[CRITIQUE] Ainbo, princesse d’Amazonie – Une fable manquant d’originalité…

Il est douloureux de constater au visionnage d’Ainbo, princesse d’Amazonie, toute l’ambition du projet entamé par Jose Zelada et Richard Claus, gâchée jusqu’à la toute fin. Le récit semble des plus conventionnels, la jeune Ainbo aspire à devenir la meilleure chasseuse de la forêt amazonienne de Candamo, alors que les mauvais esprits commencent à se réveiller dans les plus sombres recoins de la jungle.

L’intérêt pouvait être présent, puisqu’il s’agissait d’évoquer en filigrane la déforestation (à rappeler les projets d’un Jair Bolsonaro), et la nécessité de protéger la faune et la flore, contre la machinisation et l’industrialisation progressive. Malheureusement, Ainbo ne parvient pas à susciter une quelconque émotion, et cela malgré son message écologique intéressant : tout simplement, parce que le scénario est prévisible, générique et déjà vu. Tous les ressorts scénaristiques sont attendus, de la trahison amicale au retournement de situation concernant l’identité de l’antagoniste, et jamais les deux réalisateurs ne tentent de sortir des sentiers battus. Comment ne pas penser au Roi Lion à la vision de ce duo comique accompagnant la jeune héroïne, leur corpulence et taille presque identique à Timon et Pumbaa.

Sur la dernière décennie, on le sait, la notion de femme forte est véhiculée dans de nombreux films d’animation, ce qui n’est absolument pas une mauvaise chose, bien au contraire. Mais Ainbo ne propose rien de neuf, en comparaison des derniers Disney en date à titre d’exemple, Vaiana mais encore Raya plus récemment. Le character design du personnage semble être un ersatz de ces productions Disney, malgré qu’il soit correct, alors que d’autres sont beaucoup moins travaillés (on pensera notamment aux singes, à certains esprits de la jungle). Heureusement, il y a quelques belles scènes dans ce long-métrage, visuellement jolies et rapprochant les personnages principaux de manière tout à fait satisfaisante. Les scènes de retrouvailles, par exemple, sont bien amenées et sympathiques, sans non plus être transcendantes. La poursuite au sein de la jungle est très dynamique, la menace des esprits maléfiques restant assez bien retranscrite. Malheureusement, cela n’est pas suffisant pour proposer un film d’animation intelligent et captivant, ce que l’on pouvait espérer à raison du message véhiculé. La possession des personnages rappelle ce que l’on avait pu apercevoir dans les Indestructibles 2, mais ne fonctionne jamais véritablement, la faute à un désintérêt pour ces personnages, pas suffisamment bien écrits et inconsistants.

Ainbo, princesse d’Amazonie n’est pas vraiment à conseiller, puisqu’il rejoint le nombre incalculable de films d’animation au propos écologique intéressant, sans que le reste puisse suivre. Ainsi, il parait difficilement plausible que le jeune public y soit particulièrement sensible, il n’en ressortira pas grandi de toute manière. Ce n’est pas non plus une catastrophe totale, le film n’est pas toujours laid visuellement et se laisse regarder sans déplaisir, accompagné d’une belle composition musicale. Il ne s’agit simplement que d’un petit film, au propos mal exploité. On ne saurait que recommander à nouveau pour les plus intéressés, le Princesse Mononoké de Miyazaki, représentant avec justesse toute la beauté d’un environnement bestial et floral, véritable film-monde où la menace règne de toutes parts.

Ainbo, princesse d’Amazonie au cinéma le 14 juillet 2021.

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