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[REVIOWZ] Swallowed – À bouche-que-veux-tu

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Par Manon Bellahcene

NE PAS FAIRE LA FINE BOUCHE

Benjamin et Dom, deux amis d’enfance abordent la séparation géographique à venir. À l’aide de sa plastique plus qu’avantageuse et son visage d’ange, Benjamin (Cooper Koch) entrevoit de quitter sa modeste bourgade du Maine en vue de devenir une star du X gai à Los Angeles. En tant qu’ami dévoué, Dom (Jose Colon) souhaite que son ami parte confortablement – pour ce faire, ce dernier s’est proposé en tant que passeur de drogue. N’ayant aucun détail sur la transaction, les compères sont forcés d’ingurgiter huit petits sacs, emballés dans des préservatifs, contenant (soi-disant) de la drogue. Se sentant responsable puisqu’à l’initiative du projet, Dom avale tout rond les sept sacs. Benjamin, inquiet de l’état de son ami, se porte volontaire pour en avaler deux. Le duo ballonné avale les kilomètres jusqu’au Canada, la peur au ventre, dans un road trip vallonné. Dom et Ben se font agresser dans des toilettes publiques, où l’archétype du redneck donne son meilleur uppercut dans l’abdomen de Dom. Contre tout attente, il s’avère que la drogue ingurgitée contient des insectes vivants a vertus aphrodisiaques – s’ils sont récoltés correctement – mais qui causent de graves dommages s’ils éclosent à l’intérieur du corps de la mule. Vous devinez la suite…

© Momentum Pictures

PAS PIQUÉ DES VERS

Loin du body horror gore de The Thing (1982) ou de Alien (1979), l’horreur est davantage suggérée que projetée. Carter Smith joue sur la peur somatique plutôt que de proposer un visuel explicite et traumatique où la bestiole perfore le système digestif du contrebandier. Aucune scène de déchiquetage d’entrailles, mais on l’a devine à travers le teint blafard de Dom – c’est pourquoi le film risque de décevoir les amateurs de ce genre d’horreur.

Photographe de mode, Carter Smith, n’en est pas à son coup d’essai dans la réalisation de films d’horreur queer. Après son court-métrage Bug Crush (2006) et son premier long-métrage Les Ruines (2008), le metteur en scène cherche à mettre en lumière l’alliage charnel entre horreur et des problématiques LGBTQIA+ – l’horreur vient s’associer aux corps des marginaux et son exploitation pernicieuse. Mais dans quel but ? Dans l’optique de dénoncer ou de moquer ?

À CORPS PERDUS

Il y a une oscillation entre la caricature de la pratique sexuelle homosexuelle et sa satire crottée – ne serait-ce que dans le titre – en somme, deux orifices sont explicitement exploités lors de deux expériences, celle du contrebandier et celle qui taraude les deux jeunes hommes, à savoir : coucher ensemble. Même s’il se dit hétérosexuel, Dom avoue finalement aimer Ben comme personne. Un brin satirique, Ben se voit forcer d’explorer le corps de Dom dans le seul et unique but de lui faciliter l’extraction des sacs : le toucher rectal n’en finit plus et nous pousse à l’embarras.

© Momentum Pictures

Finalement, l’apollon se retrouve entre les griffes de celui qui fut autrefois la victime de Freddy Kruger dans La Revanche de Freddy (1985) : Mark Patton, dit Rich, l’homme à la tête du business. La survie des insectes ici n’est pas l’unique intérêt de la transaction, voyant que les larves extraites de Dom ne sont plus viables, Rich porte son dévolu sur une compensation charnelle par le biais du beau Benjamin. Même si ce dernier ne l’entend pas de cette oreille…

Après cette nuit nauséabonde, une ellipse nous fait comprendre que Benjamin est parvenu a atteindre la célébrité bling-bling dont il rêvait, en tant qu’acteur porno gai. La mésaventure digestive semble n’être qu’un mauvais souvenir.

Swallowed de Carter Smith, 1h35, avec Jena Malone, Cooper Koch, José Colón – Sorti le 13 juillet 2023 et disponible sur Shadowz

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