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[CQL’EN BREF] Rebel Moon, director’s cut (Zack Snyder)

Zack Snyder n’a jamais réalisé une version longue qu’il ne chérissait pas. Ses œuvres, telles que Watchmen, Batman v Superman et Zack Snyder’s Justice League, illustrent ses ambitions sans bornes. Ces éditions prolongées enrichissent ses films, révélant que l’allongement de la durée est indispensable à sa vision artistique. Les versions étendues de Rebel Moon – Partie 1 : Calice de sang et Partie 2 : La malédiction du pardon, totalisant 6 heures et 17 minutes, ne dérogent pas à cette règle : la grandeur s’épanouit avec du temps. Les versions abrégées, Enfant du feu et L’Entailleuse (4 heures et 16 minutes), se résumaient en une sorte de “Les Sept Samouraïs dans l’espace”, édulcorant ainsi la richesse des références de Snyder. La guerrière paria, interprétée par Sofia Boutella, rassemble des combattants pour défendre un village contre une force supérieure. Les nouveaux chapitres élargissent cette trame pour offrir une analyse plus profonde de la violence impériale et de son déclin inéluctable.

La nouvelle version s’ouvre sur une séquence additionnelle de vingt minutes. L’Imperium, bras armé du Monde-Mère dirigé par Balisarius (Fra Fee), dévaste un monde abritant les leaders d’un mouvement rebelle, exterminant brutalement la population. Cette introduction précise les enjeux et les tourments psychologiques des héros, tout en posant les bases d’une mythologie des anciens monarques bienveillants et de la déviation de leur gouvernement. Les marges élargies permettent à Snyder de s’adonner librement à ses passions, incluant davantage de scènes de sexe, de violence, ainsi que des sous-intrigues impliquant des robots et des créatures orcs. Cette version étendue améliore-t-elle les originales ? Oui, malgré quelques réserves. Le temps supplémentaire renforce l’action, un domaine où Snyder excelle, pourvu que son montage ne le trahisse pas. Les versions longues clarifient les échos des Sept Samouraïs de Kurosawa et de Star Wars de Lucas, tout en évoquant Les Nibelungen et Metropolis de Lang. Snyder déploie pleinement ses visions gladiatoriales et fantastiques.

On est plongé dans un univers où l’empire dévore tout, où les machines de guerre, alimentées par des cadavres, pleurent. Une communauté agricole, célébrant la récolte par des rituels sexuels, permet de dévoiler les sentiments des personnages. Snyder s’inscrit dans la tradition des épopées muettes, empruntant librement à des œuvres variées, de Notre pain quotidien de Vidor à Les Moissons du ciel de Malick, en passant par Il faut sauver le soldat Ryan de Spielberg. Rebel Moon est un roman graphique vivant, tout comme ZSJL était une bande dessinée filmée. En tant qu’exercice d’esthétique irréelle, peu de cinéastes explorent autant les possibilités offertes par un blockbuster – Rajamouli en tête. Le dyptique est ancrée dans des sentiments anti-impérialistes, où la résistance guerrilla est érigée en valeur absolue et où les machines de guerre coloniales déchirent l’espace-temps. Cela peut sembler simpliste, mais Snyder a assemblé une vision grandiose de la lutte contre le pouvoir incontrôlé. Cette clarté morale renforce l’excentricité visionnaire et l’imagination colossale du cinéaste. Une ambition démesurée qui, bien que parfois pénalisante, reste étonnamment fraîche. Tout le monde n’aura peut-être pas besoin de plus de six heures de cela, mais on peut espérer que l’un des cinéastes contemporains les plus iconoclastes continue d’être aussi incurablement idiosyncratique.

Rebel Moon – Partie 1 : Calice de sang & Partie 2 : La malédiction du pardon, 6h17, avec Sofia Boutella, Djimon Hounsou, Ed Skrein – Sur Netflix le 2 août 2024

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