Plagiat, hommage, contrefaçon, référence… Entre ces mots, un flou qui arrange bien Rebel Moon. À la base, il s’agissait d’adapter Les Sept Samouraïs à la sauce Star Wars. Zack Snyder n’y est parvenu qu’à moitié, puisque sans l’aval de Lucasfilm officiellement. Ce n’est pas faute d’avoir fait du pied à ses dirigeants. Il n’est donc fait nulle mention d’un Empire galactique, de Jedi ou de sabres laser dans cette histoire de paysans rackettés par des vilains de l’espace, mais cette dernière réunit quand même un système totalitaire terrorisant l’univers, des super-guerriers venus de planètes (très) lointaines et des épées lumineuses. Le metteur en scène pensait visiblement pouvoir dompter ces accointances avec sa réalisation bourrine, dopée aux ralentis et autres effets de style, mais les spectres de Blade Runner, Conan le Barbare, Mad Max, Warhammer et La Guerre des étoiles, donc, sont tenaces. La chose est un petit peu moins embarrassante dans cette seconde partie. Rebel Moon 2 n’en a pas fini avec les clins d’œil balourds, ni avec les flashbacks tire-larmes et les lamentations de ses héros torturés, toujours aux bords des larmes, mais le blockbuster réduit considérablement son périmètre – la lune mentionnée par le titre, et c’est tout – pour gagner en vélocité et calmer la course à l’imitation.
Moins encombré de micro-péripéties, l’opus consacre une heure pleine à la bagarre annoncée par le précédent, celle dont dépend le destin de ces agriculteurs de la galaxie et qui, pour le moment, se doit de boucler le gros des enjeux. Autour, pas grand-chose à se mettre sous la dent pour les aficionados de science-fiction, mais cela vaut mieux : lorsque Snyder improvise, il donne dans la contemplation du corps suintant et le discours viriliste qui va de pair. Le voir réfréner ses pulsions fétichistes, au moins sur au début, donne au spectateur le temps de respirer suffisamment fort pour soutenir la suite du spectacle, marqué par les tirs de plasma, les saynètes iconiques, les grimaces du grand méchant nazi et les fonds verts (très) voyants. Cependant, si le cocktail est cette fois-ci plus digeste, il valide également les craintes de voir le réalisateur s’enfermer dans ses pires travers. Son précédent Army of the Dead, aussi produit par l’ogre Netflix (ravi de récolter une énième arme de souscription massive), apparaît désormais moins comme une récréation méritée (après le cirque Justice League) que comme l’annonce d’un virage dans la carrière du cinéaste, plus préoccupé par ses ambitions de méga-franchise que par celles de préserver les qualités de son cinéma d’avant le streaming, lorsqu’il filmait les actions de ses protagonistes comme des tableaux antiques. Rebel Moon : Partie 2 – L’Entailleuse, avec sa pellicule marronnasse, en est à mille lieues.
Rebel Moon : Partie 2 – L’Entailleuse de Zack Snyder, 2h02, avec Sofia Boutella, Djimon Hounsou, Ed Skrein – Sur Netflix le 19 avril 2024.
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JACK5/10 Mid (comme disent les jeunes)