[CRITIQUE] Hunt – Une course explosive au cœur de la Corée du Sud

Hunt, réalisé par Lee Jung-jae, plonge les spectateurs au cœur d’une Corée du Sud en proie à une tension politique extrême, conséquence directe de l’assassinat du président Park par la CIA coréenne. Alors que l’armée reprend le pouvoir, la Corée du Nord voit dans cette situation une opportunité d’invasion. C’est dans ce contexte explosif qu’un espion nord-coréen est infiltré en territoire sud-coréen, poussant Park Pyeong-Ho (interprété par Lee Jung-jae) et Kim Jung-Do (interprété par Jung Woo-sung), deux hauts responsables de la sécurité sud-coréenne, à être missionnés pour traquer cet agent infiltré. Une course contre la montre haletante commence, révélant au passage de lourds secrets capables de bouleverser l’Histoire du pays.

MADE IN CORÉE

Dans la pure tradition des thrillers d’espionnage, Hunt ne lésine pas sur les moyens pour offrir aux spectateurs des séquences spectaculaires. La violence caractéristique du cinéma coréen est mise en avant de manière percutante et brutale, créant une atmosphère tendue et immersive. Les fusillades sont menées avec une énergie débordante, les scènes de torture sont d’une intensité palpable et les exécutions sommaires soulignent la cruauté des enjeux.

La demi-heure finale du film est un véritable tour de force cinématographique. Elle suscite une attente fébrile et une tension constante, tandis que les scènes d’action se succèdent dans une surenchère captivante. Le réalisateur ne manque pas de surprendre en offrant une destruction à la Roland Emmerich, procurant une satisfaction instantanée et jubilatoire aux amateurs de ce type de spectacle.

Sur le plan formel, Hunt ne déçoit pas. La photographie, confiée à Lee Mo-gae, collaborateur habituel de Kim Jee-woon, offre une esthétique visuelle splendide. Les scènes nocturnes sont particulièrement bien maîtrisées, créant une ambiance sombre et captivante. La mise en scène révèle également plusieurs moments de bravoure, témoignant du talent et de l’habileté de Lee Jung-jae en tant que réalisateur. Les scènes de fusillade en plein rue rappellent inévitablement la mythique séquence de Heat de Michael Mann, soulignant le travail de référence et d’inspiration réalisé par le réalisateur.

COSTARD, CRAVATE..

Les acteurs principaux, Lee Jung-jae et Jung Woo-sung, se révèlent être des choix judicieux pour incarner les personnages centraux du film. Leur présence à l’écran dégage un charisme indéniable, ajoutant une intensité supplémentaire à leurs rôles respectifs. Les scènes partagées entre les deux acteurs dégagent un puissant parfum de testostérone, renforçant l’aspect viril et tendu du récit.

Les phases de dialogue, soutenues par une musique angoissante composée par Cho Young-wuk, maintiennent le spectateur en haleine. Les scènes d’action pures, qui surgissent au milieu des échanges verbaux, captivent l’attention et confirment le potentiel du film dès son introduction. Une tentative d’assassinat contre le Président coréen présentée sur plusieurs fronts constitue un sommet de nervosité esthétique, témoignant de la maîtrise de la tension par le réalisateur.

Hunt s’impose comme un premier film abouti pour Lee Jung-jae en tant que réalisateur. Le spectacle qu’il offre est de haute facture, satisfaisant les attentes des amateurs de thrillers d’espionnage. Les qualités indéniables du métrage laissent présager de belles réalisations futures de la part du réalisateur.

..GRAND COUP D’SAVATE

Malgré ses qualités indéniables, Hunt souffre de quelques défauts. La multitude de twists dans l’intrigue peut parfois semer la confusion, rendant difficile l’identification des personnages et compromettant la clarté narrative. Une plus grande concentration sur les deux protagonistes principaux aurait permis une meilleure compréhension et une intensité dramatique renforcée, à l’instar d’Infernal Affairs.

Le film manque d’un point de vue clair et personnel, élément essentiel pour un réalisateur. Son discours politique reste impersonnel, laissant le spectateur sur sa faim en termes de profondeur et d’engagement. De plus, le rythme du film peut parfois paraître décousu et étiré, alternant entre les fusillades et les longs dialogues, ce qui nuit au dynamisme et à la tension de l’ensemble.

Hunt offre une expérience cinématographique spectaculaire grâce à sa mise en scène violente et ses performances charismatiques. Lee Jung-jae démontre un potentiel prometteur en tant que réalisateur, même si certains aspects, tels que la confusion narrative et l’impersonnalité, pourraient être améliorés. Néanmoins, Hunt captive les amateurs de thrillers d’espionnage avec son action intense et ses séquences visuellement impressionnantes.

Hunt de Jung-jae Lee, 2h11, avec Jung-jae Lee, Woo-Sung Jung, Hye-jin Jeon – En VOD le 7 juin et en DVD/Blu-ray le 14 juin chez The Jokers Films

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