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[CRITIQUE] Terrifier 3 – Bloody Christmas

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Par Vincent Pelisse

Après Terrifier 2, sorti chez nous début 2023 et se terminant sur une fin délirante, Damien Leone nous embarque à nouveau dans cet univers sanglant où sévit le clown psychopathe nommé Art. Les deux premiers opus se déroulaient à Halloween, tandis que celui-ci prend place pendant la période de Noël. Une occasion idéale pour Art de massacrer des enfants, et ce, dès la scène d’ouverture. Cependant, contrairement à l’habituelle boucherie pleine cadre, le cinéaste utilise cette fois le hors-champ et le sound design pour représenter l’acte. Cela lui permet de ne pas dépasser certaines limites tout en préservant le choc dramatique de la scène durant quelques minutes.

Copyright Jesse Korman

Seules deux femmes ont survécu à ses attaques : Victoria Heyes dans le premier volet, atrocement défigurée et devenue complice d’Art, contaminée par la folie et le Mal, jusqu’à se lier avec lui organiquement dans une scène d’accouchement cauchemardesque. Pour Sienna Shaw, la final girl héroïque du second opus, une lutte interne contre ce traumatisme s’est développée, la faisant parfois perdre pied avec la réalité. Son personnage avait pris une tournure passionnante dans le dernier tiers du précédent film, avec un costume de guerrière ailée inspiré des croquis de son défunt père, lui conférant de véritables pouvoirs pour affronter Art. Peut-être ce dernier a-t-il un lien avec les œuvres de son paternel ? Cette dimension artistique qui prend vie dans la réalité est stimulante, rendant l’extension de l’univers de ces films assez singulière.

On se concentre ici sur le traumatisme de Sienna, comme beaucoup de final girls avant elle (Laurie Strode, Sidney Prescott…). Dès que la menace resurgit dans sa vie, elle tentera d’affronter ses peurs pour protéger ceux qu’elle aime. Ce parcours a du sens, mais est semé d’embûches, car elle doit faire face à un entourage qui ne prend pas ses angoisses au sérieux, à des hallucinations (elle n’est pas la seule à être hantée par le clown), et évidemment au retour de son bourreau, assisté cette fois de Victoria Heyes. Art le clown revêt cette fois un costume de père Noël, bien utile pour passer inaperçu dans des lieux publics et poursuivre ses meurtres affreux. Si l’on n’atteint pas l’extrême horreur graphique de la fameuse scène de la chambre de Terrifier 2, ce troisième film propose son lot de mises à mort inventives (dont une impliquant un tube digestif), toujours chargées en hémoglobine et en chair arrachée. Damien Leone fait à nouveau preuve d’un sens du découpage aiguisé dans les scènes de meurtre, tout en exploitant le potentiel goguenard et terrifiant de son boogeyman à travers le montage.

Copyright ESC Distribution

Cependant, là où les deux premiers films semblaient fauchés, voire amateurs dans certains aspects (effets spéciaux mis à part), ce troisième volet, bénéficiant d’un budget de 2 millions de dollars, soit environ huit fois plus que le précédent, affiche une qualité de production nettement supérieure. L’image est encore plus travaillée, les acteurs secondaires sont moins calamiteux, et le cinéaste maîtrise davantage le tempo de ses plans et sa direction d’acteurs. Le casting principal reste solide, avec Lauren LaVera, qui s’impose comme une final girl mémorable et singulière, Samantha Scaffidi, qui se donne à fond dans cette interprétation démoniaque à nous glacer le sang, et bien sûr David Howard Thornton, qui excelle dans les registres comiques et psychotiques du personnage.

Terrifier 3 remplit parfaitement son contrat en proposant un spectacle gore et grand-guignolesque, qui tâche le sapin de Noël et les murs de sang et de boyaux à souhait. Un vrai plaisir régressif, rappelant les belles heures de la franchise Freddy, avec des effets spéciaux pratiques, encore une fois, impressionnants. Un quatrième volet a été annoncé par Damien Leone, expliquant cette fin en suspens, mais pleine de promesses.

Terrifier 3, de Damien Leone, 2h05, avec Lauren LaVera, David Howard Thornton, Samantha Scaffidi. Au cinéma le 9 octobre 2024.

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