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Sarah Montpetit | Vampire humaniste cherche suicidaire consentant

Au lendemain de la projection de Vampire Humaniste cherche suicidaire consentant au Festival International du Film d’Amiens (FIFAM), nous rencontrons Sarah Montpetit, l’actrice principale, dans un moment suspendu, entre effervescence et réflexion. Cette année, le festival se pare de noir et d’une touche d’hémoglobine, rendant hommage aux vampires à travers une sélection de films et des conférences, célébrant cette créature fascinante et intemporelle du cinéma.

Adam Herczalowski : Bonjour, Sarah Montpetit. Comment te sens-tu après la projection d’hier soir au FIFAM ?

Sarah Montpetit : Très bien ! Je suis ravie. Je ne connaissais pas du tout le FIFAM, donc c’était un peu un saut dans l’inconnu, et ça a été une jolie surprise. On a commencé la soirée dans un cadre presque mystique, à l’abbaye de Saint-Riquier, devant une petite dizaine de personnes. Puis, nous avons enchaîné avec une projection au cinéma Saint-Leu, où un public varié et nombreux nous attendait. L’atmosphère était électrique… et un peu étouffante aussi (rires) ; il faisait si chaud que je me demande si les rires des spectateurs étaient spontanés ou si l’air manquait vraiment !

Enzo Durand : Pour revenir sur le film, comment es-tu arrivée sur ce projet ?

S.M : J’ai eu la chance de lire le scénario complet avant même l’audition, ce qui est rare. J’ai tout de suite été happée : un film de genre, sur les vampires, c’est quelque chose d’assez unique, surtout dans le cinéma québécois. Le dernier film de vampires emblématique chez nous, c’était Karmina (1996) de Gabriel Pelletier, et disons que ça a vieilli ! De plus, c’est le premier long-métrage d’Ariane Louis-Seize, dont j’admirais déjà les courts-métrages, empreints de force et de profondeur, souvent portés par des personnages féminins captivants. Je savais que je serais entre de bonnes mains avec elle.

E.D : Surtout qu’Ariane Louis-Seize avait déjà exploré le fantastique dans ses courts-métrages.

S.M : Exactement. Elle avait même fait visionner A Girl Walks Home Alone At Night à l’actrice de son premier court, qui racontait l’histoire d’une femme se transformant en serpent. Ariane est passionnée par les figures mystérieuses comme celle du vampire. Concernant le casting, j’ai passé deux auditions, dont une avec Félix-Antoine Bénard, mon partenaire dans le film. C’était… une catastrophe (rires) ! Nous étions si mal à l’aise ensemble, l’alchimie semblait inexistante. Et c’est justement ce que la réalisatrice a adoré ! Par la suite, nous avons eu beaucoup de répétitions, ce qui est un luxe. Cela nous a permis d’affiner notre timing comique, ce qui était essentiel pour traiter des sujets lourds comme la dépression et les pensées suicidaires, tout en leur donnant une tonalité juste.

A.H : As-tu visionné d’autres films de vampires pour nourrir ton personnage ?

S.M : Oui ! J’ai revu Only Lovers Left Alive de Jarmusch, Thirst de Park Chan-wook, et Morse d’Alfredson. Chaque film de vampire a sa propre esthétique, mais tous partagent une étrangeté palpable que j’ai voulu capturer. Pour la gestuelle, j’ai aussi étudié Scarlett Johansson dans Under the Skin, son corps semble émettre une aura de mystère et de distanciation. D’ailleurs, dans Vampire Humaniste cherche suicidaire consentant, il y a une scène clin d’œil où je mange une poutine avec dégoût, comme Scarlett mangeait un gâteau. C’est un peu notre version québécoise ! Par contre, je n’ai pas revu Twilight (rires), ce n’était pas tout à fait la même approche. Ariane, elle, s’est plongée dans les racines classiques du mythe : elle a même contacté un homme se déclarant « vampire » pour lui poser des questions. Apparemment, il n’a pas trop apprécié ses interrogations sur l’ail et les croix (rires) !

Gaël Delachapelle : Le vampire est souvent associé au genre coming of age, même si ce registre semble parfois usé, notamment à cause de Twilight. Comment as-tu approché ce rôle pour insuffler une nouvelle vie à ce stéréotype de la vampire adolescente ?

S.M : J’ai tenté d’apporter quelque chose de très personnel à ce personnage sans indications directes d’Ariane. Nous avons aussi établi des repères avec les autres acteurs vampires, comme cette lenteur mystérieuse dans la parole, suivie de gestes parfois fulgurants, pour marquer leur rapport unique au temps. Immortels, ils perçoivent les choses différemment. J’ai aussi joué avec le souffle, une respiration propre à mon personnage, pour accentuer son étrangeté. Concernant la relation entre mon personnage et celui de Félix, nous avons préféré laisser planer le doute, que ce soit sur la nature amoureuse ou amicale de leur lien, laissant le public libre de l’interpréter. Ariane évite aussi les clichés du coming of age, notamment en refusant de sexualiser mon personnage, là où beaucoup de films de vampires cèdent à cette tentation.

E.D : Quels sont tes prochains projets ?

S.M : Je viens de terminer le tournage du premier long-métrage de Brigitte Poupart, une figure emblématique du théâtre québécois, qui se lance dans la réalisation. Le film s’intitule… (elle cherche le nom) Où vont les âmes ?. J’y incarne une jeune fille malade qui demande l’aide médicale à mourir, un sujet profondément touchant. Nous avons travaillé avec des médecins spécialisés et échangé sur ce thème délicat, qui parle de dignité et de liberté. Je pense que le Québec est en avance sur cette question essentielle ; pour moi, c’est un droit fondamental.

| En compagnie d’Adam Herczalowski (La Septième Illusion) et de Gaël Delachapelle (CinéCinéphile).