L’Astronaute est un long métrage écrit, réalisé et interprété par Nicolas Giraud. On peut à ce titre parler de projet personnel car justement cette œuvre est l’histoire d’une passion, bien plus qu’un film. Un film qui relate le projet secret d’un ingénieur spatial, l’un des meilleurs selon ses pairs, qui cherche à satisfaire par tout les moyens un besoin secret : aller dans l’espace. On remarque rapidement qu’il partage cette envie fantasque avec le réalisateur et créateur du film. Giraud, avec l’astronaute, parle de ses rêves secrets et tente de leur donner vie par le cinéma. Embarquez avec nous au cœur des étoiles lointaines et des rêves pelliculés.
Il faut bien le dire, cette comédie dramatique commence plutôt mal. La principale cause de cela est la trop grande présence de marques, a tel point que très vite ce qui doit être un film de science-fiction ressemble à du contenu sponsorisé sur Youtube. Beaucoup d’entre elles y passent que ce soit pour des boissons énergisantes, des voitures ou même un célèbre service de livraison. Il n’y a pas de problèmes à financer son film par le placement de produits, c’est un moyen comme un autre de réussir à produire des œuvres couteuses, mais ici l’omniprésence de ces derniers rappellent constamment que nous assistons à un une fiction. Faire sortir à chaque scène le spectateur n’aide pas vraiment à rendre L’Astronaute crédible, surtout que les dialogues très naïfs voir peu crédibles n’aident pas à rentrer à nouveau dans le récit.
Pour contrer ses défauts Nicolas Giraud dispose de deux éléments puissants. Tout d’abord son casting secondaire composé d’acteurs qui vont donner du relief aux dialogues creux. Ainsi grâce à Matthieu Kassovitz (impossible de résumer son immense carrière en quelques films donc nous citerons Les Méchants), Hélène Vincent (Grâce à dieu, Hors-Normes ou l’Origine du Monde), Bruno Lochet (récemment dans Le Dernier Voyage) ou encore Jérémie Renier (à ne pas confondre avec l’interprète d’Hawkeye). L’ensemble du casting donne une performance convaincante voir même touchante lors du dernier acte.
C’est justement lors de son climax que l’œuvre de Giraud déploie alors toute sa force. Son final est attendu et pourtant surprenant. Un paradoxe impossible qui s’explique par le fait que l’on espère voir les dernières minutes impressionnantes malgré le petit budget du long-métrage. Pourtant l’Astronaute surprend et vient vous frapper en plein cœur, avec des effets convaincants et une bande originale digne des grands blockbusters actuels. Des compositions, crées par Superpoze, qui à l’image du film semblent tantôt rendre des moments grandioses et tantôt extrêmement intimes. La grande force de ce drame spatial c’est justement de réussir à créer de grands moments d’émotions sur des silences ou même sur des chaises vides. Dans la dernière scène le vide créer par la mort d’un proche tente d’être remplacer par le vide spatial. Ces dans ces instants suspendus, hors du temps (mais pas de l’espace), que L’Astronaute révèle toute sa grandeur.
On aime, et on vous recommande, ce second film de Nicolas Giraud malgré ses défauts. Ses longueurs, ses naïvetés ou ses placements de produits ne viennent jamais effacer le plus important : c’est un film de passionnés. L’envie de l’espace inonde à chaque instant le film, surtout dans son climax. Mais surtout ce désir de cinéma, de suivre ses rêves les plus fous malgré les difficultés financières ou familiales, vient nous toucher en plein cœur. C’est quoi le cinéma pour Nicolas Giraud ? Un moyen de mettre sur pellicule ses rêves les plus obsessionnels, quoi qu’il en coûte. Et nous soutiendrons toujours cette démarche créatrice à C’est quoi le cinéma.
L’Astronaute de Nicolas Giraud, 1h50, avec Nicolas Giraud, Mathieu Kassovitz, Hélène Vincent – Au cinéma le 15 février 2023.