Dans un univers parallèle où l’éloquence règne en maître et l’esprit brille dans le firmament du récit, voici la conception cinématographique d’un enfant autrefois rejeté de l’univers Star Wars. Ce rejeton, baptisé Rebel Moon – Partie Un : L’Enfant de Feu de Zack Snyder, se présente non pas simplement comme un fragment d’une odyssée techno-fantastique de six heures envisagée, mais comme un vaste tableau où Snyder, tel un maestro, manie une palette de ressources illimitées, s’inspirant de la grandeur des Sept Samouraïs de Kurosawa. Hélas, cette épopée tentaculaire se déploie comme un labyrinthe de perplexité, une tapisserie tissée de fils trop familiers, avec une exécution technique chancelante comme une marionnette entre des mains novices et une exposition narrative aussi maladroite qu’un bouffon sur des échasses. Le film, semblable à un banquet où seules la moitié des plats sont servis, laisse un goût persistant de rage.
Imaginez une galaxie tyrannisée pendant des millénaires par un empire fasciste, un royaume où des mondes sont pillés tels des fruits mûrs. Mais alors que le destin fait tourner sa roue capricieuse, une faction encore plus malveillante usurpe le trône, jetant le blâme sur des insurgés qui osaient défier les despotes originaux. Voici “Le Monde-Mère”, descendant sur le monde idyllique de Veldt tel un fléau de sauterelles, rappelant les bandits des Sept Samouraïs, avides des subsistances du village. Notre protagoniste, Kora (incarnée par la lumineuse Sofia Boutella), est chargée d’une odyssée aux proportions galactiques — rassembler un mélange de guerriers pour défier l’infâme amiral Noble (Ed Skrein) et ses sbires. Cette quête introduit une cavalcade de personnages, chacun plus éclectique que le dernier : le canaille Kai (Charlie Hunnam), l’esclave Tarak (Staz Nair), la mélancolique bretteuse Nemesis (Bae Doona), et d’autres. Le récit dérive, d’un cours d’eau égaré, à travers ces présentations, chargées d’expositions aussi subtiles qu’un marteau-piqueur.
Alors que nous traversons cet univers, les mondes que nous rencontrons sont peints avec une palette manquant d’imagination — un pastiche de paysages familiers : déserts arides, vaisseaux spatiaux sinistres, dystopies industrielles. Parmi ces décors, les créatures que nous rencontrons — une dame-araignée (Jena Malone), un régent à visage de calamar, un parasite cérébral suceur de cerveau — offrent un aperçu fugace de créativité. Pourtant, nos personnages principaux restent décevamment humains, leur potentiel d’exotisme inexploré, nous laissant désirer un protagoniste avec, peut-être, une paire de bras supplémentaire. Le flair de réalisateur de Snyder offre néanmoins un répit, ses séquences d’action étincelant comme des joyaux dans une mine de médiocrité. Il y a une certaine clarté dans ces moments de spectacle, où les personnages transcendent enfin leurs chaînes verbeuses pour s’engager dans l’art du récit visuel. Cependant, la violence diluée, une concession pour un classement plus doux, diminue l’impact viscéral.
Alors que le rideau tombe sur ce premier acte, on se demande si cela vaut la peine d’endurer une autre heure de récit pour assister à des moments d’action supplémentaires. Rebel Moon – Partie Un : L’Enfant de Feu, malgré toute son authenticité et l’investissement sincère de Snyder, se perd dans un fourré de sa propre création, alourdi par la promesse de plus, mais offrant une expérience semblable à mordre dans un nuage — insubstantielle et éphémère.
Rebel Moon: Partie 1 – Enfant du feu de Zack Snyder, 2h13, avec Sofia Boutella, Charlie Hunnam, Ed Skrein – Sur Netflix le 22 décembre 2024
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JACK5/10 Mid (comme disent les jeunes)Zack Snyder l'a finalement fait, son remake des Sept Samouraïs à la sauce science-fiction. Seul hic, et pas des moindres : le bonhomme pille ses films de chevet (et les siens) sans rien offrir en retour. Rebel Moon, une guerre des étoiles mollassonne malgré son potentiel.