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[CRITIQUE] Présidents – Politique, plus que pas assez

Après des mois d’absurdité gouvernementale suite à la pandémie COVID-19, de sa mauvaise gestion, des comparaisons abusives avec les pays frontaliers et une campagne présidentielle qui commence, Présidents d’Anne Fontaine peut être craint comme étant un melting-pot de sketchs plus ou moins balourd sur deux personnages emblématiques d’une époque pas si lointaine. Cependant, la communication et le casting séduisants de cette nouvelle comédie française semblent tout de même susciter un intérêt auprès de nombreux cinéphiles. Effet boule de neige pour se libérer et glousser face à la politique ou juste un esprit pervers pour encore et toujours calomnier les diverses créations drolatiques “grand public” de notre paysage cinématographique français. 

Réalisé par une Anne Fontaine (Police, Blanche comme Neige), motivée et soucieuse de revenir dans un genre qu’elle a si peu assumé, son film est porté par un duo radieux (Jean Dujardin et Grégory Gadebois) admirablement épaulé par Doria Tillier et Pascale Arbillot. Présidents nous permet de suivre Nicolas, un ancien Président de la République qui supporte mal l’arrêt de sa vie politique. Dans un présent où les circonstances lui permettent d’espérer un retour sur le devant de la scène, il lui faut un allié. Nicolas va donc partir en Corrèze, pour convaincre François, un autre ancien président (qui, lui, coule une retraite heureuse à la campagne) afin de faire équipe avec lui. François se pique au jeu, tandis que Nicolas découvre que le bonheur n’est peut-être pas là où il le croyait. Leurs compagnes respectives, elles, seront bientôt de la partie.

C’est dans une logique de cinéma politique entre simulacre et véracité que la cinéaste Anne Fontaine écrit et met en scène une comédie confinée dans la nature où deux profils types idéologiquement opposés doivent collaborer pour faire face à l’extrême-droite. Avec cette attitude frontale de diffuser un discours politique solide à l’approche de nouvelles élections présidentielles, l’écriture a tendance à trop exalter ses deux personnages principaux à la ressemblance purement fortuite. Ainsi, bien que cette dérive empathique puisse nuire à notre plausible dévouement envers ces deux réelles figures, les parodies qui vont à leur encontre restent majoritairement entre l’hilarité et le pincement de nez grâce à des interprétations oscillantes entre la roue libre de Dujardin et la précision d’un Grégory Gadebois, archétype parfait d’un Obélix contrarié d’être en paix avec les Romains. Ce dernier en ressort même comme le plus attachant de l’œuvre par opposition à un Nicolas, qui même sans ses dérives juridiques, ne parvient pas à effacer son amour-propre, son frustrant rictus. Plus ou moins habilement dissimulé dans l’écriture, les différentes confrontations entre les quatre protagonistes pétillent et ensoleillent une œuvre qui respire essentiellement grâce la repartie de ses personnages. Il est clair qu’avec si peu de décors dû à un tournage in extremis en plein confinement, la mise en scène en pâtit. Les plans restent figés, le montage organique et la disparité environnante verte, répétitive. 

Exigeant dans son fond et retournant les attentes dans son final, Présidents trace sa voie parmi les comédies françaises attrayantes de ce début d’été. La plume reste décente là où l’esthétique blafarde paraît redondante au fur et à mesure que le film se tasse. Heureusement que le quatuor d’acteurs parvient à éclaircir l’écran, à se raccorder au texte de la scénariste/réalisatrice. Une comédie adéquate qui nous permet de décompresser suite à une période plus que contraignante sur le plan politique.

Présidents au cinéma le 30 juin 2021.

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