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[CRITIQUE] The Walking Dead : The Ones Who Live – Promesse tenue

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Par JACK

The Walking Dead a du mal à trancher, c’est là son principal défaut. Semi-décisions, semi-personnages, semi-intrigues, semi-conclusions : la série de zombies peine à assumer ses choix et encore plus ses défaites, dont celle de s’être achevée péniblement, et dans un silence de mort, après dix ans de diffusion. C’est pourquoi, à l’instar de ses monstres rampants, The Walking Dead subsiste par l’intermédiaire de projets spin-offs, censés à la fois redorer la marque et l’exploiter sous la forme d’un univers interconnecté qui verrait ses programmes communiquer entre eux à différentes époques. Pour lui permettre de se payer une fin a minima décente, on l’imagine. Dans le lot, The Ones Who Live pèse plus lourd que ses consœurs : un peu plus chère, celle-ci se porte surtout garante du destin de Rick Grimes, le héros iconique de la série originelle. Dégagé au cours de la neuvième saison (c’était le choix de son interprète), mais loin d’être mort, le devenir de l’ex-shérif était maintenu suspendu en attendant que quelqu’un lui écrive une sortie digne de ce nom. Un quelqu’un qui s’accorde au pluriel : en plus du showrunner historique Scott Gimple, les comédiens eux-mêmes s’impliquent à la production, histoire de dire que le respect des personnages y est. Et force est de constater que la promesse est tenue. The Walking Dead recouvre non seulement son entrain des premières saisons, une férocité qui lui manquait cruellement, mais jouit également d’une totale refonte esthétique et thématique qui lui permet de grattouiller quelques cordes sensibles en plus d’accéder à des visions d’ampleur inédites. En somme, The Ones Who Live réussit le tour de force de redonner son éclat à la licence après une décennie de décrépitude, et ce en revenant à sa base la plus simple : le bouillonnement psychologique de protagonistes face à un renversement drastique. Celui autour duquel s’enroule le spin-off est dans la lignée des précédents, propice comme eux à une forme de reboot.

© AMC

Et c’est à peu près le message transmis par son premier épisode, lequel enchaîne les ellipses pour mieux distancer les bêtises du passé et opère une reconnexion avec le comics d’origine en moins de cinq minutes. Il faut dire que nos héros sont pressés, pris dans les rouages d’un empire militaire qui, plus qu’aucun groupe croisé jusqu’alors, est parvenu à étouffer l’apocalypse. À coups de fascisme, essentiellement. Des zombies, The Ones Who Live en met en scène encore quelques-uns, au maquillage réussi (et plus proche des longs-métrages de George A. Romero), mais le spin-off suit la tendance générale : les morts-vivants sont bien moins plaisants à suivre que les individus qu’ils oppriment, la mâchoire défaite. De toutes ses parentes, la série tient toutefois la plus valable des excuses pour reléguer les revenants tant la menace humaine est considérable, introduite par un éventail de plans larges gavés de figurants, dans lesquels se fondent Rick et Michonne – sa tendre et chère, partie le secourir. La technique est efficace : elle expose frontalement l’impuissance des personnages face au système, réduits à n’être qu’un grain de sable dans un désert politique et sociétal. L’ex-shérif préférerait être celui qui fait dérailler la machine, dans cette suite qui lui fait se triturer les méninges. Pas épargné par la série-mère, ce dernier voit The Ones Who Live en rajouter une couche avec une palanquée de dilemmes cornéliens, à base d’abnégation et de résilience, sur lesquels s’accoude Andrew Lincoln pour faire monter les larmes. Acteur remarquable pour sa capacité d’adaptation et de transformation, il trouve ici, via la modernisation de son rôle, un équilibre fragile – et d’autant plus émouvant – entre l’interprétation d’une assurance virile (celle du leader charismatique) et le jeu d’une sensibilité sentimentale (qui tient, elle, du désespéré qui ré-apprend l’amour). Danai Gurira lui rend la pareille, son personnage étant lui aussi ré-écrit sous le prisme du romantisme, accordant à The Walking Dead ses séquences d’intimité les plus enflammées.

Eux deux ont tenu à trancher en faveur de l’histoire d’amour. Ce qui explique la réduction de la profondeur de champ au gré des épisodes, le tarissement de l’action au profit de baisers langoureux, éclairés à la bougie, et pourquoi, rapidement, il n’y a plus que Rick et Michonne. Les amoureux maudits, les amants de la fin du monde. Une décision narrative qui entre en collision avec les envies de grandeur esquissées lors des deux heures d’introduction et occasionne quelques (gros) soucis – à commencer par ces torrents de dialogues mièvres que les comédiens recrachent comme du Shakespeare, et ce ventre mou dont le show ne parvient pas à se défaire avant le grand final –, mais ce dernier s’y tient. C’est bien la première fois, depuis le départ de Frank Darabont, que The Walking Dead se cramponne aussi fermement à une intention de scénario. Quand bien même celle-ci étouffe les autres. En cela, la mini-série manque d’être la conclusion pétaradante que les lois de la télévision pop-corn lui sommait d’être, puisque moins balèze que les anciennes saisons, mais The Ones Who Live atteint sa cible en achevant proprement le voyage du premier héros de la licence (et celui de sa petite famille, tant qu’à faire). Et en lui payant une iconisation de luxe. Mérité.

The Walking Dead : The Ones Who Live, 6 épisode, 45 min, avec Andrew Lincoln, Danai Gurira, Pollyanna McIntosh – Sur Paramont+.

6/10
Total Score
  • JACK
    6/10 Satisfaisant
    The Ones Who Live aura été fidèle à son parti pris jusqu'à la dernière heure : c'est l'histoire d'amour qui prime dans cette mini-série, quitte à envoyer valser tout ce qu'il y a autour. Celle-ci atteint quand même sa cible en concluant proprement le voyage du shérif.
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