[RECAP #3] En Boucle & Run and Kill (PIFFF)

EN BOUCLE, de Junta Yamaguchi (en compétition)

En 2020, Junta Yamaguchi avait surpris avec son premier long-métrage, Beyond the Infinite Two Minutes, qui explorait le concept de boucle temporelle, à travers un seul plan séquence de 71 minutes. Il revient ici avec River (En Boucle), qui parle à nouveau d’une boucle temporelle autour de la même durée. Là où ce qui faisait l’originalité du premier film, voir le futur 2 minutes plus tard à travers un écran, donnait lieu à une redondance qui rendait le film très convenu, cette fois, le réalisateur évite ce piège.

 Le temps se rembobine à chaque fois 2 minutes dans le passé, ramenant les personnages exactement à l’endroit où ils se trouvaient, mais en gardant la mémoire de ce qu’il s’est passé à chaque boucle. Ce dispositif permet d’offrir un certain nombre de situations cocasses (un client se retrouve bloqué à l’infini dans son bain), et permet de faire avancer le récit de façon totalement imprévisible, contrairement au précédent film. Les personnages sont tous assez sympathiques, et le décor naturel de montagne autour de cette auberge traditionnelle est sublime, renforçant l’effet de bulle hors du temps que l’on nous raconte. Une petite comédie de science-fiction rondement menée par le cinéaste nippon, parvenant à se renouveler et à surprendre, alors que sur le papier, on pouvait s’attendre à une redite de son premier film.

RUN AND KILL, de Billy Tang (la séance interdite)

La séance de minuit de ce samedi soir au PIFFF nous a réservé nulle autre qu’un des plus célèbres films Hongkongais de Catégorie III, fraîchement restauré avant sa sortie en format physique par Spectrum Films. On y retrouve Kent Cheng, un second couteau connu notamment pour les Ip Man avec Donnie Yen, ainsi que Crime Story avec Jackie Chan, dans le rôle de Cheung, un type assez pathétique qui découvre que sa femme a une liaison. Son désespoir le mène à commanditer par erreur l’assassinat de son épouse infidèle auprès de malfrats, lors d’une soirée beaucoup trop arrosée. Un effroyable malentendu aux conséquences désastreuses, menant Cheung tout droit dans une spirale infernale dont il lui sera difficile de sortir. 

Run and Kill mérite amplement sa classification, puisque le niveau de violence et d’immoralité atteint des niveaux assez ahurissants. Simon Yam, habitué des films de Johnnie To, incarne ici un gangster assoiffé de vengeance, qui traquera Cheung jusqu’à son dernier souffle, dans une de ses interprétations les plus folles. Le film ne se repose cependant pas sur ses excès de violence et de nihilisme, puisque Billy Tang nous offre une mise en scène soignée, et des scènes d’action d’excellente facture, tout cela emballé dans une sublime photographie en majorité nocturne (la copie restaurée fait des merveilles) et une très jolie bande originale. Un classique de la Catégorie III que tous les amateurs de cinéma bis devraient avoir vu, mais c’est aussi un très bon polar désespéré mais jouissif, comme Hong-Kong savait si bien en produire à l’époque.

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