Rechercher

[CRITIQUE] Gueules noires – six pieds sous terre

Après ses deux précédents longs-métrages, Hostile et Méandre sorti en 2021, le réalisateur français Mathieu Turi revient nous proposer un nouveau film de genre, Gueules Noires, nous racontant l’histoire, dans les années 50, d’un groupe de mineurs chargés d’accompagner un professeur venu faire des prélèvements au fin fond d’une mine de charbon. Cependant, ils se retrouvent coincés à cause d’un éboulement, et dans leur recherche d’une porte de sortie, ils découvriront une étrange crypte, abritant une créature mystique depuis des siècles.

Dans Méandre, le cinéaste confinait son héroïne dans un tube de métal, dans lequel elle devait avancer et éviter des pièges mortels. Ici, il plonge son groupe de protagonistes dans les tunnels sombres d’une mine de charbon. En prenant connaissance du postulat de Gueules Noires, on pense immédiatement à un film d’horreur anglais ayant connu un succès important : The Descent de Neil Marshall. Bien entendu, les deux œuvres se démarquent suffisamment par leurs différences, mais le concept reste similaire : coincer un groupe de personnages dans des galeries souterraines et les mettre face à une menace monstrueuse.

Le long-métrage pose ses bases de manière assez fluide et efficace jusqu’à la fameuse expédition souterraine, puis déploie une atmosphère mystérieuse autour du véritable objectif du professeur. Sans trop en dévoiler sur la nature du monstre enfermé dans la crypte, que les mineurs vont évidemment réveiller, son design est assez original et réussi, ainsi que la manière de le filmer dans l’obscurité qui fonctionne plutôt bien en termes d’imagerie horrifique. Son apparition amène également son lot de scènes gores, une bonne dose de tripailles et d’hémoglobine toujours bienvenues dans un film d’horreur.

Copyright 2023 – Full Time Studios et Marcel Films

Au casting on retrouve le très convaincant Samuel Le Bihan (Le Pacte des Loups), un Jean-Hugues Anglade très investi (peut-être un peu trop vu son cabotinage dans une scène clé), un malheureusement très mauvais Thomas Solivérès qui ne semble pas du tout en phase avec le ton de son rôle, ainsi qu’Amir El Kacem, solide dans son rôle de mineur novice immigré. Le film de Mathieu Turi n’évite pas quelques tares habituelles du genre, comme des incohérences et facilités grossières, à l’image du professeur qui oublie que l’arabe se lit de droite à gauche alors qu’il a l’habitude d’étudier des textes… 

Cela ne gâche pas totalement l’expérience car le cinéaste démontre qu’il a des idées visuelles tout à fait intéressantes, même si l’aspect claustrophobique du décor aurait pu être nettement plus angoissant. Gueules Noires n’est donc pas exempt de défauts et ne fera probablement pas date dans l’histoire du cinéma d’horreur français, mais c’est une proposition correctement mise en scène, qui remplit son contrat de petite série B horrifique divertissante.

Gueules noires de Mathieu Turi, 1h43, avec Samuel Le Bihan, Amir El Kacem, Jean-Hugues Anglade – Au cinéma le 15 novembre 2023