[CRITIQUE] Flora and Son – Chanter jusqu’au bout du monde

John Carney est un réalisateur dont le nom est indissociable de la musique et de la connexion humaine. Dans Once, la musique sert de langage pour des protagonistes éperdus d’amour. Dans New York Melody, elle ravive la passion de deux étoiles éteintes. Dans Sing Street, elle donne à deux jeunes une voix pour s’exprimer. Flora and Son ne fait pas exception. La musique agit comme un agent de transformation, rapprochant deux personnes vivant à des milliers de kilomètres l’une de l’autre.

La performance d’Eve Hewson, qui incarne Flora, est un véritable tour de force. Elle donne vie à ce personnage fougueux, puissant et profondément attachant. Flora est une femme avec des blessures cachées derrière une façade d’assurance, et Hewson capture chaque nuance de son caractère avec une maîtrise impressionnante. Son cheminement personnel à travers la musique est une source d’inspiration, et son alchimie avec Joseph Gordon-Levitt (Jeff) est palpable. Les scènes où ils chantent ensemble sont parmi les plus touchantes du long-métrage, déclenchant une montée émotionnelle attendue dans ce type de film. Pourtant, Flora and Son ne se limite pas à une simple histoire d’amour. Au cœur du récit, il y a la relation complexe entre une mère et son fils adolescent, Max, joué avec intensité par Orén Kinlan. Max, en proie à des problèmes de comportement, trouve refuge dans la musique, puis dérive vers des chemins sombres. C’est là que Flora montre sa force en tant que mère déterminée à protéger son fils à tout prix. La musique devient le moyen de renouer le lien brisé entre eux, avec une scène mémorable où Flora filme Max en train de faire une vidéo pour impressionner une fille.

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Le réalisateur apporte une dimension imaginative au film en représentant la connexion entre Flora et Jeff à travers la technologie. Malgré la distance qui les sépare, leur collaboration musicale se déroule de manière magique, avec Jeff sortant littéralement de l’écran pour jouer aux côtés de Flora. Cette astuce aurait pu sembler kitsch entre de mauvaises mains, mais Carney la manie avec intelligence pour symboliser la croissance de leur relation tout en maintenant une certaine réalité. Cependant, la musique dans Flora and Son ne peut rivaliser avec les mélodies envoûtantes de ses précédents long-métrages. Les chansons, bien que plaisantes, ne laissent pas la même empreinte durable. Néanmoins, la musique est un élément vital du film, apportant une touche d’humanité qui caractérise le travail de Carney.

Ce petit bonbon, emblématique de son auteur, suscite des sentiments à la fois plaisants et décevants. Il est indéniable que suivre Sing Street, qui a repoussé les limites du genre musical avec une mise en scène envoûtante dès que les guitares se mettent à grésiller, ne joue pas en faveur de ce tendre et chaleureux Flora and Son. La diffusion de ce film sur Apple TV+ ne fait qu’accentuer cette impression, que ce soit par la douceur artificielle de la photographie ou par des anomalies telles que la netteté de l’appel vidéo sur l’ordinateur, donnant au rendu un aspect plus télévisuel que cinématographique. Alors, bien sûr, il est agréable de se détendre devant un téléfilm romantique un dimanche après-midi, mais il est d’autant plus frustrant de savoir que John Carney peut faire mieux, comme il l’a déjà démontré, mais qu’il se limite à répéter inlassablement cette même formule usée jusqu’à la corde.

Flora and Son de John Carney, 1h34, avec Eve Hewson, Joseph Gordon-Levitt, Marcella Plunkett – Sur Apple TV+ le 29 septembre 2023

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