Disney, ce studio qui a enchanté de nombreux enfants pendant des décennies, est revenu cet hiver avec un nouveau classique d’animation. Celui-ci se démarque, car le studio célèbre en cette année 2023 son 100e anniversaire, tout comme Warner. Pour marquer ce centenaire, la société des frères Warner nous avait offert le film The Flash, tandis que la compagnie de Walt Disney nous présente son 62ème classique d’animation, intitulé Wish – Asha et la Bonne Étoile.
The Flash était une célébration catastrophique, avec des effets visuels de qualité inférieure rappelant ceux de la PS2, et la première apparition de Nicolas Cage en Superman dans un film. La célébration de Disney, quant à elle, est certes un désastre, mais elle est également teintée d’une grande tristesse, car la magie que le studio a toujours cherché à offrir à son public est terriblement absente.
Sur le papier, Wish semble être le conte de fées parfait à la manière de Disney. Une jeune femme pleine de vivacité à la voix magnifique (il faut dire que c’est Ariana DeBose derrière Asha), un roi-sorcier vivant au sommet de sa tour, un royaume où les vœux occupent une place centrale et où, à l’âge de 18 ans, on confie son vœu le plus cher au roi, qui le retient en mémoire pour ensuite le réaliser selon sa volonté. Le synopsis est séduisant, l’héroïne est attachante, il y a un roi mégalo, une chèvre, une étoile et des chansons.
Pourtant, le succès n’est pas au rendez-vous. Pire encore, Wish n’atteint aucun objectif, si ce n’est celui de figurer parmi les pires classiques réalisés par le studio. Cet échec se manifeste à plusieurs niveaux.
Tout d’abord, il est indéniable que ce long-métrage aurait mieux fait de s’intituler ‘Asha et le Sorcier’. À l’instar du dernier film du fils Miyazaki, Aya et la Sorcière, ce nouveau film Disney est un désastre du point de vue de l’animation. C’est ironique pour un studio qui, même avec ses films les moins intéressants, tels que les récents Avalonia ou Raya, avait toujours veillé à proposer une animation de qualité. On peut peut-être pardonner cela à Gorō, mais Aya et la Sorcière est un téléfilm. Cependant, il est difficile de pardonner un film qui a officiellement coûté 200 millions de dollars, sans compter les frais de promotion.
Wish prend le risque de mélanger deux types d’animation : une animation classique par ordinateur pour ses personnages et une animation à l’aquarelle pour les décors, dans le but de renouer avec les décennies passées. Si l’ouverture du film et les premiers décors sont impressionnants, la désillusion survient rapidement avec l’apparition des premiers personnages. Disney semble être le premier studio à reproduire l’effet de mauvaise incrustation des personnages sur un fond vert. Le mélange d’animation ne fonctionne jamais, les protagonistes semblent évoluer de manière déconnectée des décors en arrière-plan, donnant un effet très étrange à l’œil.
Au-delà de cela, il est difficile pour ce film d’être le grand film d’animation succédant au nouveau Miyazaki, car l’animation des personnages eux-mêmes est d’une grande pauvreté dans le film américain. On y retrouve les mêmes types de personnages que dans les derniers Disney (on peut reconnaître de nombreux traits communs avec d’autres protagonistes de La Reine des Neiges), mais surtout, on remarque la pauvreté des mouvements d’Asha ou de Magnifico, non aidés par leur manque d’interaction avec les décors. Wish est peut-être le plus gros échec en termes d’animation pour la maison mère de Disney, surtout pour son 100e anniversaire.
Le 62ème classique ne se rattrape pas non plus avec son scénario, presque inexistant. Étant le film le plus court du studio depuis Winnie l’Ourson en 2011, avec ses 95 petites minutes, il ne permet pas au scénario de se développer sainement, d’autant qu’il est parasité par un nombre affolant de références aux anciens films du studio. Un ours et un cerf, nommés Petit Jean et Bambi, le rêve d’une des habitantes d’être la meilleure nounou du monde, « miroir mon beau miroir », la tenue de la fée marraine, la présence de Peter Pan, pour ne citer que quelques-uns des clins d’œil lourds et récurrents présents tout au long du film. On remarque également avec amusement que presque tous les thèmes musicaux sont construits autour du début du thème bien connu du jingle de la société, mais ils ne parviennent jamais à l’exploiter.
Cette avalanche de références prend le pas sur le développement de nos personnages, presque inexistants. Asha est certes attachante dès sa chanson d’introduction, mais elle n’évolue pas et ressemble à Aurore ou Blanche-Neige, des personnages sans réelle évolution et bien souvent spectateurs de leur propre histoire. Asha agit certes, mais n’apprend rien de ses péripéties et n’en ressort pas grandie. S’il existe cependant quelques bribes de scénario, elles sont immédiatement étouffées par l’humour présent dans le film, épuisant et n’atteignant jamais la cible.
Pour conclure ce piètre Disney, ses chansons sont génériques et se confondent. À l’exception de “Knowing What I Know Now” qui présente des nuances légèrement différentes, les chansons sont terriblement oubliables et contribuent également au naufrage de ce nouveau long-métrage.
Allez, on finit sur une petite note positive, l’étoile est réussie et procure les seuls moments presque intéressants du film.
En somme, Wish – Asha et la Bonne Étoile est un classique d’animation Disney présentant une animation ratée, des chansons oubliables et une histoire inexistante. Il ne sera finalement qu’une déferlante de références et de nostalgie, pouvant certes plaire aux jeunes enfants, cachant sa médiocrité sous un faible vernis de magie aisément effaçable. Mais le constat est factuel : La Ferme se rebelle, Avalonia ou Les Trois Caballeros sont en tous points supérieurs à Wish, le pire classique d’animation produit par la firme aux grandes oreilles pour son centenaire.
Wish – Asha et la Bonne Étoile de Chris Buck et Fawn Veerasunthorn, 1h42 – Au cinéma le 29 novembre 2023