[CRITIQUE] Fire of Love – Les feux de l’amour

Fire of Love est un documentaire réalisé par Sara Dosa sur la vie des volcanologues Katia et Maurice Kraft, à partir d’images tournées et mises en scène par le couple alsacien. Rien qu’avec ce pitch de quelques mots on comprend en quoi ce long-métrage va être intéressant à de multiples degrés : nous retrouvons une coréalisation à travers le temps, sur un sujet à la fois impressionnant et qui pourtant va toucher à l’intime. Immersion au cœur des cendres et des flammes pour une fois de plus se demander ce qu’est le cinéma pour Sara Dosa.

The Northman (2022) – © Courtesy of Sundance Institute

La particularité de ce documentaire est qu’il est bien évidemment réalisé le temps de toute une vie. Si ce n’est plus puisque les images en 16mm filmées par les Kraft sont ensuite montées par Sara Dosa, preuve de plus que les documentaires ne sont pas le reflet d’une réalité mais possèdent au contraire une mise en scène, un sens de la fiction. Le couple de volcanologues s’est au fil du temps habitué aux caméras, des plateaux de télévisions jusqu’à leur propre équipement qu’ils emmènent durant toutes leurs expéditions. Cette nécessité de filmer leur passion, les volcans et leurs dangers, est venue car les images peuvent enseigner au public beaucoup plus rapidement que les conférences. Alors après cette révélation, les Kraft vont eux-mêmes se mettre en scène, au cœur d’environnements dangereux, ce qui donne à Fire of Love deux mises en scène différentes : celle des Kraft mais également celle de Sara Dosa qui tente de relater l’évolution d’une relation au fil du temps. Le rendu est alors mitigé car la cinéaste tente constamment d’apporter de l’émotion, d’en créer en montant des images du couple mais l’émotion semble factice. La narratrice tente de nous faire ressentir beaucoup de sentiments ce qui donne une impression un peu cynique, qui ne fonctionne finalement pas réellement.

Étonnamment, le documentaire devient pourtant bien plus touchant lorsque les deux Kraft s’expriment sur leur passion commune ou sur leur amour réciproque. Des paroles sincères, qui viennent donner l’intérêt principal à Fire of Love : comprendre ce qui peut pousser Katia Kraft à suivre son mari jusqu’aux endroits les plus dangereux du monde. Et même jusque dans la mort. Le documentaire alterne ces doux moments intimes avec des scènes impressionnantes, que même les blockbusters américains n’arriveraient pas à retranscrire. Dernièrement les éruptions volcaniques de Jurassic World : Fallen Kingdom ou encore de The Northman manquent toujours de ce petit quelque chose qui les rend à la fois terrifiantes et d’une beauté sans nom : une once de réel. Fire of Love réussit donc l’exploit d’alterner ces deux types de séquences jusqu’au final qui les réunit dans une explosion de cendres et d’émotions.

Jouer avec le feu – © Courtesy of Sundance Institute

C’est quoi le cinéma documentaire avec Fire of Love ? Un art qui réussit à allier divertissement impressionnant et une exploration de l’intime. Alors même si parfois il semble trop peu sincère ou surexplicatif, il parvient dans un dernier acte à surmonter toutes ses faiblesses pour devenir quelque chose de bien plus fort. Dans ce petit espace entre la fiction et la réalité se trouve une infinité d’émotions et de souvenirs qui resteront pour l’éternité. Observer deux fantômes s’aimer encore et encore, au cœur des flammes et des pellicules, n’a jamais été aussi captivant.

Fire of Love de Sara Dosa, 1h38 – Dès maintenant sur Disney+.

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