrent une critique subtile de la société.

Le film souffre d’un report trop long de son enjeu principal, l’incertitude quant au destin de Chonchon en tant que saucisse. Une grande partie de l’intrigue se concentre plutôt sur le combat de Babs pour garder son cochon auprès d’elle, ce qui peut entraîner des redondances et une perte de rythme.

Malgré quelques imperfections scénaristiques et des influences évidentes, Chonchon, le plus mignon des cochons reste un film d’animation enjoué et visuellement captivant. Il aborde des sujets importants tels que le végétarisme, la famille et la cruauté envers les animaux de manière audacieuse, ce qui en fait une œuvre précieuse pour les enfants. Les aspects visuels du film, avec leurs marionnettes charmantes et leurs décors réalistes, captiveront certainement le jeune public. En fin de compte, Chonchon, le plus mignon des cochons mérite d’être salué pour sa volonté de divertir tout en transmettant des valeurs essentielles.

Un amour de cochon de Mascha Halberstad, 1h12, avec Hiba Ghafry, Alex Klaasen, Johnny Kraaijkam – Au cinéma le 28 juin 2023.

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