[CRITIQUE] Fitting In – Lindy au bal du diable

Fitting In est une comédie au style de teen movie qui narre l’histoire d’une adolescente aux prises avec des problèmes médicaux. En effet, n’ayant jamais eu ses règles et souffrant d’une absence d’organes génitaux, elle doit faire face à divers ennuis, tant sur le plan médical que sentimental. Dans cet article, je ne vais pas critiquer le film dans son ensemble, mais plutôt me concentrer sur une séquence en particulier, que je trouve particulièrement intéressante en raison des paradoxes qu’elle soulève. La scène en question, comme vous l’avez deviné grâce au titre de l’article, est le moment où la protagoniste, Lindy, se déguise en Carrie lors d’une soirée. Nous parlons ici de Carrie de Stephen King, et plus précisément de son adaptation par Brian de Palma, car le thème de la soirée est le cinéma. Au-delà de son aspect méta de “je reconnais tel ou tel film”, il y a quelque chose de fascinant dans le choix précis de Carrie.

Tout d’abord, on pourrait penser que la référence est mal utilisée ou mal choisie. En effet, Lindy, une jeune étudiante aux prises avec des problèmes de reproduction, semble être à l’opposé de Carrie. Elle a une relation harmonieuse avec sa mère, tandis que Carrie affronte et finit par tuer sa mère, une figure extrêmement religieuse. Lindy a une absence de règles, tandis que c’est le déclenchement des règles de Carrie qui déclenche l’intrigue. En effet, ce sont les saignements survenus lors d’une séance de sport qui intensifient le harcèlement contre Carrie et déclenchent ses pouvoirs. Pour Lindy, cet événement ne s’accompagne ni de harcèlement ni de pouvoirs, puisqu’il est marqué par une absence d’événements. Ainsi, la comparaison entre Carrie et Lindy semble être un simple effet de style pour la réalisatrice Molly McGlynn. Cependant, c’est précisément une manière plutôt humoristique d’annoncer la suite des événements.

© Nice Picture

Dans Carrie, lorsque le personnage est élu reine du bal de fin d’année, le cauchemar commence. Tout le génie de Stephen King réside dans sa capacité à transformer un lieu et un moment magnifiques en un véritable cauchemar. Dans le film, c’est bien sûr le bal qui se transforme en bain de sang, une journée de rêve pour Carrie qui se termine tragiquement. Évidemment, cela ne présage rien de bon pour Lindy, qui se rend justement à une soirée censée mettre fin à tous ses problèmes. La soirée étudiante est un classique des teen movies, souvent marquée par des slashers, mais rarement par la comédie. Cependant, dans ce cas, la réalisatrice transpose le concept du bal de Carrie à la soirée de Lindy et la fait ainsi vivre un véritable enfer, toutes proportions gardées. La séquence devient un désastre pour l’héroïne qui perd son amour (tout comme Carrie), devient victime de harcèlement (tout comme Carrie) et découvre de nouveaux pouvoirs (tout comme Carrie). Cependant, ici, les pouvoirs sont bien plus simples que la télékinésie, se limitant à l’honnêteté et à l’acceptation de soi-même. C’est précisément l’adaptation en “teen movie” qui nécessite des messages simples mais touchants.

Avec Fitting In, la réalisatrice parvient à éduquer le public sur des sujets peu étudiés et peu médiatisés, tout en créant une comédie hilarante avec des personnages forts. La séquence qui parodie Carrie n’est pas du tout inappropriée, car elle met en évidence toute l’horreur vécue par Lindy. Parfois, la violence des commentaires subis par les deux adolescentes, Carrie et Lindy, peut sembler similaire. Bien sûr, les événements ne se déroulent pas de la même manière, mais cette hyperbole souligne simplement la gravité de la situation, le tout avec humour et une référence méta annonciatrice de drames à venir.

Fitting In de Molly McGlynn, 1h45, avec Maddie Ziegler, Emily Hampshire, Djouliet Amara – Date de sortie inconnue.

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