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[RETOUR SUR..] Acide – Un court qui en dit long

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Par Enzo Durand

Just Philippot est régulièrement considéré comme l’un des nouveaux maîtres du cinéma français. Personnellement, je trouve que c’est un peu prématuré après seulement un long métrage d’horreur sociale, La Nuée, et un second actuellement présenté à Cannes. Son nouveau film, Acide, raconte l’histoire d’une famille divisée après le passage de pluies acides. Il s’agit donc d’une version longue d’un de ses courts métrages datant de 2018, dans lequel il jouait sensiblement le même scénario. Revenons sur ce court qui est bien plus grand qu’il n’y paraît, et sur ses autres œuvres par la même occasion.

Acide raconte donc l’histoire d’une famille, un jeune couple et leur enfant, qui fuient un orage acide. Dès la séquence d’introduction, Philippot installe immédiatement le danger planant au-dessus de ses personnages. Sur une route de campagne, des dizaines d’automobilistes sont brûlés par des pluies meurtrières. Quelques plans permettent de mettre en évidence le talent du cinéaste sur deux éléments. Premièrement, en tant que créateur de tension, il réalise des scènes astucieuses, notamment celle impliquant un bébé protégé uniquement par un toit vitré. Deuxièmement, pour accentuer le danger, il montre de manière frontale des scènes gores. En une seule séquence, la pluie suscite donc du stress et du danger. C’est d’ailleurs pourquoi je considère Acide comme la meilleure création de Philippot. Le format court oblige le réalisateur à maintenir un rythme élevé et à introduire rapidement des éléments dangereux. C’est ce qui fait défaut à La Nuée ou à certains de ses premiers courts métrages comme A Minuit, ici tout s’arrête. Dans cette œuvre datant de 2011, la menace n’arrive que dans le dernier tiers. Pour un film d’une dizaine de minutes, il y a donc très peu de danger et de tension.

© Capricci Films

Pour en revenir à Acide, le film regorge d’idées originales et intéressantes. En une vingtaine de minutes, on passe de ce massacre routier à une guerre entre survivants pour obtenir un abri. Les lignes narratives se multiplient sans pouvoir être entièrement développées, mais elles dressent un univers cohérent. Encore une fois, le réalisateur est bien meilleur dans ce court métrage dense que dans ses longs métrages qui étirent quelques idées. On préfère l’excès plutôt qu’une parcimonie avare. Si Philippot ne développe pas davantage ses intrigues, c’est évidemment par manque de temps, mais surtout parce qu’il utilise les péripéties pour définir ses protagonistes. Lorsque le personnage principal, interprété par le superbe Sofian Khammes, trouve un abri, cela sert uniquement à montrer son dévouement envers son fils. C’est pourquoi les personnages secondaires n’ont aucun développement, ni même de nom, ils ne servent qu’à contextualiser les protagonistes.

C’est quoi le cinéma de Just Philippot ? Lorsqu’il est limité par des contraintes, le cinéaste devient terrifiant. Il crée des scènes de tension réussies tout en caractérisant efficacement ses personnages. Acide représente parfaitement toutes les qualités de Philippot en tant que cinéaste. Il exploite de manière habile son cadre rural pour jouer avec les codes du genre. Les courts métrages du réalisateur sont prometteurs, et nous restons donc attentifs à la suite de sa carrière.

Vous pouvez retrouver l’avis de Vincent Pelisse, notre reporter à Cannes, sur la version longue d’Acide juste ici : lien de l’article.

Acide de Just Philippot, 18 min, avec Maud Wyler, Sofian Khammes, Antoine Chaussoy – Disponible sur Youtube

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