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[CRITIQUE] Un an, une nuit – Et des traumas

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Par Louan Nivesse

Un an, une nuit2023, est un film sur le traumatisme et l’impossibilité de surmonter des événements tragiques d’un point de vue psychologique. En outre, il semble approprié que l’adaptation d’un livre témoin sur un survivant de l’attaque du club Bataclan à Paris en 2015 soit tombée entre les mains du cinéaste espagnol Isaki Lacuesta, car bien que le film décrive l’horreur lors de cet assaut, il se concentre davantage sur les conséquences de cet événement dans la relation d’un jeune couple, interprété par l’acteur argentin Nahuel Pérez Biscayart et l’actrice française Noémie Merlant.

Le développement du film détaille l’intimité et l’intériorité de ces deux personnages, qui ne semblent pas encore avoir complètement surmonté cette attaque. La relation avec des amis espagnols, les crises d’angoisse, mais aussi les états de déni apparaissent comme des éléments d’une situation entre la catharsis (du personnage masculin) et son inverse, le confinement (du personnage féminin). Le suivi de ce processus de guérison et de peurs permet aux personnages de réfléchir à l’incapacité d’affronter la peur de la mort, à la phobie de la culture arabe ou même à l’idée d’une nation après les implications de l’attentat. Lacuesta passe d’un sensationnalisme habituel et inévitable au début du film, pour aller ensuite, petit à petit, vers les codes du film psychologique, pour plonger dans la psyché d’un des personnages, et c’est peut-être cette option qui fait que le film s’améliore, et génère une empathie directe avec le spectateur vers la fin.

© Bambú Producciones

Je dois dire que le début du film, avec l’utilisation de quelques flashbacks ” électrochocs “, a généré en moi une certaine méfiance à l’égard de ce qui allait se passer au cours des deux heures suivantes. Ce lieu commun de la conception des souvenirs à partir de la notion du furtif, de l’imprécis, comme un rêve chaotique, pour certaines œuvres sur les tragédies ou les attaques terroristes, ou du sensationnalisme ou de la morbidité (si l’on pense à l’inévitable Utoya, 22 juillet2018 d’Erik Poppe, ou dans la version de Paul Greengrass) a peu à peu perdu du terrain pour laisser place aux condiments d’une relation amoureuse, amicale et professionnelle traversée par le traumatisme.

Basé sur le livre de Ramón González, Un an, une nuit2023 est une œuvre différente du cinéma habituel de Lacuesta, sans doute en raison du thème, afin d’accéder à des marchés plus importants. Cependant, malgré l’intention commerciale que ce pari pourrait avoir, on perçoit un cinéaste qui se consacre à la construction du malaise d’un personnage, à partir de ce plan psychologique, dépouillé de termes faciles et avec une tournure qui n’est pas perçu comme imposée.

Un an, une nuit de Isaki Lacuesta, 2h10, avec Noémie Merlant, Nahuel Perez Biscayart, Quim Gutiérrez – Au cinéma le 3 mai 2023

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