[CRITIQUE] La petite bande – Petit et teigneux mais déjà tout d’un grand

Les films abordant l’enfance ont toujours procuré un immense plaisir. Si l’on prend pour point de départ Les Quatre Cents Coups de Truffaut en 1959, suivi de La Guerre des boutons réalisé par Yves Robert en 1962, et que l’on combine cela avec Les Goonies de Richard Donner en 1985, on obtient un cocktail explosif, jouissif, incroyablement espiègle, irrévérencieux mais surtout émouvant. La Petite Bande éponyme suit un groupe de quatre enfants corses vivant dans un village vallonné près d’une rivière. Cat, Fouad, Antoine et Samy regrettent le temps où ils pouvaient se baigner librement dans cette rivière. Cependant, ces dernières années, une usine s’est implantée dans leur vallée. Bien qu’elle ait créé des emplois pour leurs parents, elle a également engendré la destruction de la nature. Décidés à agir, les quatre amis entreprennent une mission. Cependant, ils éprouvent des difficultés à se mettre d’accord. C’est ainsi qu’ils décident d’inviter un cinquième membre dans leur groupe : Aimé, un petit garçon rejeté de tous. Une fois unis et finalement actifs, ils se heurtent à des actions et à des conséquences bien trop importantes pour eux.

Rien n’est plus malicieux qu’un enfant. En effet, un enfant est une créature insouciante qui tentera d’obtenir ce qu’elle souhaite par tous les moyens possibles. Pierre Salvadori embrasse pleinement cette perspective pour nous la présenter de manière crue. Ici, il y a un plaisir indéniable à voir les enfants commettre les pires atrocités au nom de leur rivière, non pas sans humour, souvent lié à l’insouciance de ces pauvres enfants délaissés par leurs parents, empêtrés dans le travail. Cela en fait avant tout un film extrêmement plaisant à suivre, car il nous plonge dans un univers puissant rendu possible grâce à ces jeunes acteurs en herbe qui font avancer l’histoire avec brio.

Il est essentiel d’admettre que diriger des enfants sur un plateau de tournage est une tâche coûteuse et les résultats sont souvent décevants. Cependant, le cinéaste démontre ses compétences dans la direction de ces jeunes acteurs. Ils sont touchants, même si parfois ils manquent de justesse. Leur vécu est crédible à nos yeux. Une mention spéciale revient à Paul Beloste, qui incarne Aimé, ainsi qu’au remarquable travail de narration et de voix off, un procédé généralement délicat mais qui fonctionne parfaitement ici. De plus, ces jeunes acteurs parviennent à insuffler une énergie considérable à l’histoire, même si celle-ci connaît par moments des ralentissements visuels.

Toutefois, le film n’est pas exempt de défauts, notamment au niveau de la réalisation. Les choix de cadre et de décors varient considérablement, allant du superbe à l’académique, voire à des moments simplement passables. La mise en scène, bien que par moments elle s’autorise quelques digressions, reste dans l’ensemble très classique, ce qui fonctionne certes, mais demeure prévisible. Heureusement, ces lacunes sont compensées par des séquences en pleine nature qui sont tout simplement époustouflantes. On perçoit l’amour sincère du réalisateur pour ses origines corses, qu’il partage avec bonheur à travers les images les plus magnifiques de son pays.

La Petite Bande nous laisse sortir de la salle avec le sentiment d’avoir découvert un film au caractère rebelle assumé. Celui-ci met l’accent sur les enfants, leur offrant la possibilité, le temps d’un film, de prendre le dessus sur des adultes oppressifs. C’est avec un humour percutant, des acteurs au sommet de leur art et un choix de musique pour le moins discutable (pourquoi ?) que le long-métrage procure un véritable sentiment de bien-être. Les éclats de rire fusent, les moments forts abondent et l’attachement envers tous les personnages est inconditionnel. En somme, ne vous y trompez pas, c’est la comédie à ne pas manquer cet été.

La Petite Bande de Pierre Salvadori, 1h48, avec Paul Belhoste, Mathys Clodion-Gines, Aymé Medeville – Sorti le 20 juillet 2022.

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