[CRITIQUE] Immaculée – La Foi Crétine

Michael Mohan est un réalisateur avec plus de 10 ans de carrière. Vous ne connaissez probablement pas ses premiers longs-métrages, tels que One Too Many Mornings ou Save the Date. Cependant, vous avez peut-être vu son précédent film, The Voyeurs, sorti sur Prime en 2021. Cette réinterprétation peu mémorable de Fenêtre sur Cour mettait en vedette Sydney Sweeney, que l’on retrouve dans son nouveau film, Immaculée.

Pour son nouveau film, Mohan s’expatrie en Italie. Le pitch est celui d’un thriller horrifique classique : Cecilia, une religieuse américaine, débarque dans un nouveau couvent au cœur de la campagne italienne. Ce bâtiment cache des secrets étranges et la jeune femme va vite s’en rendre compte. Une accroche simple donc, pour un nouveau film d’épouvante au sein d’un cadre pieux, un genre qui a sa place dans les festivals. On peut notamment citer Saint-Maud, grand prix à Gérardmer en 2020, ou The Power, à l’Étrange Festival en 2021. Mais Immaculée est assez différent de ces deux films britanniques, et est bien plus proche du cinéma d’horreur américain auquel on n’est pas souvent habitué en salle et qui n’est pas souvent synonyme de bons moments.

Copyright Capelight Pictures OHG

En d’autres termes, si Saint-Maud et The Power misent avant tout sur leur ambiance, Immaculée est bien plus direct dans sa démarche. Poser son cerveau n’est pas très risqué face au scénario sans surprise et parfois assez simpliste que nous propose le film.

On l’avait déjà remarqué avec The Voyeurs, le problème de Mohan n’est pas sa mise en scène, le réalisateur sait créer de belles images. Ce qui fait défaut, ce sont ses histoires. Comme dans son précédent film, on ne peut pas dire que le spectateur soit particulièrement emballé par ce qu’on lui propose. Immaculée se déroule dans un couvent, donc dans un cadre pieux et confiné. Ainsi, il est assez décevant de constater que l’imagerie religieuse est, sinon ratée, du moins peu originale et peu intéressante. Elle se résume simplement à l’utilisation de clichés religieux maintes fois entendus et à quelques plans çà et là pour rappeler que l’action se déroule dans un couvent. Quant à l’environnement confiné, il est regrettable de voir que le réalisateur ne prend jamais le temps de présenter le lieu de l’intrigue. Pourtant, ce couvent semble complexe, avec de nombreux étages et des pièces souterraines. Mais non, bien que l’histoire concerne une jeune femme vivant des expériences étranges dans ce lieu spécial, on ne fait pas de cet endroit une menace et on ne crée pas une atmosphère angoissante. L’”angoisse” vient simplement de jumpscares prévisibles, mais il faut admettre qu’ils ne sont pas tous ratés.

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Immaculée n’est pas non plus un calvaire. Des films d’horreur bien plus ridicules sont sortis récemment. Les acteurs sont convaincants, même si l’on pourrait remarquer que le docteur italien est espagnol (le mec de la maison de papier là) et que pour un couvent en Italie, on n’entend pas souvent l’italien. Ce qui est certain, c’est que Sweeney est convaincante. Elle est d’ailleurs la principale raison pour laquelle le film n’est pas totalement ennuyeux. Même si elle enchaîne les projets de mauvaise qualité, il faut saluer l’énergie qu’elle donne à tous ses personnages (oui oui, même dans Madame Web) et le professionnalisme dont elle fait preuve. L’autre point fort, c’est son climax, qui fonctionne plutôt bien, il faut l’admettre. Ça ne dépasse pas le niveau d’une série B moyenne, mais au moins le réalisateur parvient à créer de l’angoisse à travers sa mise en scène.

Se pose alors la question de l’utilité d’un tel film, qui ne se révèle que dans ses 20 dernières minutes. Le spectateur assiste à un torrent de violence envers les figures religieuses et scientifiques du couvent. Le discours anti pro-life est clair et bien exécuté dans ce dernier quart d’un film qui était inutile pendant une heure. Immaculée est une réelle déception, car le film aurait pu être une vraie petite réussite. On retiendra cette fin, on retiendra les acteurs et quelques plans pas mauvais.

Immaculée de Michael Mohan, 1h29, avec Sydney Sweeney, Álvaro Morte, Simona Tabasco – En salles le 20 mars 2024

5/10
Note de l'équipe
  • Alexeï Paire
    5/10 Mid (comme disent les jeunes)
  • JACK
    5/10 Mid (comme disent les jeunes)
    À défaut de renouveler tant soit peu l'image de la nonne ensanglantée, Immaculée coche les (bonnes) cases du divertissement horrifique jusqu'à son grand final, barjo à souhait, qui voit le film rompre avec le sérieux de sa mise en scène. Par et pour Sydney Sweeney.
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