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[REVIOWZ] Tous les dieux du ciel – Poésie des genres

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Par Louan Nivesse

Dans le contexte cinématographique actuel, où la quête d’originalité et d’audace guide nos aspirations, il est facile de succomber à la tentation de catégoriser les œuvres pour mieux les appréhender. Pourtant, cette pratique peut parfois s’avérer réductrice et néfaste, occultant ainsi la richesse des films qui défient les conventions établies. C’est dans cette lignée que s’inscrit Tous les dieux du ciel de Quarxx, une œuvre qui échappe aux étiquettes faciles en proposant un univers à la fois fantastique et poétique, empreint de mystère et de dérision. En nous plongeant au cœur de la ruralité française, Quarxx nous offre un voyage troublant et bouleversant, invitant le spectateur à explorer des thèmes complexes tels que la culpabilité, la folie et la fraternité, tout en repoussant les frontières du genre.

UN NOUVEAU SOUFFLE DANS LE CINÉMA DE GENRE

Dans Tous les dieux du ciel, Quarxx s’inscrit dans la lignée du mouvement de la Nouvelle Extase Française, faisant écho à des films tels que Martyrs ou Haute Tension. Dès les premières scènes, le réalisateur nous plonge dans un contraste saisissant entre une campagne magnifiquement filmée par Antoine Carpentier et le bruit infernal de l’usine où travaille Simon, campé par Jean-Luc Couchard. Cette dichotomie installe une atmosphère dissonante, annonciatrice du malaise qui traversera tout le film. Quarxx jongle habilement entre pathos et menace latente, entraînant le spectateur dans une danse où les attentes sont sans cesse déjouées, le conduisant à une expérience aussi dérangeante qu’enivrante.

Au cœur de cette œuvre, la relation complexe entre Simon et sa sœur Estelle, incarnée par la saisissante Mélanie Gaydos, se révèle d’une puissance émotionnelle rare. Le réalisateur expose avec audace la détresse de Simon, rongé par la culpabilité et la colère face au handicap de sa sœur. Les non-dits, les traumatismes enfouis et les séquelles émotionnelles dessinent un tableau bouleversant de cette fratrie meurtrie. En faisant le choix de laisser certaines questions en suspens, Quarxx pousse le spectateur à interpréter ces indices visuels, à se confronter à l’indicible et à s’immerger dans l’univers mental de ses personnages tourmentés.

© To Be Continued
UN PLONGEON DANS L’ÉTRANGE ET L’AMBIGUË

Par-delà les thématiques universelles, Tous les dieux du ciel brille par son originalité, défiant les attentes du spectateur avec brio. Le réalisateur fait preuve d’une maîtrise totale de la mise en scène, alternant entre le rural délabré et des moments oniriques empreints de mystère. Ces parenthèses cosmiques, illustrées par des scénettes spatiales, déroutent et fascinent à la fois, ajoutant une dimension poétique et métaphysique à l’ensemble. La rencontre entre le terrestre et l’extraterrestre se fait dans une symbiose étrange, où la frontière entre réel et imaginaire s’estompe, nous laissant suspendu dans un entre-deux fascinant.

L’ambiguïté constitue le fil conducteur du récit, dans lequel le spectateur est invité à se confronter à ses propres interprétations. Quarxx brouille les pistes, jonglant entre plusieurs registres sans jamais se résoudre à en adopter un seul. Cette oscillation permanente peut dérouter certains, mais elle témoigne avant tout de la volonté du réalisateur de briser les conventions et de créer un moment unique, au-delà des clivages. À travers ce périple où le bizarre et l’étrange se marient à la poésie, Tous les dieux du ciel nous démontre que le cinéma de genre peut être un espace de liberté et de créativité, une terre d’exploration où se dévoilent des émotions intenses et des questionnements profonds.

© To Be Continued

Tous les dieux du ciel s’impose comme une œuvre singulière, à la fois dérangeante et captivante, portée par une écriture audacieuse et des performances saisissantes. Quarxx s’affirme comme un cinéaste à part entière, embrassant la poésie et l’étrangeté pour explorer des territoires inexplorés du cinéma de genre. En incitant le spectateur à s’immerger dans un univers poétique et déroutant, le réalisateur nous rappelle l’importance de laisser libre cours à notre imagination et de nous affranchir des étiquettes réductrices. C’est ainsi que l’on découvre des pépites cinématographiques, comme celles que nous offre le catalogue Shadowz, avec des films qui embrassent l’originalité et l’audace. Tous les dieux du ciel nous encourage à célébrer un cinéma de genre, à la fois poétique et novateur, porteur d’émotions et de questionnements intenses, à l’image du voyage initiatique qu’il nous propose de vivre. Au sein de ce cinéma hors des sentiers battus, nous sommes invités à nous perdre pour mieux nous retrouver, à la recherche d’une expérience inoubliable, à l’image de ce film atypique et envoûtant.

Tous les dieux du ciel de Quarxx, 1h42, avec Jean-Luc Couchard, Mélanie Gaydos, Thierry Frémont – Disponible sur Shadowz

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