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[CRITIQUE] Guillermo Del Toro’s Pinocchio – Mythologique et poétique

Vous n’en avez pas marre de toutes les adaptations de Pinocchio qui nous sont tombées sur la tête ? Non parce que autant l’original de Walt Disney a pour lui la nostalgie de l’enfance, celui de Steven Barron résume à lui tout seul le concept de vallée de l’étrange, enfin celui de Matteo Garrone illustre la dépression et ne parlons pas de la dernière adaptation remake de Robert Zemeckis, mes collègues se sont assez bien exprimé à son sujet. MAIS ATTENTION ! Cette fois-ci le conte est entre des mains prodigieuses de Guillermo Del Toro qui manie avec brio le genre du conte. Qu’il soit fantastique ou horrifique Del Toro a toujours manipulé à merveille ce genre sensible et compliqué à mettre en images au cinéma. Ah, ça ne sort pas au cinéma ? SUR NETFLIX ? Bon Dieu quel gâchis.

Pinocchio cuvée Del Toro, raconte l’histoire que tout le monde connaît. Celle d’un vieil artisan qui un jour construit un pantin en bois et qui se voit dotée de la vie et d’une conscience en la personne d’un petit criquet. Sauf que cette fois-ci on commence l’histoire bien avant tout ça, pendant les années 30 dans l’Italie fasciste. Gepetto a eu un véritable fils avant Pinocchio : Carlo. Et il était le petit garçon parfait ! Lorsque que celui-ci meurt dans un événement tragique, Gepetto sombre dans une profonde dépression et crée Pinocchio. Sombre n’est-ce pas ? C’est pourtant ainsi que commence cette relecture du mythe.

© Netflix

Pinocchio est un film étrange qui s’adresse aux enfants à partir de 10 ans – pour les thèmes sombre et cru qu’il peut aborder par moments. La transposition de Pinocchio en pleine Italie fasciste vient redonner de l’énergie à cette histoire que nous connaissons pourtant par cœur, au détriment de son accessibilité aux plus petits. Pinocchio est une critique du fascisme, de la manipulation et de l’exploitation des enfants. Un point de vue fort qui rappelle l’excellent Labyrinthe de Pan du même réalisateur. C’est le point fort du film, l’élément de mise en scène le plus intéressant : son contexte.

Le contexte, au-delà de choix esthétique, est d’une pertinence forte qui pousse à la réflexion. Face à ces régimes fascistes qui ont voulu créer des enfants parfaits, où est la perfection ? Guillermo Del Toro nous répond simplement qu’il se trouve dans l’imperfection. Les thèmes du film au-delà d’être rafraîchissant pour une adaptation de Pinocchio, poussent à la réflexion. À notre recherche perpétuelle de la perfection au travers de la transmission générationnel. Mais au fond nous serons tous égaux face à cela car nous mourrons tous.

Ainsi, effectivement, la mort est aussi un thème fascinant de ce film car elle va de pair avec la transmission, nous suivons ces personnages se battre face aux désagréments de la vie, tentant de transmettre leurs valeurs et leurs envies. Et cela se voit avant tout au travers du rival de Pinocchio et de sa relation avec son père qui évolue comme un membre influent du régime italien fasciste.

© Netflix

Tous ces thèmes sont brillamment portés par la mise en scène puisque Del Toro se permet de prendre la formule Disney (à savoir intégrer de la comédie musicale dans ses récits) mais montre aussi beaucoup de second degré et de dérision face à ce genre de schéma qu’il caractérise – avec le personnage du criquet – en le rendant tantôt attachant, tantôt pathétique, tantôt inexistant. Nous sommes là pour assister à l’histoire d’une relation entre un père et son fils, pas seulement l’histoire d’un jeune garçon qui découvre le monde en essayant d’être bon.

La force principale de cette adaptation est son auteur. Guillermo Del Toro embrasse la mythologie de Pinocchio et y impose son univers. Parfois sombre, parfois touchant et drôle, mais existant. Pinocchio est une adaptation intelligente et personnelle du conte qui, au-delà d’être pertinente, est rafraîchissante brillante et pleine de valeurs qui méritent d’être partagées. Le maître a encore frappé, à ne pas louper.

Note : 4 sur 5.

Pinocchio sur Netflix le 9 décembre 2022

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