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[RETROSPECTIVE] The Doom Generation – Plus de folies, plus de budget

The Doom Generation est un film inclassable de l’année 1995 qui a marqué le cinéma indépendant grâce à son audace, sa provocation et sa vision radicale. Ce cinquième long-métrage de Gregg Araki, qui s’inscrit dans sa trilogie de l’adolescence apocalyptique, défie comme The Living End et Totally Fucked Up, les codes du cinéma et bouscule nos attentes. Doté d’un scénario riche en références à la culture pop et en satire politique, il remet en question le point de vue cisgenre des personnages et de l’Amérique tout en créant un choc entre réalité visuelle et hyper-réalité.

En 1995, une multitude de films sur l’adolescence ont vu le jour, chacun apportant une perspective différente sur la jeunesse. Contrairement à des films comme Clueless ou Kids (de Larry Clark, autre grande figure du cinéma indépendant américain que l’on peut comparer à Araki) qui explorent l’adolescence d’une manière plus légère ou plus sombre, The Doom Generation se démarque par son audace narrative et visuelle et trouve son équilibre en embrassant la noirceur et l’absurdité de cette période de la vie. Le cinéaste avait déjà exploré le thème de la jeunesse marginalisée dans ses précédents films, mais ici il marque un tournant en raison de son budget plus important et de sa distribution plus traditionnelle. Araki avait écrit le personnage de Jordan en pensant à l’acteur James Duval, illustrant ainsi son désir de créer une connexion profonde entre le personnage et l’interprète.

Le passage à la réalisation en 35 mm et le budget accru ont constitué un défi. En dépit des contraintes, il a réussi à maintenir sa créativité, tandis que des événements imprévus, comme le tremblement de terre de Hollywood en plein tournage, ont ajouté une dimension inattendue à l’expérience de création. Le dialogue audacieux du film est l’une de ses caractéristiques marquantes, avec des répliques provocatrices, crues et mémorables. Ce style unique de dialogue crée une atmosphère d’ironie et de culture pop. Il aborde également la violence et la sexualité d’une manière qui le distingue de ses contemporains. La violence est traitée de manière ironique, ce qui contraste avec d’autres films de l’époque, tandis que la sexualité est explorée de manière non conventionnelle, avec des scènes suggestives et provocatrices.

À sa sortie, l’œuvre a suscité des réactions polarisées, allant de l’indignation à l’admiration. Certains spectateurs ont été choqués par le langage explicite et la violence du film, tandis que d’autres ont célébré son audace. Même les critiques ont été divisés, certains encensant le courage du film, tandis que d’autres le critiquaient pour son mauvais goût. C’est grâce à ces réactions que le film a acquis un statut culte au fil des années (la même conséquence que l’acharnement contre Irréversible à Cannes en 2002) et continue d’influencer la culture des adolescents.

The Doom Generation transcende les générations pour devenir un objet de fascination durable. Il conserve sa pertinence en dépit des évolutions sociales et culturelles depuis sa sortie, explorant des thèmes tels que l’intolérance et l’aliénation, qui continuent de résonner avec le public contemporain. Le film demeure une œuvre cinématographique hors du commun, impressionnant par son style singulier et son audace provocatrice. Il est donc recommandé de le découvrir, plongeant ainsi dans son univers intense et envoûtant, mettant en avant une Rose McGowan au zénith de son talent.

Le gros problème que je rencontre ici, c’est qu’il est toujours difficile de parler d’un de mes films préférés. Ce que je vous propose, c’est qu’on passe à autre chose pour que j’en reparle de manière plus détaillée dans les autres articles de la rétrospective. Ça vous convient ? Fuck yeah.

The Doom Generation de Gregg Araki, 1h25, avec James Duval, Rose McGowan, Cress Williams – Sorti en 1995