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[CRITIQUE] La Machine d’Alex – L’enfant illégitime de Crash et Titane (FEMA 2023)

Lorsque l’on découvre La Machine d’Alex, court-métrage de Maël le Mée présenté à Gérardmer, deux choses viennent immédiatement à l’esprit. Premièrement, ce jeune réalisateur semble apprécier le cinéma de Cronenberg, et deuxièmement, il a dû passer un excellent moment devant Titane de Julia Ducournau. Ces influences transparaissent clairement dans les thématiques abordées par cette œuvre, en particulier le body-horror. Avant d’explorer ces aspects plus en profondeur, faisons un tour d’horizon de La Machine d’Alex.

Ce court-métrage de 26 minutes, qui sort de la compétition à Gérardmer, raconte l’histoire d’Alex et de son amie Chloé. Alex est une bio-mécano qui travaille et manipule de la chair artificielle pour créer un moteur. Un soir, Chloé découvre qu’en réalité Alex se livre à des plaisirs bien différents avec sa machine : elle éprouve du désir sexuel envers sa création. En une vingtaine de minutes, ce court aborde de nombreux thèmes, ce qui donne un résultat intéressant mais parfois inégal.

Tout d’abord, l’aspect du “body-horror mécanique” est remarquablement traité, notamment grâce à des plans rapprochés sur la machine d’Alex, rendue crédible au maximum. Prothèses, effets spéciaux numériques, animation et divers fluides sont utilisés pour rendre cette chair artificielle aussi palpable que possible. Le résultat est à la fois troublant et convaincant, de quoi rendre Cronenberg fier de Le Mée. De plus, l’univers d’une société en “harmonie” avec ces créations bio-mécaniques est intéressant et rarement exploité. En quelques minutes, cela suscite notre curiosité pour en savoir plus sur ce monde où ces étranges créations ne sont pas du tout un problème pour la population. Ce qui représente une menace pour la protagoniste, c’est plutôt le regard extérieur sur son activité sexuelle.

La relation entre Alex et sa machine est perçue comme dangereuse tout au long du film. Elle doit se cacher et ne peut profiter de son plaisir sexuel qu’en secret, par peur des répercussions et des jugements moraux. Sa découverte de son propre désir est considérée comme une menace qui se propage, “contaminant” même son amie Chloé. L’idée centrale du film, cette machine, soulève plusieurs questionnements contemporains sur le désir féminin. Que ce soit la peur de l’antagoniste masculin d’être remplacé par un objet sexuel artificiel, la hiérarchie patriarcale qui autorise ce plaisir sexuel, mais seulement s’il reste caché, ou encore la volonté de la protagoniste de s’accepter. Beaucoup d’idées intéressantes sur le papier, mais qui peinent à être pleinement exploitées, en partie en raison de la durée limitée et du scénario écrit par un homme sur le désir féminin.

C’est quoi le cinéma de Maël le Mée ? Ce jeune cinéaste nous propose un court-métrage visuellement impressionnant, que ce soit dans les effets de chair artificielle (digne d’un Cronenberg) ou dans les jeux de lumière dans le garage (digne d’une Ducournau). Son ambition esthétique est impressionnante, tandis que les faiblesses scénaristiques ne sont que des erreurs de jeunesse. Rien qui ne puisse s’améliorer, nous sommes impatients de voir la suite de la carrière artistique de ce réalisateur, dont la détermination semble être en titane.

La Machine d’Alex de Maël le Mée, 25min, avec Lomane De Dietrich, Manon Drugmant, Rio Vega – Projeté à la 51e édition du Festival La Rochelle Cinéma

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