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[CRITIQUE] Zillion – Tony Montana de la discothèque

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Par Louan Nivesse

Le cinéma belge nous offre un véritable phénomène avec Zillion, le film de Robin Pront. Déjà classé parmi les plus grands succès de tous les temps en Belgique, avec pas moins de 700 000 entrées, Zillion débarque enfin en France pour ravir les cinéphiles. Ce long métrage nous transporte dans l’univers flamboyant et décadent de la scène nocturne des années 90 à Anvers. À travers l’histoire de Frank Verstraeten, génie informatique au flair avéré pour les affaires, le réalisateur explore la passion de ce personnage pour la vie nocturne et son ambition de posséder sa propre discothèque, Zillion.

ENTRE SCORSESE ET THE SOCIAL NETWORK

Zillion s’inscrit dans une lignée cinématographique marquée par les œuvres de Martin Scorsese. Le style de Pront rappelle fortement celui du célèbre réalisateur américain, notamment dans la manière de créer une immersion totale dans l’univers du protagoniste. Comme Scorsese, Pront utilise un montage rapide, des mouvements de caméra dynamiques et une bande-son percutante pour capturer l’énergie frénétique de la vie nocturne dans Zillion. Les scènes de fête, les jeux de lumière et les performances artistiques sont filmés avec une intensité visuelle qui rappelle les chefs-d’œuvre de Scorsese tels que Casino et Les Affranchis. La mise en scène remarquable de Pront, déjà nominé aux Oscars pour Les Ardennes, est un véritable régal visuel. Nous passons la plupart du temps à l’intérieur du club Zillion, entourés de musique techno forte et de lumières laser. La réalisation crée ainsi un spectacle visuel époustouflant et hypnotisant.

Les influences de The Social Network sont également perceptibles dans Zillion, notamment à travers la performance de l’acteur Simoni. Comme Jesse Eisenberg dans le rôle de Mark Zuckerberg, Simoni incarne un personnage ambitieux, intelligent et parfois manipulateur. Son jeu captivant, avec son rythme labial rapide et sa voix-off omniprésente, rappelle la performance d’Eisenberg dans The Social Network. La voix-off de Simoni complète merveilleusement le montage épileptique de Zillion, créant ainsi une atmosphère immersive et frénétique. Ce parallèle avec le film de Fincher renforce le portrait d’un homme obsédé par le succès et prêt à tout pour réaliser ses ambitions.

HOMMAGE ET LA DÉSILLUSION DES 90’S

Zillion est un hommage vibrant aux années 90, une décennie qui a connu une effervescence musicale et culturelle sans précédent. C’était une époque où la musique techno et la scène de la musique électronique commençaient à prendre leur envol, devenant des symboles de liberté et d’expression artistique. Zillion capture cet esprit des années 90 à travers sa bande-son dynamique, composée de morceaux techno entraînants qui transportent les spectateurs dans l’univers de la scène nocturne. La musique joue un rôle essentiel dans le film, créant une atmosphère immersive et entraînante, tout en reflétant l’énergie frénétique de cette époque.

Au-delà de l’aspect musical, Zillion met également en lumière les aspirations démesurées et les désillusions qui ont caractérisé les années 90. Frank Verstraeten incarne cette soif de réussite et cette volonté de laisser une marque indélébile dans le paysage nocturne. Son ambition le pousse à créer le club Zillion, avec ses caractéristiques spectaculaires, dans le but de surpasser la concurrence et d’attirer les plus belles femmes du pays. Cependant, la réalité de cette quête effrénée du succès se révèle plus complexe. Les alliances douteuses et les rivalités internes se multiplient, révélant les conséquences inattendues de la poursuite de ses ambitions dévorantes.

Le film explore également la notion de désillusion qui accompagne souvent les rêves grandioses. Malgré le succès initial de Frank Verstraeten, les obstacles et les trahisons jalonnent son parcours. Il se rend compte que son projet de conquête totale est voué à l’échec et que la renommée éphémère ne peut pas combler le vide intérieur. Zillion offre ainsi une réflexion profonde sur la nature éphémère de la célébrité et les sacrifices souvent nécessaires pour atteindre les sommets.

RISE AND RISE AND RISE BUT THE MOVIE NEVER FALL

Zillion de Robin Pront est un film incontournable qui rend un vibrant hommage aux années 90, tout en offrant une critique subtile de l’ambition dévorante et des désillusions qui peuvent en découler. À travers sa mise en scène dynamique et sa bande-son envoûtante, le film transporte les spectateurs dans l’univers flamboyant de la scène nocturne des années 90. Les performances des acteurs, en particulier celle de Simoni, captivent et reflètent parfaitement l’atmosphère de cette époque. Zillion est un témoignage cinématographique de la passion, de l’excès et des rêves démesurés qui ont marqué les années 90.

Ce film flamand est une véritable pépite qui offre une expérience visuelle et auditive captivante. Sa mise en scène remarquable et son rythme effréné, rappelant les influences de Martin Scorsese et de The Social Network, font de Zillion un film à ne pas manquer. En explorant les aspirations et les désillusions de son protagoniste, le film invite à une réflexion sur la nature fugace de la renommée et la recherche perpétuelle du bonheur. Zillion est une plongée hypnotisante dans l’univers de la scène nocturne des années 90, et il est certainement un film qui saura captiver les cinéphiles en quête d’une expérience cinématographique audacieuse et mémorable.

Zillion de Robin Pront, 2h18, avec Jonas Vermeulen, Matteo Simoni, Charlotte Timmers – Au cinéma le 21 juin 2023.

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