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[REVIOWZ] Halloween – Amour de la claustrophobie

Que dire de plus sur Halloween ? En l’espace de quarante-cinq années, le film est devenu l’un des plus critiqués, analysés, disséqués et étudiés de l’histoire du cinéma. Il est indéniablement un cas intéressant, car il s’agit d’une commande qui renferme néanmoins toutes les thématiques et obsessions de son auteur, John Carpenter, l’un de mes cinéastes préférés. Cela renforce encore davantage son aura d’œuvre intouchable. Cependant, dans les quelques lignes suivantes, je vais vous démontrer un élément qui, à mon sens, est particulièrement fascinant dans ce film d’horreur : sa logique d’enfermement.


L’enfermement est l’un des éléments les plus marquants de la filmographie de John Carpenter, que ce soit dans sa mise en scène avec les surcadrages ou dans ses scénarios. De son premier long-métrage, Dark Star, avec son vaisseau spatial claustrophobique, à New York 1997, la ville-prison, en passant par la base scientifique isolée de The Thing ou le commissariat encerclé d’Assaut, toutes les œuvres de Carpenter visent à représenter une forme d’isolement ou d’enfermement avec le mal. Halloween ne fait pas exception à cette règle et va donc, plus que jamais, nous faire ressentir la tension par ce moyen.

Dans notre analyse sur Evil Dead Rise, nous avons insisté sur le fait que les lieux ont un sens. Ici, c’est bien évidemment le cas avec cette banlieue américaine typique. Le cinéaste déploie ici une panoplie de signes pour la décrire comme la plus triste possible. Malgré la fausse joie de ses habitants, ils sont tous isolés les uns des autres, et vont le devenir littéralement au fil du massacre. La banlieue devient ainsi le symbole des fractures de l’Amérique contemporaine et des divisions d’un peuple que Carpenter adore mépriser.

Pour enfermer les personnages, ainsi que le spectateur, le réalisateur utilise donc des moyens narratifs et scéniques. Du côté de la mise en scène, il y a notamment le recours au surcadrage, de plus en plus présent au fil du récit, ainsi qu’une vue subjective qui nous force à regarder l’horreur. Mais du côté du scénario, l’enfermement est plus insidieux et donc plus menaçant. Tout d’abord, si l’on découpe temporellement le script du film, on se rend compte que le premier tiers se déroule sur plusieurs années, le second sur une journée, et le dernier tiers sur à peine une heure. L’espace temporel du film se rétrécit pour accélérer le rythme tout en créant une forme d’angoisse. On retrouve la même idée du côté des environnements. Halloween réduit de plus en plus son échelle spatiale pour enfermer le spectateur et créer une forme d’urgence stressante. Le long-métrage commence au niveau d’une région, puis d’une ville, d’un quartier, d’une rue, d’une maison, d’un étage, jusqu’à se terminer dans un placard. Il s’agit d’une forme d’emprisonnement sans fin qui vise à symboliser le manque d’issue pour les protagonistes.

Ce qui est remarquable avec Halloween, c’est que vous pouvez le regarder pour mille raisons différentes. Que ce soit comme le prototype de toute une génération de slashers, une métaphore du mal, un jeu sur les masques, un film aux décors captivants ou tout simplement le film pop-corn parfait pour Halloween. Si l’œuvre de Carpenter a atteint le statut culte au fil des décennies, c’est précisément parce qu’elle peut être regardée sous tant d’angles différents que tout le monde peut y trouver son compte. À une époque où les multinationales tentent de réaliser les films les plus insipides possible pour réunir un maximum de spectateurs, il est bon de se rappeler que l’inverse fonctionne tout autant. Qu’est-ce que le cinéma de John Carpenter ? Ce sont des films qui réussissent l’exploit d’immerger le spectateur au cœur de l’œuvre. Divers procédés se réunissent pour faire ressentir les mêmes sensations que les protagonistes. Celui qui ne peut s’échapper du film, c’est avant tout vous. Et peut-être qu’au fond, Laurie Strode possède bien plus de liberté que celui qui tremblote devant sa télévision.

Halloween de John Carpenter, 1h31, avec Jamie Lee Curtis, Donald Pleasence, Nancy Kyes – Sorti le 14 mars 1979 et disponible sur Shadowz

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