48ᵉ FESTIVAL DE DEAUVILLE (2022)

[CRITIQUE] Peace in the Valley – Le deuil n’a pas supermarché

Tyler Riggs est un réalisateur qui exige des performances fortes de ses acteurs. Dans Peace in the Valley, Brit Shaw est totalement étonnante dans ce qui est sans doute l’une des meilleures performances du 48e festival de Deauville. Peace in the Valley s’ouvre sur une famille joyeuse qui se rend à l’épicerie pour acheter un certain nombre d’objets. Lorsque des coups de feu retentissent, Ashley Rhodes (Shaw) fait tout pour retrouver son fils Jesse perdu dans le magasin (William Samiri). Le mari d’Ashley, John (Michael Abbott Jr.), va s’occuper de Jesse après avoir placé Ashley dans un endroit sûr. Malheureusement, John est tué.

Ce film peut être très correct dans la façon dont il dépeint les scènes qui suivent la mort de John. La mère d’Ashley, Margaret (Dendrie Taylor), tente de la consoler, mais Ashley pleure la disparition de John. Ashley ne peut pas supporter les routines quotidiennes qui consistent à nettoyer la vaisselle souillée. Alors qu’Ashley essaie d’aller de l’avant et se lie brièvement avec un homme dans un bar (Jordan Cox), les choses ne se terminent pas bien quand Ashley refuse d’avoir des relations sexuelles avec cette personne. Jesse a un lien avec son oncle Billy qui est le frère jumeau de John (il est interprété par Abbott Jr. une fois de plus), mais Billy est une sorte de loser dont l’interaction avec la famille a des développements fascinants à mesure que l’intrigue se développe – c’est le seul développement intriguant du long-métrage. Entre-temps, Ashley essaie d’entrer dans un groupe d’aide pour surmonter son chagrin et rencontre une femme nommée Sandra (Nicky Buggs) qui a elle aussi subi une perte importante. La scène importante entre les personnages de Shaw et Buggs dans un restaurant est tout à fait excellente et les deux actrices donnent vie de manière étonnante à l’idée qu’il est difficile de faire face à l’absence d’un être cher. Regarder ces deux-là jouer n’est rien moins qu’électrisant.

Ashley croit rapidement qu’elle est enceinte et achète un certain nombre tests de grossesse pour s’assurer que le résultat final est correct. Ashley a ici une interaction disgracieuse avec le vendeur du magasin et ce type de scène sur le fil est ce que Riggs réussit le mieux, fâcheusement cela n’aide pas le rythme et la redondance de ce Peace in the Valley qui chute après les trente premières minutes. Une autre scène entre Ashley et son médecin (Guy Messenger, très bien interprété) est si réaliste qu’elle peut laisser le spectateur sur sa faim, tant elle est effrayante. Peace in the Valley se concentre beaucoup sur le lien entre Ashley et Jesse, son fils. Lorsque la chimie s’éteint parce que la facture n’a pas été réglée correctement, Jesse devient très anxieux et Ashley doit essayer de le guider sur une autre voie parce qu’elle n’a pas le temps (ou probablement pas l’argent) de passer du temps au téléphone. Les scènes que la mère partage avec son fils ont beau être déchirantes et touchantes tout au long du film, elles sont beaucoup trop académiques dans la mise en scène pour provoquer plus que ce qu’on a déjà ressenti dans beaucoup d’autres films du genre. Brit Shaw est parfaite dans ce qu’elle doit faire. Chaque scène dans laquelle elle joue est crue et réelle. Ashley est une femme qui n’a apparemment rien à montrer. Lorsqu’elle a des rapports sexuels avec un personnage clé, la catastrophe s’ensuit. Elle doit chercher la reconnaissance et le luxe de sa mère et quand elle le fait, la scène qui s’ensuit entre Ashley et Margaret est assez puissante.

Néanmoins, il est fort dommage de remarquer que la lueur d’espoir de la fin qu’il essaye de donner parmi les nombreux désespoirs présents dedans fait aucun effet. Riggs ne parvient pas a épargner l’ennui chez le spectateur surtout dans les scènes les plus difficiles, celle qu’un autre film aurait pu éviter. Ce film peut être très émouvant si vous parvenez à entrer dans ce rythme très (trop ?) étendu. Il est techniquement bien fait photographié et comporte de nombreuses scènes qui sonnent juste et font comprendre aux spectateurs comment un événement dévastateur peut entraîner une spirale incontrôlée dans la vie. Mais c’est malheureusement tout. Le film a beau être actuel, il n’utilise pas assez les évènements récents pour nous impliquer sereinement.

Peace in the Valley est un film qui vaut le coup pour Brit Shaw. Tyler Riggs a aidé Shaw à atteindre la grandeur dans un travail qui touche de près tous ceux qui ont déjà perdu quelqu’un trop rapidement et qui ont dû avancer dans la vie avec peu de soutien de la part des autres. Bien que le film puisse être très lourd…

Note : 2.5 sur 5.

Peace in the Valley présenté en compétition de la 48e édition du festival du cinéma américain de Deauville

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Louan Nivesse

Rédacteur chef.

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