Tout débute par une histoire tragique, celle de Tilikum, que Grabriella Cowperthwaite décide de nous raconter, dans son documentaire nommé Blackfish.
Qui est Tilikum ?
Tilikum est né en en 1981 près de l’Islande, il a grandi durant deux années auprès de sa mère, de sa famille, puis en 1983 il a été arraché à son groupe et enfermé dans un parc : Sealand. Tilikum est une orque mâle, connue tristement « grâce » la mort de sa dresseuse à SeaWorld : Dawn Brancheau en 2010. Gabriela Cowperthwaite nous propose dans ce documentaire de revenir sur la vie de Tilikum, de ce qui a pu l’amener à tuer sa dresseuse en 2010 mais également sur son passif déjà lourd. Elle donnera également dans ce documentaire d’autres exemples d’orques ayant tué ou blessé leurs dresseurs, Tilikum n’étant pas un cas isolé.
Dès le début du documentaire, on entre dans le vif du sujet, Grabiela Cowperthwaite frappe fort avec des images des conditions de vie très difficiles de Tilikum (ainsi que des deux autres orques déjà présentes) lors de son arrivée dans le parc Sealand. Pendant presque dix ans, il évolue dans une piscine pour faire un numéro auprès de spectateurs curieux, puis lorsque le rideau se baisse, il est enfermé avec deux autres orques dans des conteneurs, pendant des heures, sans pouvoir se retourner, car Tilikum est à ce jour l’orque la plus grosse et grande jamais capturée. Commence alors un enfer pour Tilikum, martyrisé par ses congénères et vivant dans des conditions plus que déplorables. Puis, en 1991, le premier drame, la mort d’une dresseuse dans ce parc Sealand, entrainée et noyée selon des témoignages par la plus grosse orque du bassin: Tilikum. La direction décide de dissimuler l’attaque, Tilikum est transféré à SeaWorld où il restera enfermé jusqu’à la fin de sa (triste) vie en 2017, dans un bassin, où il ne verra plus personne, il n’aura plus de contact avec d’autres orques, se laissant alors mourir. Il aura passé 34 années de sa vie en prison, n’étant plus qu’une banque de sperme aux yeux de SeaWorld.
Des lobbies que personne n’ose dénoncer.
Il y a tellement d’informations dans ce documentaire, et c’est ce qui fait sa force, Grabriela Cowperthwaite a interviewé des dresseurs qui étaient en contact avec Tilikum, des dresseurs d’autres parc SeaWorld, elle ne se concentre pas seulement sur un événement ni uniquement sur la vie de Tilikum. Elle dévoile des vidéos, des images, des attaques d’orques dans d’autres parcs, des accidents qui sont répertoriés mais cachés aux dresseurs, on comprend alors tous les enjeux de ces dissimulations. Des attaques d’orques contre d’autres orques également, plusieurs sont ainsi décédées tragiquement car elles ne pouvaient tout simplement pas vivre ensemble, vidéos à l’appui, assez difficiles à regarder, comme toutes celles des attaques non mortelles que Grabiela Cowperthwaite inclue dans ce documentaire. Il manque cependant quelques petites choses à ce film, notamment des informations sur les comportements autodestructeurs des orques. Seul le fait que des orques se laissent flotter est évoqué ici, alors que de nombreux comportements autodestructeurs ont pu être observés, notamment des orques qui rongent les barreaux de leur bassin, des orques qui se frappent la tête contre les parois de ces dits bassins. Elle n’évoque pas non plus tous les problèmes liés à la captivité : problèmes dermatologiques, problèmes respiratoires etc.
Énormément de choses sont choquantes dans ce documentaire, des vérités qu’on ne pourrait pas imaginer, nous, enfants ou adultes, pensant aller voir un spectacle d’orques heureuses en bassin, durant lequel on nous donne des informations fausses, la plus effarante étant celle de l’âge des orques. SeaWorld ira jusqu’à dire qu’elles vivent plus longtemps en captivité, sachant qu’elles ont une durée de vie à peu près égale à la nôtre. Nous emmenons nos enfants voir des spectacles d’animaux aux rapports relationnels plus développés que les nôtres, à l’intelligence émotionnelle plus développée également, mais personne ne nous en informe. Quand un des dresseurs raconte la séparation d’une maman et de son enfant, c’est insoutenable, et on se demande comment ils ont pu être complices de ça, pensant bien faire, pensant avoir un métier de rêve. C’est un métier de gardien de prison finalement, ni plus ni moins.
La prise de conscience après le décès d’une dresseuse.
Suite au décès de Dawn Brancheau, de nombreuses pétitions ont été lancées pour laisser Tilikum finir sa vie dans une baie naturelle, comme Keiko, qui a joué le rôle de l’orque dans le film Sauvez Willy. Cependant, Keiko n’était pas une orque mesurant presque sept mètres et pesant plus de cinq tonnes, le patrimoine génétique de Tilikum était bien trop important. L’argent a pris le dessus durant toute la vie de Tilikum, et notamment sur son bien-être. La tragédie de Dawn Brancheau aura au moins servi à donner de la visibilité aux lobbies des Parcs type SeaWorld, Marineland, Loro Parque et sur les conditions de vie (si on peut les appeler ainsi) de ces animaux grandioses, à donner de la visibilité aux nombreuses pétitions, aux associations qui se battent depuis des années pour libérer des orques prisonnières depuis plus de trente ans, en isolement, surexploitées et extrêmement malheureuses.
Ce documentaire est une prise de conscience qu’il est nécessaire d’avoir aujourd’hui, il est important de voir la vérité derrière ce que les lobbies nous vantent comme des animaux heureux, qui seraient heureux de faire des tours dans un bassin ou dans un enclos. Ce qu’on voit dans Blackfish est applicable également aux cirques et aux grands parcs d’attraction exploitant des animaux pour le profit et pour le divertissement.
Blackfish est disponible en DVD.