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[CRITIQUE] Retribution – L’appel trop connu de Liam Neeson

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Par Louan Nivesse

Il est déconcertant de voir comment des cinéastes moyens comme Nimród Antal semblent tomber dans l’oubli de l’originalité et du génie artistique, et se retrouvent à réaliser des films comme Retribution. Ce thriller, ou du moins ce qui prétend en être un, ne fait que creuser davantage le trou dans lequel la filmographie de Liam Neeson s’enlise déjà. Antal, censé être un artisan du cinéma, n’a réussi qu’à reproduire les schémas convenus des films d’action génériques, faisant preuve d’une créativité douteuse et d’une absence totale de direction artistique.

Retribution suit le schéma habituel des films d’action de Liam Neeson : un homme ordinaire se retrouve pris dans une situation extraordinaire, cherchant à sauver sa peau tout en essayant de redresser son passé. L’incarnation de cette formule clichée se trouve en Matt Turner, un personnage mal écrit et prévisible. Malgré le talent indéniable de Neeson, le script ne parvient pas à rendre ce personnage en quête de rédemption mémorable ou même attachant. Les dialogues sont plats et dénués de toute authenticité, les personnages secondaires sont réduits à des archétypes sans relief, et même les enfants de Turner, censés être une source de tension dramatique, ne font que contribuer à notre agacement général. Cette redondance narrative est d’autant plus frustrante que Neeson possède le potentiel pour jouer des rôles bien plus complexes et captivants.

Au mépris de l’idée de départ potentiellement tendue – un homme coincé dans une voiture piégée – Antal échoue lamentablement à exploiter cette tension pour créer des scènes d’action captivantes. Les moments censés générer de l’urgence ou de l’excitation tombent à plat en raison d’une mise en scène terne et d’une direction artistique inexistante. Les scènes d’action manquent de punch et de rythme, et les retournements de situation, au lieu de surprendre, sont tellement prévisibles qu’ils ne font qu’accentuer l’ennui général. Antal semble avoir suivi un manuel de réalisation basique, sans y ajouter sa propre vision ou créativité. Cette réalisation fade transforme Retribution en un enchaînement de scènes mécaniques dénuées de toute émotion ou de tout impact.

Le long-métrage est un exemple flagrant de tout ce qui peut mal tourner dans un thriller d’action. Il échoue à susciter le moindre intérêt, à offrir une expérience immersive ou à captiver le public. En réalité, Retribution n’est pas seulement un film à oublier, c’est un film qui déclenche un sentiment de regret chez ceux qui ont perdu leur temps à le regarder. L’association de talents tels que Neeson et Antal avec un projet aussi médiocre est inexplicable, et cela soulève la question de savoir pourquoi ils ont choisi de participer à une entreprise cinématographique si dénuée d’ambition ou de mérite artistique – encore plus pour Neeson qui s’enlise dans ce genre de projets au fur et à mesure que sa jambe le lâche.

Retribution se présente comme une adaptation pâle et décevante en comparaison de son prédécesseur espagnol, Appel Inconnu avec Luis Tosar. Alors que ce dernier parvient à créer une expérience cinématographique captivante à travers un scénario ingénieux, des personnages complexes et une mise en scène immersive, l’adaptation américaine échoue à capturer l’intensité et l’originalité de l’original. Les lacunes du scénario prévisible et des personnages peu développés de celle-ci sont accentuées par la comparaison avec la richesse narrative et émotionnelle d’Appel Inconnu. De plus, la mise en scène dépourvue de créativité pâlit en comparaison avec la façon dont le film espagnol utilise habilement les angles de prise de vue pour renforcer la tension. En choisissant de ne pas innover et de se contenter de répéter des éléments familiers, Retribution se condamne à rester dans l’ombre de son modèle, soulignant ainsi le potentiel gâché d’une adaptation qui aurait pu être bien plus.

Ce n’est que le stéréotype du film d’action générique qui a envahi la filmographie de Liam Neeson depuis des années. Nimród Antal, quant à lui, a réussi l’exploit de livrer une réalisation fade et sans âme, transformant un scénario médiocre en un produit cinématographique complètement insipide. Avec Retribution, Neeson et Antal ont atteint un nouveau sommet dans la médiocrité, prouvant qu’ils sont capables de creuser encore plus bas dans les profondeurs inexplorées du mauvais cinéma.

Retribution de Nimród Antal, 1h31, avec Liam Neeson, Noma Dumezweni, Lilly Aspell – Au cinéma le 23 août 2023.

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