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[CRITIQUE] Vermines, Mad Fate & Les Femmes de Stepford (L’Etrange Festival 2023 – Jour 12)

Dernier article sur cette édition 2023 de l’Etrange Festival riche de pas mal de belles choses. Trois films pour finir cette édition, un film de genre français, le nouveau Soi Cheang et un petit kiff personnel, l’un de mes films préférés diffusé au festival que j’ai eu grand plaisir à revoir.

VERMINES

Cette année, l’Etrange a fait la part belle aux nouveaux réalisateurs français, avec The End, Vincent doit Mourir ainsi que Vermines, premier film de Sébastien Vaniček. J’étais impatient de le voir, que ce soit pour son casting, Théo Christine et Finnegan Oldfield, que pour son synopsis, à savoir une invasion d’araignées tueuses au sein d’une cité. Un synopsis qui sent bon les États-Unis et la série B de science-fiction avec des animaux tueurs. Que ce soit Phase IV, ou Tarantula, les inspirations sont nombreuses pour un genre assez rare en France. On se souvient de La Nuée et de ses sauterelles, maintenant on devra se remémorer les araignées de Vermines, un premier film qui est une sacrée réussite.

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Vaniček tient ici toutes ses promesses, à savoir donner un généreux spectacle horrifique, sans oublier de dénoncer les problèmes des banlieues. Le film respecte ces deux aspects, puisqu’il est de bout en bout ce survival que l’on nous vend. Il ne présente pas vraiment de temps morts, mais de l’efficacité, sans oublier de mentionner quelques références, comme son début, plus que semblable aux Gremlins. Notre équipe de protagonistes, constituée de cinq personnes, tient elle aussi toutes ses promesses, dans l’incarnation splendide de chacun des acteurs. Certes, on pourrait être tatillon et mentionner que ce ne sont pas des personnages s’éloignant des clichés, mais l’écriture du film est de qualité, la tension prenant bien souvent le pas sur le reste.

Le cadre est par ailleurs bien exploité : tout en dénonçant l’abandon et le manque de considération de l’Etat pour les quartiers défavorisés, le réalisateur fait de ce bâtiment une véritable maison hantée, dangereuse à chaque recoin. On regrettera un final trop poussif et trop généreux en action, il n’en avait pas besoin avec tout ce qu’il nous avait proposé auparavant, mais hormis cela, Vermines est une belle réussite et un film rare dans le paysage cinématographique français.

Vermines, de Sébatien Vaniček, 1h43, avec Théo Christine, Lisa Nyarko et Jérôme Niel. – Au cinéma le 27 décembre 2023

MAD FATE

Mad Fate est la nouvelle réalisation de Soi Cheang, cinéaste derrière Limbo, sorti il y a quelques semaines, mais que j’avais découvert à l’Etrange Festival il y a deux ans déjà. La distribution sera-t-elle plus simple pour son nouveau film ? Pas sûr. Mais ce qui est certain, c’est qu’il est déjà mieux réussi. Je ne critiquerai pas Limbo ici, mais je n’avais pas passé un très bon moment, j’avais donc quelques réticences à voir le nouveau film du réalisateur, même si le pitch fantasque m’inspirait, puisque l’on va suivre un homme qui peut connaître le destin des gens et qui va tout faire pour éviter à un jeune homme de tuer, chose dont le destin l’a apparemment chargé. Mad Fate m’a pris à contre-pied. Après un Limbo sombre et poisseux, Soi Cheang revient avec un film, certes, encore sur des psychopathes, mais cette fois-ci avec une approche beaucoup plus comique et colorée. Une certaine folie se dégage du film, dès sa première scène absolument lunaire, où une pluie torrentielle se mélange avec une espèce de rituel pour changer le destin d’une jeune femme.

©2022 MakerVille Company Limited and Noble Castle Asia Limited

Tout au long du film, nous suivrons nos protagonistes tentant de triompher de la fatalité, en allant à l’encontre de la destinée donnée à chaque personnage. Mad Fate est un film bruyant et survolté au rythme effréné. Malheureusement, il fait un peu trop de sur place et progresse assez lentement. Des longueurs se créent, d’autant qu’il n’est pas toujours facile de garder un œil assidu face aux effets spéciaux franchement immondes du métrage. Malgré tout, sa folie et son côté too much sont assez séduisants et nous donnent quelques scènes brillantes, dans lesquelles Soi Cheang prouve tout son talent de mise en scène. Avec une esthétique et une tonalité à l’encontre de Limbo, le réalisateur hongkongais, signe un film plus abouti et moins consternant, mais encore loin de la perfection.

Mad Fate, de Soi Cheang, 1h48, avec Ka Tung Lam, Lok Man Yeung et Ng Wing Sze – Au cinéma prochainement

LES FEMMES DE STEPFORD

C’est un grand plaisir de finir d’écrire sur le festival en parlant de ce très grand film qu’est Les Femmes de Stepford, réalisé par Bryan Forbes. Adaptation du roman éponyme de Ira Levin, notamment connu pour avoir écrit Rosemary’s Baby, ce film, sorti en 1975 en plein Nouvel Hollywood, aborde frontalement la question du patriarcat et de la place de la femme dans la société.

Cette question, Forbes va l’étudier à travers un thriller paranoïaque, genre assez populaire à l’époque, mais surtout utiliser pour dénoncer le fonctionnement de l’Etat américain et de ses hautes institutions, que ce soit A Cause d’un Assassinat, ou bien Conversation Secrète. Ici, Forbes réduit le cadre de son film à une petite banlieue américaine. Bien évidemment, la critique émise s’adresse à toutes les sociétés de notre monde. Mais en proposant un cadre beaucoup plus intimiste, Les Femmes de Stepford en devient d’autant plus saisissant. Porté par une incandescente Katharine Ross, le film va mettre en scène l’actrice au sein de ce monde fait de faux-semblants. La subtilité de son jeu est à saluer, tout comme la subtilité de la réalisation. Le revoir (pour la première fois en salle) m’a fait prendre conscience de toute la minutie de la mise en scène et de tous les détails cachés, dans les décors ou les costumes du film.

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Au-delà d’être une œuvre remarquable sur la condition de la femme dans les années 70 (condition qui s’est améliorée, mais bon, c’est pas encore la perfection hein), Les Femmes de Stepford est un petit bijou de mise en scène et une leçon dans la mise en place d’indices pour la suite de l’intrigue. Il est par ailleurs assez amusant de voir comment le film semble avoir irrigué d’autres œuvres récentes. L’exemple le plus évident est Don’t Worry Darling d’Olivia Wilde, mais aussi Barbie dont certaines scènes du film de Forbes sont assez similaires. On pourrait d’ailleurs le comparer aux quelques films sur un couple allant vivre loin de la ville et qui voit des trucs bizarres, comme Vivarium. Je pourrais m’attarder encore plus longuement sur cette œuvre incroyable, mais je m’arrête ici. Qui sait peut-être une critique plus conséquente un jour. En tout cas, je finis le festival sur cette note exceptionnelle, regardez Les Femmes de Stepford.

Les Femmes de Stepford, de Bryan Forbes, 1h55, avec Katharine Ross, Paula Prentiss et Peter Masterson.

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