Dans le registre de l’action, un éventail de productions cinématographiques se dessine, mettant en scène des protagonistes évoluant, notamment, en tant qu’assassins en activité ou à la retraite, investis d’une mission qu’ils s’engagent à mener à bien pour diverses raisons. Dans Kate, les réalisateurs ont habilement subverti ce schéma en insufflant à l’intrigue l’urgence d’une échéance imminente : le personnage central, confronté à une fatalité inéluctable, n’a qu’une journée pour accomplir son dessein, rappelant le récent 24h Limit avec Ethan Hawke. Sous la houlette de Cédric Nicolas-Troyan (réalisateur de Le Chasseur et la Reine des glaces), et sur un scénario d’Umair Aleem (Tyler Rake), ce long-métrage, produit notamment par David Leitch, coréalisateur de John Wick, dépeint des séquences d’action divertissantes, malgré quelques choix de mise en scène convenus, où Mary Elizabeth Winstead émerge comme le pilier majeur de l’œuvre.
L’histoire suit Kate (Winstead), une redoutable tueuse contrainte par ses supérieurs à perpétrer un meurtre sous les yeux impuissants de la fille de sa victime. Après dix mois marqués par les séquelles émotionnelles de cet événement, elle exprime à son mentor, Varrick (Woody Harrelson), son désir de se retirer du monde de l’assassinat, une fois sa prochaine mission achevée. Cependant, les choses tournent mal lorsqu’elle échoue à éliminer le chef des Yakuzas, Kijima (Jun Kunimura). Victime d’un empoisonnement à l’issue fatal, elle se réveille à l’hôpital, réalisant qu’il ne lui reste que vingt-quatre heures à vivre. Animée par une détermination farouche à identifier et à punir son bourreau, Kate se lie d’amitié avec la fille de sa précédente cible, la jeune Ani (Miku Martineau). Ensemble, elles entreprennent de venger la mort de Kate, tout en veillant à la santé déclinante d’Ani. Fondamentalement, le long-métrage emprunte les sentiers battus des films d’action. L’héroïne, élevée par un père aux mœurs douteuses pour devenir une tueuse, voit sa vie bouleversée lorsqu’une mission l’expose à un dilemme existentiel.
Malheureusement, le film peine à se détacher de ses références, donnant l’impression d’être un patchwork d’autres œuvres d’action, telles que celles de Leitch, John Wick ou Atomic Blonde, plutôt qu’une création singulière. Bien que ponctuées d’instants palpitants, les scènes d’action manquent de fraîcheur et d’excitation, en particulier lorsque Nicolas-Troyan abuse d’effets de style convenus, comme les éclaboussures de sang sur la caméra. La relation entre Kate et Ani, bien que présentant un intérêt, reste en surface en raison des contraintes imposées par le scénario, qui privilégie les clichés narratifs et les séquences d’action au détriment du développement des personnages. Outre les performances remarquables de Winstead et Martineau, Harrelson incarne avec brio le rôle de Varrick, tandis que Kunimura apporte une gravité saisissante à l’ensemble. Malgré la qualité du casting, le film pâtit d’un scénario peu convaincant.
En définitive, Kate ravira les amateurs d’action et les admirateurs de Mary Elizabeth Winstead, ou ceux intrigués par le concept du film. Bien qu’il ne révolutionne pas le genre ni ne propose une interprétation novatrice du thriller d’action, il offre un divertissement suffisamment captivant pour maintenir l’attention des spectateurs tout au long de sa projection. Néanmoins, il ne s’impose pas comme un visionnage incontournable, et ceux qui ne sont pas séduits par ses prémices ou par les attraits de Winstead pourront aisément passer leur chemin. À l’instar de nombreux films originaux de Netflix, il se positionne comme une œuvre qui aurait pu être grandiose mais qui ne parvient pas à concrétiser ses promesses. Ainsi, bien que les spectateurs en quête de distraction puissent trouver leur compte dans ce long-métrage, il semble peu probable qu’il atteigne le statut de phénomène au sein du catalogue du géant du streaming.
Kate de Cedric Nicolas-Troyan, 1h46, avec Mary Elizabeth Winstead, Woody Harrelson, Michiel Huisman – Sur Netflix le 11 septembre 2021