[CRITIQUE] Jalouse – Le diable s’habille en Benetton (Festival Lumière 2023)

Dans les couloirs d’un lycée parisien et sous son long manteau bleu, Karin Viard incarne Nathalie Pêcheux. Mère d’une jeune danseuse, divorcée et professeure en khâgne, Nathalie se retrouve au pied de la ménopause. Une étape de sa vie qui compliquera ses relations autant amicales que familiales.

Au cours de cette semaine de festival, nous avons pu assister à la projection de Jalouse, dans le cadre de la venue de Karin Viard pour l’occasion, plusieurs projections des films dans lesquels la grande actrice française a pu jouer se sont déroulées. Dans celui-ci, nous suivons le quotidien de Nathalie. Alors que Nathalie mène sa petite vie de bourgeoise intellectuelle parisienne, cette dernière se retrouve soudainement confrontée à ce nouveau sentiment qu’est la jalousie. D’abord envieuse de sa fille, la jalousie s’étend jusqu’à toucher son cercle amical mais aussi professionnel.

© Mandarin Production

Au cœur de cette comédie dramatique, les frères Foenkinos place le personnage principal féminin dans une phase de sa vie particulière qui la rend assez irritable. Une aigreur que son médecin explique par l’arrivée de la ménopause. Jusqu’à commettre l’irréparable dans sa relation mère-fille, Nathalie prend conscience qu’elle est allée trop loin et choisit de se guérir de cette jalousie maladive en travaillant sur elle-même, et surtout en se mettant à la natation. Un sport qui lui permettra de faire la connaissance d’une nouvelle amie quelque peu âgée, lui apportant une certaine sagesse et un moyen de s’éloigner de ce comportement des plus néfastes. Le scénario donnant pourtant un goût plutôt plaisant laisse finalement place à une comédie sans réelle conviction oscillant avec le drame psychologique. Des personnages remarquablement détestables, assez éloignés de la belle plume de l’auteur, réputation que pourtant David Foenkinos détient auprès du grand public.

© Mandarin Production

L’usage de terme bourgeoisie intellectuelle est loin d’être caricatural contrairement au personnage qui l’est réellement. Son entourage insiste maintes et maintes fois sur le parcours scolaire de la protagoniste. Ses seules qualités sont liées à sa réussite à la fois scolaire et professionnelle. Nous rentrons ici dans le stéréotype de la femme parisienne. Toujours plus élégante chaque jour et persuadée que l’approche de la ménopause ainsi que la vieillesse qui gagne son corps chaque jour, soustraient toute la beauté et la fraîcheur de sa personne. Un film qui place la femme comme un être glamour pour Nathalie mais qui peut aussi s’avérer des plus cruels. Nous le voyons à travers les actes de la mère divorcée mais aussi à travers le personnage de sa meilleure amie, incarné par Anne Dorval. L’infidélité et son rapport à celui-ci sont exagérés et antipathiques. Des personnages féminins égoïstes qui pensent que le monde tourne autour d’elles. Une toile de relations ambiguës où l’égocentrisme et la vanité priment.

La femme nous est présentée comme une coquille vide toujours distinguée dans son apparence physique, à la fois narcissique et individualiste (même si le film veut nous montrer les efforts qu’elle fait pour ses proches). Malgré le jeu d’acteur et l’amour porté à Karin Viard, Jalouse constitue un long métrage assez médiocre où l’image féminine, au-delà de l’image sensuelle et élégante qu’elle renvoie, est loin d’être valorisée.

Jalouse de David et Stéphane Foenkinos, 1h47, avec Karin Viard, Anne Dorval, Anaïs Demoustier – Sorti le 8 novembre 2017

3/10
Note de l'équipe
  • Kimly Del Rosario
    3/10 Simple comme nul
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