[CRITIQUE] Peace in the Valley – Le deuil n’a pas supermarché

Tyler Riggs se distingue en tant que cinéaste exigeant, dont l’art réside dans l’obtention de performances remarquables de ses acteurs. Dans Peace in the Valley, Brit Shaw illumine l’écran de son talent, offrant ce qui pourrait bien être l’apothéose du 48e festival de Deauville.

L’œuvre s’ouvre sur une scène de quiétude, une famille joyeuse arpente les allées de l’épicerie en quête de diverses denrées. Tout bascule lorsque retentissent des détonations. Ashley Rhodes (interprétée par Shaw) se mue alors en une mère déterminée à retrouver son fils Jesse, égaré dans les méandres du magasin. Tandis que son mari, John (incarné par Michael Abbott Jr.), s’emploie à protéger Jesse, il tombe hélas sous les balles assassines.

La narration de ce drame peut certes s’avérer poignante dans sa représentation des conséquences du décès de John. La tentative de réconfort de Margaret, mère d’Ashley, se heurte à la douleur profonde de cette dernière. Ashley se trouve incapable d’endurer les banalités du quotidien, même les plus anodines telles que le nettoyage de la vaisselle souillée. Alors qu’elle tente de tourner la page et esquisse une relation éphémère dans un bar, les choses tournent mal lorsqu’elle refuse d’aller plus loin. Le lien entre Jesse et son oncle Billy, le frère jumeau de John, offre un éclairage fascinant sur les dynamiques familiales, le seul aspect captivant de ce long-métrage.

Parallèlement, Ashley s’efforce de trouver du réconfort au sein d’un groupe de soutien où elle croise Sandra, une femme elle aussi marquée par une perte irréparable. La scène poignante partagée entre Shaw et Buggs, dans un restaurant, transmet de manière saisissante la difficulté de faire face à l’absence d’un être cher. Leur jeu est électrisant, captivant l’attention du spectateur.

Ashley, promptement persuadée d’être enceinte, multiplie les tests de grossesse pour confirmer sa condition. Son altercation avec le vendeur du magasin, une scène typique du style de Riggs, ajoute une tension palpable à l’intrigue. Cependant, cette virtuosité narrative n’atténue pas le sentiment de répétition et de lenteur qui s’installe après les premières trente minutes du film.

La relation mère-fils entre Ashley et Jesse constitue le cœur de l’histoire. Malgré la force émotionnelle de ces échanges, trop souvent académiques dans leur mise en scène, ils laissent le spectateur sur sa faim. Brit Shaw excelle dans son interprétation, chaque scène transpirant de réalisme et de vérité. Ashley, une femme en quête de reconnaissance, trouve dans ses étreintes une issue désastreuse, son désir d’approbation maternelle ne faisant que souligner sa vulnérabilité.

Pourtant, l’espoir éphémère distillé à la fin du récit n’arrive pas à pallier l’ennui qui s’installe, notamment dans les scènes les plus pénibles, celles que d’autres films auraient pu éviter. Bien que le long-métrage puisse émouvoir les spectateurs qui s’immergent dans son rythme lancinant, il ne parvient pas à exploiter pleinement les événements contemporains pour susciter une empathie sincère.

En dépit de ses lacunes, Peace in the Valley mérite d’être vu pour la performance magistrale de Brit Shaw. Sous la direction de Tyler Riggs, Shaw atteint des sommets, touchant au plus profond ceux qui ont connu la perte d’un être cher et ont dû poursuivre leur chemin avec peu de soutien. Bien que le film puisse être pesant, il reste un témoignage poignant de la résilience humaine face à l’adversité.

Peace in the Valley de Tyler Riggs, 1h28, avec Brittany Shaw, Michael Abbott Jr., William Samiri – Prochainement

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