[CRITIQUE] 3 jours max – Le plus mauvais de la bande

Tarek Boudali, maître de l’humour douteux et roi autoproclamé du pathétique, s’acharne à étendre son règne de médiocrité avec 3 jours max. Une fois de plus, ce maestro de l’absurde s’octroie les rôles de réalisateur et de scénariste pour cette nouvelle farce désolante. Le tristement célèbre Rayane, ce pauvre policier involontairement héroïque de 30 jours max, est propulsé dans un imbroglio rocambolesque digne d’une parodie mal digérée de Mission : Impossible. Entre les horizons peu enchanteurs de Paris, Abou Dabi et Cancún, l’abîme de la bêtise boudalienne s’étend sur trois jours de torture pour sauver sa famille d’un cartel mexicain.

L’HUMOUR EN AGONIE CRÉATIVE

Le cœur de ce 3 jours max réside incontestablement dans son soi-disant humour. D’un côté, le public commence à se familiariser avec l’humour crasseux caractéristique de la bande à Fifi, et de l’autre, le réalisateur Tarak Boudali n’affiche aucune ambition pour sublimer ses pitreries. L’apogée de chaque blague est discernable dès le premier plan, engendrant un rire anticipatoire dénué de toute surprise. On est en droit de se demander : Tarek, quelle est cette mystérieuse parodie que tu souhaites accomplir ? La bande-annonce et l’affiche promettent une révérence à la saga Mission : Impossible. En théorie, cette idée n’est pas déplorable, car elle pourrait insuffler une comédie d’action française, portée par une ambition cinématographique authentique, s’inspirant d’un genre trop souvent négligé dans l’Hexagone. Cependant, ce film est comme un équilibriste maladroit vacillant dans toutes les directions possibles. De Mission : Impossible à Indiana Jones, des super-héros Marvel et DC Comics au désastreux Very Bad Trip, ce mélange confus d’influences rend l’exercice de la parodie futile, transformant 3 jours max en une mascarade comparable aux calamités signées Jason Friedberg et Aaron Seltzer.

L’ESCALADE BURLESQUE

Au cœur de cette abomination cinématographique, une scène se dresse comme une étude de cas de tout ce qui ne fonctionne pas dans ce long-métrage. Une tentative désespérée d’escalade du Burj Khalifa, ce géant des gratte-ciels, devrait être une séquence exaltante et humoristique, empruntant les codes de Mission : Impossible – Protocole Fantôme et les interprétant à la manière tordue de Tarek Boudali. Mais l’horizon de rire est terni par l’incompétence du réalisateur et le vide abyssal de sa créativité. Tout d’abord, il est essentiel de reconnaître que nous sommes dans le territoire boudalien, où chaque lueur de promesse se transforme invariablement en un pétard mouillé. C’est donc avec une certitude déprimante que nous nous attendons à ce que l’ascension rime avec dégringolade, la blague s’imposant comme la chute naturelle de toute entreprise héroïque. L’élément de surprise, ce pilier fondamental de la comédie, est balayé par la prévisibilité inhérente à la filmographie de Boudali.

Mais c’est peut-être l’insulte suprême que réside dans l’image initiale de l’enfant s’amusant avec un jouet d’homme collant extensible. Le jouet, symbole de l’humour potache et absurde qui caractérise les films de Boudali, tombe et se colle inextricablement à la vitre, incarnant une farce grotesque. Cette étrange séquence préfigure le sort de Rayane, prédestiné à subir la même mésaventure. Dans un acte de paresse créative, Boudali dévoile la chute à venir, annihilant tout suspense ou même une once de rire potentiel. La séquence d’escalade, au lieu d’offrir une réinterprétation humoristique des codes de Mission : Impossible, s’effondre sous le poids de son absurdité. L’effet de la chute anticipée se matérialise, mais au lieu de susciter le rire, elle provoque un soupir de consternation. Le ridicule de voir Rayane se coller maladroitement à la vitre du gratte-ciel est à l’image du film lui-même : grotesque, maladroit et dépourvu de toute vraie créativité comique. La scène, censée être un moment phare, se révèle être une représentation pitoyable d’un comique égaré.

En fin de compte, cette scène encapsule parfaitement les défauts de 3 jours max : un manque de sens du timing comique, une absence d’originalité et une tendance à sacrifier le potentiel de rire pour le confort de la prévisibilité. Là où un talentueux réalisateur aurait su jouer avec les attentes et offrir une pirouette hilarante, Boudali ne parvient qu’à démontrer son incapacité à transcender la médiocrité qui caractérise son œuvre.

