[REVIOWZ] Slaxx – C’est un Jeans très aigri

Dans l’esprit du film culte de Roger Corman La Petite Boutique des horreurs, Slaxx, le dernier film de la réalisatrice canadienne Elza Kephart, nous offre une comédie d’horreur aussi absurde que percutante. Nichée au cœur d’une boutique de vêtements à la pointe de la mode, l’intrigue dépeint des vendeurs qui se parlent avec des micro-casques tout en évitant soigneusement de communiquer avec les clients. Ce film suit l’histoire de Libby, une jeune femme idéaliste interprétée par Romaine Denis, qui décroche un emploi dans cette boutique et se laisse séduire par la vision du PDG et l’engagement éthique de l’entreprise envers les travailleurs des pays en développement et les producteurs de coton. Cependant, la vérité est tout autre : la société réduit ses coûts en ayant recours à des sous-traitants exploitant des ateliers de misère en Asie du Sud, et les superbes jeans qu’elle lance dans sa nouvelle collection sont hantés par les esprits vengeurs des travailleurs indiens blessés et tués. Pour la soirée spéciale de dévoilement de ces nouveaux vêtements, devant une élite de hipsters et d’influenceurs Instagram, les jeans prennent vie et se lancent dans une orgie sanglante de vengeance contre les fashionistas du monde occidental.

Slaxx brille dans sa critique acérée de l’industrie de la mode contemporaine. Tout comme les couturiers fabriquent des vêtements, Elza Kephart conçoit son film comme une comédie d’horreur acerbement jouissive. Les aspects absurdes et surnaturels du scénario servent de toile de fond à une analyse incisive des pratiques d’exploitation, de l’hypocrisie et de la superficialité de l’industrie de la mode. Les critiques sont évidentes : le cynisme de l’entreprise, la course effrénée au profit, ainsi que la déconnexion totale entre les valeurs proclamées et la réalité des conditions de travail dans les pays en développement. Les personnages, bien que souvent stéréotypés, jouent un rôle essentiel dans la déconstruction de l’univers de la mode. Libby incarne l’innocence perdue, celle qui croit encore aux belles promesses de l’entreprise. Au fur et à mesure que le récit progresse, elle devient le miroir de l’audience, découvrant la vérité brutale sur le monde qui l’entoure. C’est un voyage initiatique pour la protagoniste, une transformation de l’idéalisme à la prise de conscience amère de la réalité.

Le mélange d’horreur et de comédie est audacieux et souvent hilarant. Les scènes où les jeans prennent vie sont à la fois grotesques et fascinantes, rappelant les meilleures traditions du cinéma d’horreur comique. L’une des forces de Slaxx réside dans sa capacité à aborder des questions graves tout en maintenant un ton léger. Le film parvient à disséquer l’industrie de la mode sans pour autant sombrer dans la lourdeur. Même si la satire peut sembler brutale à certains moments, elle est toujours équilibrée par l’humour absurde et la créativité visuelle. C’est une prouesse de réalisation que de maintenir cette nuance tout au long du film. Le long-métrage d’Elza Kephart brille également par son originalité conceptuelle. L’idée d’un jean tueur est à la fois loufoque et inventive, mais elle est habilement utilisée pour mettre en lumière les problèmes plus sérieux de l’industrie de la mode. Les jeans deviennent un symbole de la victime exploitée par cette industrie impitoyable.

Slaxx d’Elza Kephart, 1h17, avec Romane Denis, Brett Donahue, Kenny Wong – Disponible sur Shadowz.

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