L’art du cinéma est souvent le reflet de la vie intérieure du réalisateur, et Hong Sang-soo ne fait pas exception à cette règle. Avec De nos jours…, il transcende les frontières entre réalité et fiction, et se livre à une mise en scène de soi plus directe. En plongeant dans l’autobiographie, Hong Sang-soo érige une véritable chronique apaisée du quotidien, à la fois empreinte d’autodérision et d’introspection profonde. À travers les personnages de Sangwon et du vieux poète Hong, le réalisateur sud-coréen explore la quête de vérité personnelle, le doute artistique et la simplicité de l’existence. Cette nouvelle direction artistique soulève la question de savoir si Hong Sang-soo saura se renouveler et nous surprendre à nouveau.
LA QUÊTE DE VÉRITÉ PERSONNELLE À TRAVERS L’ART
Dans De nos jours…, Hong Sang-soo place la quête de vérité personnelle au cœur de son récit. Sangwon, une actrice reconvertie en étudiante en architecture, se retrouve confrontée à son propre doute existentiel après une rencontre déterminante avec le vieux poète Hong. Cette confrontation ébranle ses certitudes sur son identité d’artiste et la pousse à repenser sa relation avec l’art de jouer. Les parallèles entre les deux personnages reflètent le cheminement intérieur du réalisateur lui-même, qui explore l’idée que jouer au cinéma n’est pas simplement une imitation ou une mise en scène, mais plutôt une révélation de soi, une mise à nu.
Dans une scène émouvante, Sangwon expose cette vision de l’art de jouer à sa jeune cousine aspirante actrice. Elle lui explique que l’acteur ne doit pas se cacher derrière un masque, mais plutôt se montrer tel qu’il est, avec honnêteté et vulnérabilité. Cette vérité personnelle transcende la frontière entre le réel et la fiction, amenant les personnages à se confondre avec leur rôle, à vivre l’instant présent avec sincérité. Le cinéaste, à travers ces dialogues, suggère que la véritable essence de l’art réside dans la révélation de soi, dans l’exploration des recoins les plus intimes de l’âme.
L’AUTODÉRISION ET LA SIMPLICITÉ DE L’EXISTENCE
De nos jours.. se démarque également par son ton empreint d’autodérision, où Hong Sang-soo semble prendre plaisir à semer derrière lui aphorismes heureux et épiphanies ordinaires. Le cinéaste et Kim Min-hee, son actrice fétiche et compagne, forment un couple à la ville comme à l’écran. Ils se livrent à des conversations légères et teintées d’humour, tout en explorant les petits plaisirs du quotidien. Cette approche désinvolte est une invitation à ne pas se prendre trop au sérieux, à trouver la beauté dans la simplicité de l’existence.
Le film capture des moments du quotidien, comme le retour d’un chat égaré à la maison, ou une possible rencontre amoureuse qui prend des allures de passation. Ces instants fugaces prennent une dimension poétique, incitant le spectateur à apprécier les joies et les mystères de la vie quotidienne. Dans une scène touchante, la propriétaire du chat perdu s’effondre en larmes, tandis que Sangwon essaie de la réconforter. Cette juxtaposition de moments d’émotion intense et de banalités quotidiennes témoigne de la capacité de Hong Sang-soo à saisir la complexité de la vie humaine, avec toutes ses nuances et ses contradictions.
Hong Sang-soo explore une nouvelle dimension de son cinéma, en se tournant vers l’autobiographie et en exprimant ses réflexions intérieures à travers ses personnages. La quête de vérité personnelle, l’autodérision et la simplicité de l’existence sont autant de thèmes qui émergent de ce film introspectif. Alors que le réalisateur embrasse pleinement cette mise en scène de soi, la question demeure de savoir s’il parviendra à se renouveler à l’avenir. Néanmoins, en tant que cinéaste talentueux et profondément humain, il est probable que Hong Sang-soo continuera à nous surprendre par sa capacité à capturer l’essence même de la vie à travers l’objectif de sa caméra.
De nos jours.. de Hong Sang-Soo, 1h24, avec Ki Joo-bong, Kim Min-Hee, Song Seon-mi – Au cinéma le 19 juillet 2023.