[FIFAM 2022] Our lady of the chinese shop – Un symbolisme mis à rude épreuve

Ce film originaire tout droit d’Anglola, réalisé par Ery Claver, nous est présenté à la 42ème édition du Festival du Film International d’Amiens et saura vous surprendre sans aucun doute, à voir maintenant s’il s’agit dans le bon sens du terme ou non. Le synopsis s’éparpille sur des intrigues avec un thème en particulier chacun, où ces personnages font face à la vente de statues en plastique de Notre Dame tenu par un commerçant chinois qui s’attire tout les regards et les intérêts de la population locale. Quand vous vous apprêtez à regarder le film, ce socle du scénario sur lequel le film se repose peut sembler à première vue, confus, il en sera toujours de même quand le film sera terminé.

Pour en revenir à ces intrigues, il s’agit premièrement de suivre la vie d’une mère endeuillée, mais le film ne donne pas cette information d’entrée de jeu et laisse plutôt l’intrigue se dévoiler au fur et à mesure. Il y a déjà le symbolisme qui frappe ce film car pour illustrer ce deuil, cette mère qui subit l’épreuve de sa perte, se retrouve avec une fuite d’eau au plafond de sa maison, faisant ici l’allégorie de sa tristesse. D’un autre point de vue, le film nous fait suivre également un jeune homme qui est en quête de vengeance. Contrairement à l’intrigue de la mère, ici il faut lire le synopsis du film pour comprendre que son intrigue est bordée par le thème de la vengeance. De fait, cette oeuvre d’Ery Claver tend un poil trop à rendre ses récits implicites. Enfin, il y a une dernière intrigue qui est la moins abordée du film et qui se consacre dans ce cas, à un homme qui cherche la fortune. Avec ce dernier, le film n’en fait quasi rien et montre juste que toutes ses intrigues s’entremêlent dans tout le cadre d’Angola. En outre, le traitement de ces intrigues fait preuve d’une certaine irrégularité apparente et fixe plutôt son attention sur le récit de la mère endeuillé à qui l’on suit tout son parcours vers la paix que ce soit envers elle-même, son mari, et son être cher disparu. 

Our lady of the chinese shop est coupée en quatre chapitres dont la troisième partie qui se distingue des autres et qui amène une nouvelle facette du film. Il s’agit de dévoiler le cadre sociétal des habitants où très vite, l’on remarque que cette société est décalée et donne cette impression qu’elle à part vis à vis du reste du monde. C’est sûrement la partie la plus déroutante du film qui succombe ici à une euphorie conséquente et fait preuve d’une coupure sociale marquée entre ses habitants. D’un côté il y a la partie gouvernante de la population qui ne cesse d’entretenir des faux-semblants avec la partie élitiste des habitants. Puis enfin il y a le reste de la population qui assiste de loin à toute cette mascarade que se donne la partie haute des habitants. Toute cette facette vient ajouter au film un décalage complet et perturbe tout ce qui a été vu depuis lors, mais le soucis étant qu’on a pas vu grand chose depuis le début du film ou du moins, le film avance très peu.

Cette comédie sociale allonge davantage le parcours des personnages qui se voit interrompu par cette partie qui se situe antérieurement au début du film. En effet, le film d’Ery Claver se dote d’un rythme lent, parfois excessivement lent. Il est facile de se retrouver dans les méandres de ses pensées pendant que le film fait une succession de plans qui ne racontent presque rien, ancré dans une mise en scène minime. La voix off presque constante tenue par le personnage du commerçant chinois n’aide pas et vient même au contraire, nous aider à délier l’intérêt porté aux intrigues. C’est bel et bien cette lenteur qui en pâtit sur sur la totalité du film. En continuant d’aborder le film en long et en large avec la troisième partie évoqué auparavant, on se rend compte qu’il y a un souci de ton accordé au film avec d’un côté le ton décalé de cette partie et d’un autre côté, le ton grave et sérieux des chapitres restants du film et qui borde les intrigues des personnages. 

Finalement, ce qu’on peut en tirer de meilleur dans Our lady of the chinese shop c’est son symbolisme foncièrement présent où elle s’exulte dans sa conclusion. Ce symbolisme qui se centralise autour de la figure de Notre Dame qui est personnifié dans la conclusion dans l’intrigue de la mère en deuil et du jeune homme qui cherche à se venger. Ce qui est reproché ici en tout état de fait, c’est non pas le fond propre du récit mais l’exécution du film auquel il s’adonne pour arriver à le mener à bien. Tout n’est pas à jeter heureusement. 

Long-métrage de Ery Claver, avec Cláudia Púcuta, David Caracol, Willi Ribeiro

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