DES “PERSONNAGES”

L’écriture de Tarek Boudali, trouve sa quintessence dans la galerie de personnages qui peuplent ce défilé de nullités. Il s’avère être un maître dans l’art d’assembler un film de 90 minutes où chaque protagoniste est réduit à une seule caractéristique caricaturale. L’exemple en est édifiant, et l’énumération suivante est loin d’être exhaustive :

  • Tarek Boudali (Rayane) : Un simple d’esprit inchangé par rapport à son incarnation antérieure dans 30 jours max. Aucune lueur d’évolution.
  • Philippe Lacheau (Tony) : Un sosie de David Guetta. Il n’est rien d’autre.
  • Julien Arruti (Pierre) : La réduction même du nom, “Julien Abruti”, résume tout.
  • José Garcia (Le Rat) : Un cas complexe, car l’acteur apportait une des rares lueurs dans 30 jours max. Ici, son personnage prend un virage absurde, se transformant en mafieux psychopathe à la française, évoquant Francis Lalanne dans une mauvaise imitation physique.
  • Marie-Anne Chazel et Reem Kherici : Deux femmes, ou dans le dialecte boudalien, deux “connes” interchangeables.
  • Chantal Ladesou : Une présence inutile, à part exprimer un désir de tuer son mari pour un héritage imaginaire. Car pour Boudali, toutes les femmes sont des “connasses”.
  • Elodie Fontan : Elle aussi ne sert à rien, une pâle réplique de Kristanna Loken dans Terminator 3, du cuir rouge à la gestuelle robotique. Cependant, la question s’impose : pourquoi ? Qui identifiera cette référence, et pourquoi diable faudrait-il se remémorer Terminator 3 ? (On peut légitimement soupçonner que cette référence, dans un océan de vulgarité, sert à rappeler la beauté de la femme de Lacheau et à insérer une scène de gonflage mammaire, une redite pourtant étonnamment absente).
MERCI D’ARRÊTER

L’exclusion intentionnelle du personnage de Vanessa Guide, qui paraît ici plus substantielle et pertinente que dans 30 jours max, se justifie. Elle incarne la caution de “la femme forte” dans le film et est l’unique voix critiquant les saillies sexistes de ses collègues, une habitude bien ancrée dans la filmographie de Tarek Boudali. Car après le tristement célèbre Épouse-moi mon pote, un film bancal et empreint d’homophobie, et le déplorable 30 jours max, où Philippe Lacheau se fait greffer des seins dans une blague à connotation transphobe, 3 jours max présente une nouvelle extravagance : Philippe Lacheau et Julien Arruti revêtent des habits féminins. Pas simplement déguisés, ils se métamorphosent littéralement en femmes. Cette pente savonneuse, aux côtés des stéréotypes et des propos misogynes, expose Boudali et sa bande pour ce qu’ils sont : des artisans du rire de bas étage.

Notons tout de même la présence de Franck Gastambide dans un rôle aussi bide que référentiel, s’adressant mollement à Dominik Toretto de Fast & Furious. Et que dire de la perpétuelle surprise qu’est la présence de Rosy de Palma.

3 jours max se distingue comme l’exemple parfait d’une comédie ratée sous toutes ses facettes. Chaque blague dévoile son jeu dès son introduction, se révélant terne dans son exécution et souffrant d’une mise en scène académique, à l’exception d’une rare scène d’action au cœur du film qui, telle une éclaircie dans le ciel, rappelle brièvement les séquences de Super-héros malgré lui. Cependant, ce long-métrage n’est pas qu’une compilation d’échecs humoristiques. Il transmet également des messages dérangeants

La bande à Fifi, à son apogée lorsque Philippe Lacheau se place derrière la caméra, illustre que le talent réside principalement en lui. Des films comme Alibi.com 2 ou Nicky Larson : Le Parfum de Cupidon, pas exempts de défauts mais porteurs d’une ambition croissante, parviennent à faire rire grâce à la vision de Lacheau, un geek que l’on affectionne malgré son côté vulgaire. 3 jours max révèle, au contraire, que Tarek Boudali est plus proche du charlatan que du réalisateur compétent. Laissons ce film s’enfoncer dans l’oubli, où il pourra reposer aux côtés des débris de sa propre médiocrité.

3 jours max de Tarek Boudali, 1h30, avec Tarek Boudali, Philippe Lacheau, Julien Arruti – Au cinéma le 25 octobre 2023.

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Un commentaire

  1. Christel Reply

    Je suis d’accord que ce n’est pas le film de l’année. Il a beaucoup de défauts mais votre critique est inadmissible. Vous ne faites que critiquer ce film d’un bout à l’autre, comme si une certaine jalousie vous habitait. Moi j’admire le courage de Mr Boudali TarEk car en plus d’émettre votre critique vous n’avez même pas écrit juste son prénom. Faites de même avant d’avoir un avis aussi tranché. Facile de critiquer derrière votre clavier mais ayez seulement 1% du courage pour vous lancez dans un tel projet. C’est à cause de personne comme vous que le monde n’avance pas. Vous n’aimez pas? Soit. Mais le respect du travail accomplis, il le mérite. ABE

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