Koji Shiraishi est, depuis les années 2000, considéré comme l’un des cinéastes phares de l’horreur, notamment pour son travail autour du found footage, avec des films comme Noroi: The Curse ou Occult. Cependant, il ne se limite pas à ce style. Avec House of Sayuri, il revient à une forme de film d’épouvante plus traditionnelle, en racontant l’histoire d’une famille décimée par le spectre d’une jeune fille hantant leur nouvelle maison. L’expérience de visionnage pourra dérouter certains spectateurs, car il affiche plusieurs visages. Il commence en nous replongeant dans l’ambiance de la J-Horror des années 2000, évoquant notamment Ju-on avec la découverte de cette maison hantée. Puis, Shiraishi laisse éclater sa folie en passant de l’horreur à une comédie déjantée, aux excès presque dignes d’un anime, avant de nous offrir un climax étourdissant, empreint d’une noirceur déchirante qui rappelle Dark Water.
Chaque tonalité est parfaitement maîtrisée. On passe de véritables moments de frayeur (dont un qui fait écho à Kaïro) à de franches rigolades, puis presque aux larmes. Si ces ruptures de ton peuvent déstabiliser, la maîtrise globale nous garde captivés. Le cinéaste s’amuse avec la mise en scène, peu importe l’émotion qu’il souhaite susciter. Il multiplie les idées percutantes, certaines exploitant des effets numériques de façon intéressante, rappelant son film Cult sorti en 2013. House of Sayuri est un objet cinématographique unique, qui dynamite le genre avec une folie créative surprenante. Shiraishi prouve qu’il est encore possible d’aborder ce type d’histoires avec inventivité et audace, malgré des codes bien établis depuis l’essor de la J-Horror au début des années 2000.
House of Sayuri de Kôji Shiraishi, 1h48, avec Ryôka Minamide, Toshie Negishi, Kokoro Morita – Prochainement en salle