Si le nom de Ridley Scott retentit bien souvent quand on parle de cinéma, c’est parce que le monsieur s’est bâti une filmographie des plus solides. On le connaît pour ses grands films de science-fiction, Blade Runner ou le premier Alien, ou encore pour ses splendides reconstitutions historiques, telles que Gladiator ou Kingdom of Heaven.
Mais dans une filmographie vieille de près de 50 ans, Scott a exploré de nombreux genres et compte des réalisations mineures, peu mentionnées car dans l’ombre de ses grands films. Les Associés est dans ce cas de figure. Sorti en 2003 et intercalé entre deux impressionnants films de guerre, La Chute du Faucon Noir et Kingdom of Heaven, c’est un film plutôt oublié dans la carrière de Scott. Il en est de même dans la carrière de Nicolas Cage, son acteur principal, dont on retiendra plutôt ses deux films suivants, que sont Benjamin Gates et Lord of War.
Les Associés est un film qui suit un arnaqueur, incarné par Nicolas Cage, qui fait ses coups avec son ami Sam Rockwell. Mais quand Roy, le personnage de Cage, retrouve sa fille de 14 ans, qu’il n’avait jamais vu à la suite de son divorce, la vie de tous nos protagonistes va radicalement changer. Si il, ne dégage pas le souffle des grands films de Scott, cela ne l’empêche pas d’être une très bonne comédie dramatique. Nicolas Cage joue un personnage malade, plein de tics et de TOC que le réalisateur représente parfaitement à la caméra. On a rarement a vu Ridley Scott filmer ainsi. Il suit toutes les manies de Roy et fait un film au rythme effréné, réalisation que l’on pourrait comparer à certains moments à d’autres films survoltés de Nicolas Cage comme Snake Eyes ou À Tombeau Ouvert.
D’une grande rigueur dans sa réalisation, une autre des forces du film et la très bonne dynamique entre les personnages de Cage et de Alison Lohman qui joue donc sa fille. Les deux s’entendent parfaitement, un père et une fille cherchant à rattraper le temps perdu et à découvrir l’autre malgré les énormes soucis de communication qu’ils peuvent avoir. De prime abord un film d’arnaqueurs, Les Associés se mue peu à peu en une belle histoire familiale qui va faire changer la vision du monde de nos protagonistes. Cependant, le métier de Roy n’est pas mis de côté, le spectateur va pouvoir assister à toute sorte de tours de passe-passe d’un Cage, toujours dirigé, jamais en roue libre, même si on le sent, il frôle souvent l’excès. Le père donne certaines de ses combines à sa fille, là encore la relation entre les deux acteurs est à saluer, car malgré des moments assez tragiques, le long-métrage ne tombe jamais dans le larmoyant et l’émotion facile.
Sous ses allures de film mineur, Scott n’hésite pas à citer quelques grands films. On y retrouve toute la verve de ces sympathiques comédies d’arnaque distordant notre perception de la réalité. La paranoïa peut d’ailleurs prendre le spectateur habitué à ce type de cinéma, qui se demande au bout d’un temps si tout ce qui se passe sous nos yeux n’est pas une énième combine d’un de nos personnages. Mais grâce à un scénario habile, Scott laisse planer le doute sur ses intentions et ne donne les clés de son récit avec parcimonie. La citation que l’on trouvera des plus étonnantes dans le film viendra dans sa dernière scène qui semble être un étrange écho à l’une des scènes de fin du Lolita de Kubrick. Scott s’empare du chef-d’œuvre de 1962 pour en faire une scène totalement opposée et absolument magnifique.
Accompagné d’une B.O. discrète mais qui lui sied très bien, Les Associés porte à merveille un héritage du film d’arnaque et de petites combines. Moins clinquant que ses grosses productions, mais bien plus réussi que ses quelques écarts comme Une Grande Année qui sortira 3 ans plus tard, il est l’un des nombreux exemples montrant que Ridley Scott, au XXIe siècle, s’il divise, n’a pourtant rien perdu de sa superbe, de son talent pour diriger des acteurs et de sa maîtrise de la caméra.
Les Associés de Ridley Scott, 1h56, avec Nicolas Cage, Sam Rockwell, Alison Lohman – Sorti le 17 septembre 2003 au cinéma