Plusieurs années après le décès de leur mère et de leur petit frère, Rini et ses frères emménagent avec leur père dans un immeuble étrange situé en périphérie de Jakarta. Le réalisateur Indonésien Joko Anwar revient avec la suite de son film à succès Satan’s Slaves sorti en 2018. Si le premier opus avait déjà frappé fort au box office local, en faisant un des dix plus grands succès de tous les temps, sa suite se place, quant à elle, à la troisième place du classement en nombre d’entrées. Une sortie événement, puisque le film fut le premier à être présenté en format IMAX.
On s’aventure donc dans un huis-clos de près de deux heures dans cet immeuble aux nombreux appartements, qui se videra de plus en plus à mesure que le récit avance, et que la nuit tombe… Le film prend son temps pour installer une atmosphère macabre, en jouant avec les moindres petits recoins des appartements, ainsi qu’avec les quelques sources de lumière restantes dans l’obscurité causée par la tempête. Même sans avoir vu le précédent volet, il est aisé de comprendre l’essentiel de l’intrigue, structurée comme un classique train fantôme.
On ressent l’influence du travail de James Wan sur les Conjuring, notamment dans la mise en scène qui joue sur l’attente d’un jumpscare, et parvenant à les placer au bon moment à chaque fois sans que ce soit trop grossier. Le découpage est assez précis lors des scènes horrifiques, comme par exemple la terrible séquence de l’ascenseur, alternant les points de vue pour amplifier la tension. Le cinéaste se sert également de divers éléments glauques (certains ayant un aspect culturel ou religieux) pour créer des images cauchemardesques qui impriment la rétine.
Cependant, le film n’évite pas certaines facilités, donnant lieu à des situations assez peu crédibles et rendant les décisions de certains personnages assez absurdes. Joko Anwar ne parvient pas non plus à introduire la mythologie autour de cet immeuble de la façon la plus claire, et les différentes informations à ce sujet ne sont pas distillées de manière homogène au fil du récit. Certaines scènes sont ainsi rendues artificielles, car on sent que l’on a besoin d’en apprendre plus mais ce n’est pas toujours amené naturellement. De plus, à la fin, un personnage (qu’on n’est voyait plus depuis une heure) débarque, servant littéralement de deus ex machina, et se permet tout à coup un discours explicatif sur les événements du film beaucoup trop didactique pour que cela soit véritablement intéressant.
On sent également que le metteur en scène souhaite produire un troisième volet, et peut-être que le film ne va pas totalement au bout de ses concepts à cause de cela, se retenant de trop donner ici afin d’en garder sous le pied pour la conclusion. Satan’s Slaves: Communion fonctionne très bien en tant que film de fantômes à l’atmosphère morbide, admirablement filmé avec des idées d’effets terrifiants et ingénieux, mais ne parvient pas totalement à convaincre à cause d’une narration tirant trop sur de grosses ficelles, ainsi qu’une mythologie pas suffisamment étoffée et introduite.
Satan’s Slaves: Communion de Joko Anwar, 1h59, avec Tara Basro, Endy Arfian, Ratu Felisha – Disponible sur Shadowz.