Sakra2023 signe le retour à la réalisation de Donnie Yen, qui depuis quelques années se consacre principalement à la chorégraphie et la mise en scène de l’action, notamment dans Raging Fire2022 de Benny Chan. Une fois n’est pas coutume, il se lance dans la réalisation d’un Wu Xia Pian (film de sabre chinois, dépeignant la figure du chevalier errant), en adaptant le livre Demi-Gods and Semi-Devils de Jin Yong. On suit ici Qiao Feng, le leader d’une bande d’artistes martiaux, qui se retrouve accusé à tort de meurtre, et banni de son clan. Pour prouver son innocence, il devra découvrir la vérité sur ses origines, et ainsi démasquer ceux qui souhaitent le détruire.
Ce qui est intéressant ici, c’est que cette histoire aurait tout à fait pu être le postulat d’un film de Chor Yuen avec Ti Lung en rôle principal, à l’époque de la Shaw Brothers. Une intrigue de Wu Xia axée sur des complots, des manipulations et twists en tout genre… Cependant, Sakra2023 en possède plus ou moins les mêmes tares dans l’écriture, avec un scénario parfois un peu trop alambiqué, abusant de rebondissements. Mais là où les films de l’époque étaient relativement concis, d’une durée avoisinant les 90-100 minutes, le film de Donnie Yen en fait 130. Ce qui peut créer une certaine accumulation indigeste, et un étirement parfois superflu de l’intrigue.
Pour autant, Sakra2023 se suit agréablement, notamment grâce à des scènes d’action réjouissantes. En effet, Donnie Yen démontre à nouveau son grand talent de chorégraphe, avec des mouvements très dynamiques et des coups avec un impact retentissant. Le style du film se situant plutôt dans le fantasy Wu Xia, comme des classiques tels que Bastard Swordsman1983, Web of Death1976, ou Zu1983 (la folie visuelle en moins), Yen opte pour des chorégraphies défiant la gravité, mais plutôt que d’utiliser uniquement des câbles, il a recours à pas mal d’effets numériques. Certains sont réussis, d’autres semblent assez artificiels.
On retiendra tout de même au moins la séquence d’action centrale dans un temple, dans laquelle Donnie Yen affronte une multitude d’experts en arts martiaux. Le film a d’ailleurs une assez belle facture visuelle, une jolie photographie, ainsi que de beaux décors et costumes, malgré quelques effets numériques qui ont tendance à ternir un peu le tableau.
Donnie Yen s’en sort très bien dans le rôle principal, et arrive à iconiser correctement son personnage, notamment à travers ses grandes qualités martiales. Toujours un plaisir de revoir, même dans un petit rôle, la formidable Kara Hui, ayant brillé dans les films de Liu Chia-liang à l’époque Shaw Brothers, et que l’on avait également vue se battre contre Donnie Yen dans le Swordsmen2011 de Peter Chan.
En somme, malgré une écriture parfois maladroite et un usage peu judicieux d’effets spéciaux numériques, Sakra2023 reste un honnête Wu Xia Pian, avec des séquences d’action saisissantes, prouvant encore une fois le talent de chorégraphe de Donnie Yen, et que le cinéma de Hong-Kong (et chinois) reste un cran au dessus des productions occidentales dans l’action pure. Le film reprend un peu la formule du MCU, avec une scène post-crédits venant introduire une potentielle suite. Le début d’une nouvelle franchise avec Donnie Yen en vedette ?
Sakra, la légende des demi-dieux, de Donnie Yen, 2h10, avec Donnie Yen, Yukee Chen, Eddie Cheung – Au cinéma le 10 mai 2023
Un commentaire
Merci de vous intéresser à ce film qui est une honnête tentative de rendre hommage au wu xia pian tout en modernisant son langage pour attirer un public occidental qui ne possède pas les codes du genre.
Donnie Yen s’en sort haut la main, sa présence à l’écran et sa maîtrise de la chorégraphie n’étant même plus à prouver.
Le récit est en effet à plusieurs étages car non pas tiré d’un livre mais d’un recueil de nouvelles long de 8 tomes. Sakra n’est que une parmi des centaines d’autres s’étirant sur plusieurs décennies.
Sakra est en fait la racine d’un des personnages principaux de la saga.
Le film introduit également 2 autres personnages qui se réuniront à Qiao Feng pour agir au sein du Jiang Hu. Littéralement, le monde des arts martiaux, qui se comprend en tant que société concernée par ceux qui pratiquent l’art de la guerre, c’est à dire les techniques d’arts martiaux(donc hors normes) et qui sont éventuellement en conflit selon leurs intérêts(de justice ou de conquête de pouvoir). Dans le Jiang Hu, c’est comme dans le monde de Candy, il y a des méchants et des gentils.
Il est vrai que ce langage de films d’arts martiaux est difficilement accessible au public occidental en général, car ceux qui se baignent dedans ont depuis longtemps acquis les codes. En plus, Donnie Yen y introduit du Kung Fu pian car il afffonte des adversaires armés avec ses seules techniques martiales à main nues.
Mais il essaie en tout cas avec ce film de rendre divertissant un récit complexe en donnant une ouverture simple à tous les publics, qu’ils soient asiatiques ou occidentaux.
Une belle preuve d’ouverture d’esprit de la part d’un acteur artiste martial chorégraphe qui a patiemment construit sa carrière aussi bien à Hong Kong, en Chine et en Occident.
Il mérite sur l’on s’intéresse à son cinéma et sa carrière comme l’on pourrait le faire pour Jackie Chan et Jet Li et comme on a pu le faire pour Bruce Lee.
Allez voir Sakra sur grand écran si possible en vostfr, vous passerez un bon moment. Ce n’est que du cinéma.
Et sinon, si vous cherchez un peu, vous pouvez trouver le film en vostfr à partager.